La tique aux pattes rayées : une dangereuse petite bête surveillée de près par les chercheurs

Il y a un an exactement, nous vous parlions de la tique Hyalomma marginatum, une espèce potentiellement dangereuse pour l'homme. Les chercheurs la traquent, ils sont basés à Montpellier. Ils inventorient la bête qui se nourrie de sang et surveillent son épanouissement en Paca.

Elle ressemble à un raisin sec avec des pattes, suce le sang pendant un repas long d'une semaine et peut transmettre une maladie. La tique Hyalomma marginatum est surveillée de près par des scientifiques.

Elle ne transmet pas la maladie de Lyme mais peut transporter un virus au nom peu engageant : le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Des vétérinaires devenus chercheurs établissent un inventaire de sa présence sur le territoire.

"On pourrait s'appeler des tiquologues, mais ça n'existe pas. La tique est présente dans le sud. Surtout vers Perpignan et Montpellier mais également en Paca", décrit Frédéric Stachurski, du Cirad-Inrae, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, couplé à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.   

Inventaire des tiques

Les chercheurs visitent surtout les structures équestres, celles où les chevaux vivent dans les pâturages. Frédéric Stachurski décrit les méthodes de recherche de tique "Les chevaux sont souvent infestés de tiques. En mai et juin, la période est active. Cette méthode permet de surveiller la présence de la tique sur un territoire".  

La tique peut également piquer des vaches, des lapins, des oiseaux marins, des cerfs et... des êtres humains "car pour elle, nous sommes le même animal", nous rappelle Frédéric Stachurski. 

Pas tout à fait car elle ne rend pas les animaux malades alors qu'elle pourrait nous tuer. Des témoignages de personnes piquées arrivent aussi dans ce centre de recherches, avec des photos.

Voici les lieux où vous aurez le plus de risque de faire une mauvaise rencontre avec Hyalomma marginatum, selon le Cirad. 

• Elle est présente dans le Var, notamment autour du massif des Maures. Deux signalements ont été faits dans l'Esterel en 2020, mais cela ne suffit pas pour être certain qu'une population y est installée, il est possible que quelques nymphes (le stade entre la larve et l'adulte) aient été amenées par des oiseaux.
• Deux signalements sont à noter dans la même zone : le Cannet-des-Maures et La Croix-Valmer.
• Une autre population est installée plus au nord-est du Var, vers Fayence.
• Dans les Alpes-Maritimes, les chercheurs n'ont toujours aucune preuve de sa présence. Il y a parfois eu des chevaux infestés observés, mais ils avaient sans doute été parasités lors d'une balade dans le Var, on ne sait pas si la tique a ensuite pu se maintenir.
• Dans les Bouches-du-Rhône, la situation n'est pas très claire. Les "tiquologues" ont trouvé plusieurs fois des individus isolés dans des élevages de Camargue, dans la réserve du Vigueirat ou autour de l'étang de Berre. Mais jamais en nombre suffisant pour les convaincre qu'une population viable était présente. La zone la plus favorable serait sans doute les Alpilles, mais aucun élevage infesté n'a été repéré.
• Aucune mention de sa présence dans le Vaucluse et les Alpes de Haute-Provence.
• En Ardèche, autour de Perpignan et Montpellier, des zones sont très infectées. 

Elle existe depuis des millions d'années, se promenait sur Terre bien avant nous et a été repérée en Corse il y a 80 ans. Sa présence en France continentale est datée de 2015 ou 2016.

L'Espagne est très touchée par ce virus. Les victimes de la tique restent cependant peu nombreuses avec 10 cas recensés en Espagne entre 2016 et 2021. Dont un mort en 2016. En Turquie, plusieurs dizaines de morts sont comptés chaque année.

Huit pattes et un gros appétit 

Elle ne saute pas, ne vole pas, est équipée de 8 pattes et d'aucune antenne. La tique est donc un arachnide, comme l'araignée, et non un insecte. Elle est facile à repérer avec ses pattes rayées. Rayées peut-être mais destinées à de courts trajets. La tique se déplace surtout avec ses « hôtes ».

Elle se déplace aussi en couple. La femelle pique un animal et pompe du sang pendant une semaine. Son poids passe de 30 milligrammes à 1 gramme, voire 1,5 gramme. Sa taille passe de 6 millimètres à 2 centimètres. Un festin ! Pendant ce temps, le mâle déguste un peu de sang.

Quand la femelle a terminé son repas, elle se déplace très difficilement, sur 1 à 3 mètres, pour aller pondre ses œufs.

Petite mais costaude 

Certains la surnomment "géante" mais c'est bien exagéré. Elle fait entre 5 et 7 mm. En cas de piqûre, Frédéric Stachurski conseille d'enlever la bestiole, de la tuer et d'aller se promener avec chez le médecin généraliste.

Sinon... Vous risquez de faire un malaise, ressentir de la fièvre, des maux de tête, suivis de symptômes gastro-intestinaux. Dans les cas sévères, vous pouvez faire une hémorragie et une défaillance multi viscérale.

La tique aussi a vécu des périodes de confinement Covid. Dans l'incapacité de sortir pour l'observer, les chercheurs n'ont pas pu l’étudier aussi bien que les années précédentes.