La mairie de Nice vient de fermer un centre pour toxicomanes après des plaintes de riverains.
Le maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a annoncé ce jeudi la fermeture prochaine d'un des deux Centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (Caarud) de la ville, après des plaintes de riverains contre les nuisances engendrées par les toxicomanes.
Pour justifier cette fermeture, prévue en septembre, l'élu argue aussi de "locaux inadaptés et devenus trop étroits au vu du nombre de bénéficiaires qui viennent majoritairement d'autres villes du département et ne cesse d'augmenter depuis 15 ans".
Géré par l'association Entractes, le site en centre-ville reçoit depuis 1998 entre 80 et 120 toxicomanes par jour et emploie une douzaine de salariés.
Le maire assure, sans fournir de date, qu'un centre plus grand sera bientôt ouvert pour le remplacer et qu'il intégrera à la fois le Caarud Entractes et le Caarud SOS PSA (Prévention et soin des addictions), actuellement hébergé près du port.
Contacté par l'AFP, le Caarud Entractes n'a pas souhaité réagir "avant d'avoir rencontré la mairie pour en discuter".
"Depuis plusieurs jours, a expliqué Christian Estrosi dans un communiqué, je suis alerté par des riverains (...) sur les nombreuses nuisances engendrées par des comportements de toxicomanes qui se rendraient dans les locaux des associations Entractes et SOS PSA, qui ont pour objectif de leur apporter une aide." Selon la mairie, il s'agit d'attroupements de toxicomanes après la fermeture, de squats d'immeubles, d'abandon de seringues usagées...
"Je refuse que les riverains continuent à subir les nuisances générées actuellement en termes de salubrité et de sécurité publiques", poursuit le maire.
Considérant que "la situation du local du port de Nice n'est pas non plus satisfaisante", il a demandé à ses services "d'envisager l'endroit qui n'occasionnerait aucune nuisance pour les riverains afin de proposer la création d'un site unique pour les deux associations et adapté à l'accompagnement de ces populations".
Remarquant que Nice est la seule ville du département à offrir des structures d'accueil, le député des Alpes-Maritimes a par ailleurs demandé à l'Agence régionale de santé "de bien vouloir envisager l'ouverture d'une seconde structure d'accueil dans une autre ville du département".
"Ces centres n'ont pas leur place en milieu urbain", a renchéri le président du Conseil général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, en déplorant dans un communiqué "des nuisances et troubles insupportables et inacceptables induits par l'activité des centres d'accueil (...) et du climat d'insécurité qu'ils génèrent."
Le député UMP préconise leur installation "en milieu hospitalier". Pour les toxicomanes, cette annonce vient s'ajouter à celle de la fermeture, tout l'été, du centre d'addictologie Sainte-Marie, faute de personnel suffisant.
Réaction Patrick Allemand, conseiller municipal PS
Dans un communiqué, le conseiller municipal, président du Groupe Changer d'ère, se dit opposé à cette fermeture. Selon lui, "c’est grâce à la mise en place de la Réduction Des Risques (RDR) liés à l’usage de drogue que l’on a pu limiter l’épidémie de SIDA au milieu des années 90."
L'élu, redit que "la politique de RDR menée - dans laquelle on retrouve la mise en place des accueils bas seuil, « boutiques », qui s’appellent maintenant des CAARUD avec échanges de seringues - a permis de changer considérablement la situation à Nice".
Selon lui "les usagers de drogue ne représentent plus que 1 à 2 % des nouvelles contaminations dans les Alpes-Maritimes. C’est la plus grande réussite de la prévention. (..) Actuellement le CAARUD d’Entractes reçoit 80 à 90 usagers par jour. Le fermer pour des problèmes de voisinage en imaginant qu’on va les résoudre serait une stupidité et grave du point de vue de la Santé publique. "