Des manifestations à Marseille et Nice après l'attentat terroriste de Conflans : "c'est l'horreur absolue"

Les syndicats réagissent après l'attaque terroriste survenue vendredi après-midi à Conflans. Dimanche, des rassemblements sont prévus à Aix-en-Provence, Martigues et Marseilleà 15h00, à Nice, à 13h place Masséna, à Antibes à 15h30, place de Gaulle et à Cagnes-sur-Mer à 15h00.

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L'émotion est grande dans la communauté enseignante. Et cette onde de choc dépasse largement les professeurs. Deux jours après l'assassinat de Samuel Paty, les citoyens se mobilisent. Ce dimanche, des rassemblements son prévus sur la Côte d'Azur : place Masséna à 13h00 à Nice, place de Gaulle à Antibes à 15h30. A Cagnes-sur-Mer, la mairie a informé qu'il y aurait à 15h00 une minute de silence. A chaque fois, le port du masque est obligatoire. 

Au lendemain de l'attaque terroriste survenue en région parisienne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), les syndicats enseignants ont été reçus par le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer ce samedi matin à 9h00. "Je serai, et notre pays sera à vos côtés pour vous protéger, vous permettre de faire votre métier qui est le métier le plus essentiel, transmettre à nos enfants les savoirs et les valeurs qui sont notre bien commun", a-t-il déclaré. 

 

Rassemblement silencieux à Nice

Spontanément, des manifestations ont eu lieu dès ce samedi à Nice place Garibaldi. Plusieurs centaines de personnes ont participé à un rassemblement silencieux : des  professeurs, des proviseurs et des citoyens se sont dirigés en cortège jusqu'au lycée Masséna. Cette manifestation improvisée, décidée le samedi matin, a été encadrée par la police. Les responsables du rassemblement appellent à d’autres rassemblements à la rentrée scolaire.

L'Elysée a annoncé qu'un "hommage national" serait rendu à l'enseignant assassiné, Samuel Paty, mercredi prochain. Cet hommage est organisé en coordination avec la famille.

 

"Nous devons enseigner la liberté d’expression"

Invitée du 12/13, Fabienne Langoureau, responsable du SNES-FSU explique : "Que ce soit dans le cadre d'un cours d'enseignement moral et civique (le cours pendant lequel les caricatures ont été montrées), le sport, les lettres... nous devons enseigner la liberté d’expression. Et la caricature s’y prête. Evidemment les traits sont grossis, ça peut déclencher le débat. (…) L’enseignant doit transmettre des savoirs et les valeurs de la République : liberté, égalité, fraternité et laïcité. Nous devons parler avec les parents, nous devons communiquer, débattre. Il faut rappeler que le blasphème est autorisé en France et expliquer pourquoi."

Enseigner les valeurs de la République 

Sur son site, la CGT Educ'action 06 réagit : "nous sommes envahi-es par un profond sentiment d’horreur et de sideration. La CGT Educ’action tient à exprimer son plus profond soutien à la famille et aux proches de la victime, mais aussi à l’ensemble de ses collègues, de la communauté éducative et des élèves."

Contacté, Armel Briend, de la CGT éducation du 06 participera à ce rassemblement décidé le matin même : « Nous on se rassemble dans l’idée qu’on ne peut pas risquer sa vie dans le cadre de ses fonctions. On constate qu’un collègue s’est fait assassiner pour des raisons barbares. » Ce professeur d’arts plastiques, tient à préciser en quoi consiste le travail de l’enseignant et ses limites : « en tant qu’enseignant, on dispense des savoirs, on ne transmet pas la liberté d’expression. On l’enseigne, on ne la pratique pas. On doit suivre des programmes, on ne peut pas dire tout et n’importe quoi. On est tenus d’enseigner les valeurs de la République ».
 

"C’est l’horreur absolue"

Contacté par France 3 Côte d'Azur, Camille Kleinpeter, responsable CFDT Education 06, réagit : "C’est l’horreur absolue…  Je viens de regarder la vidéo du ministre. Il nous soutient. Il faut une union nationale et syndicale contre tous les extrémismes et défendre la liberté d’expression. Là on est sur du fanatisme religieux. Mais on peut faire face à d’autres fanatismes, d’extrême-droite ou autre." Professeur de SVT au collège de l’Escarène, il ajoute :

Dans nos cours, on a le principe de laïcité, on n’est pas là pour faire l’apologie de telle ou telle chose. Aujourd’hui, on est tous sur la même longueur d’ondes. On verra ce qui est proposé par le ministère pour la reprise. Il est indispensable que l’on échange avec les élèves à la rentrée.

Camille Kleinpeter, responsable CFDT Education 06

Sur l'aspect sécurité, Camille Kleinpeter est confiant car beaucoup de choses ont déjà été mises en place dans les Alpes-Maritimes : caméras de vidéosurveillance, cours de récréation occultées, brigades de médiateurs, plan Vigipirate renforcé, exercices attentat… Il précise : "il faut juste avoir en tête que ça n’arrive pas qu’aux autres et pas qu’ailleurs."
 

Dans les Bouches-du-Rhône


"Consternés", "en colère", "sous le choc", les enseignants des Bouches-du-Rhône appellent à se rassembler dès ce samedi à 15 heures place de la République à Arles. Dimanche à 15 heures, plusieurs rassemblements sont prévus : sous l'ombrière du Vieux-Port à Marseille, place de la mairie à Aix-en-Provence, devant la mairie à Avignon et Martigues, devant la cité scolaire à Apt.

"Nous appelons l'ensemble de la population à se rassembler, explique Virginie Akliouat, secrétaire générale du SNUiPP-FSU 13, ce n'est pas un homme qui a été tué c'est tout ce que l'éducation peut représenter et ça, ça concerne la totalité de la population."

Enseignante en primaire, elle avait discuté avec ses élèves des caricatures publiées par Charlie Hebdo au moment des attentats de janvier 2015. "On a toutes et tous évoqué l'esprit critique en classe. Cet attentat ne doit pas changer la qualité de nos enseignements."

"Nous appelons l'ensemble de la population à se rassembler, ce n'est pas un homme qui a été tué c'est tout ce que l'éducation peut représenter et ça, ça concerne la totalité de la population."

Virginie Akliouat, secrétaire générale du SNUiPP-FSU 13

"Modalités de retour en classe"

Pour Laurent Tramoni, enseignant en collège à Marseille et secrétaire académique du Snes-FSU, les vacances de la Toussaint doivent inciter à un temps d'organisation et de concertation pour la reprise des cours. "Les professeurs, les élèves vont rester avec cet événement sur lequel ils ne pourront pas discuter. Il est très important que l'Education nationale prépare dans la concertation les modalités de retour en classe, le travail pédagogique pour analyser ce qui s'est passé." Pour lui, il sera important de "rappeler les principes fondateurs de notre société, pour faire en sorte que la jeunesse se les approprie. "

Sur les réseaux sociaux, les professseurs, très choqués, réagissent : 

Les responsables politiques s'expriment également. Christian Estrosi, maire (LR) de Nice, demande de "mettre un coup d'arrêt à l'islamofascisme."

 

Interrogé, le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti s'insurge : "on n’imaginait pas qu’en France, pays des Lumières, un enseignant qui transmet les savoirs puisse être décapité par obscurantisme, par barbarie… parce que tout simplement il a diffusé les idées qui ont fait notre pays, ce qu’est notre République. C’est un sentiment d’horreur et c’est aussi un sentiment de mobilisation qui doit nous faire gagner cette guerre contre l’islamisme."


Que s'est-il passé ce vendredi après-midi, jour de vacances pour tous les élèves ?


Un enseignant a été retrouvé décapité en pleine rue à Conflans-Saint-Honorine à proximité de son collège vendredi en fin de journée et son agresseur abattu par la police. Vers 17H00, les policiers de la brigade anticriminalité de Conflans-Sainte-Honorine sont appelés pour un homme suspect qui rôde près du collège du Bois d'Aulne. En arrivant sur place, ils découvrent le corps d'un homme décapité.

Professeur d'histoire-géographie âgé de 47 ans

Deux cents mètres plus loin, sur la commune d'Eragny, ils tentent d'interpeller un homme en possession d'une arme blanche qui les menace. Ils font feu, l'homme décède des suites de ses blessures.
La victime est un professeur d'histoire-géographie âgé de 47 ans du collège du Bois d'Aulne, un quartier pavillonnaire calme de Conflans-Sainte-Honorine. Son portrait a été diffusé sur les réseaux sociaux : 

Cet enseignant avait récemment montré des caricatures de Mahomet à ses élèves de 4ème dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Certains parents s'en étaient émus, notamment sur les réseaux sociaux.

 

Apparemment, c'était un prof qui avait l'habitude de leur parler de l'islam, de caricatures et tout ça, ce n'était pas la première fois que mon fils rentre et qu'il dise le prof nous a parlé de cela aujourd'hui.

Un parent d'élève.

Qui est l'agresseur ?

Il s'agirait d'un jeune homme âge de 18 ans, né à Moscou et d'origine tchétchène. Un homme inconnu des services de renseignement mais fiché pour des délits de droit commun. D'après les premiers policiers sur place, il a crié "Allah Akbar" avant d'être tué par les forces de l'ordre. Il était armé d'un couteau, selon une source policière.

Les enquêteurs cherchent maintenant à savoir s'il a, lui-même, posté un message sur Twitter montrant une photo de la tête de la victime avec un message adressé à Emmanuel Macron, "le dirigeant des infidèles", et qui dit vouloir venger celui "qui a osé rabaisser Muhammad".

"Attentat terroriste islamiste"

Le président de la République s'est rapidement rendu sur place vendredi. Emmanuel Macron a qualifié les faits d'"attentat terroriste islamiste". Le chef de l'état a assuré que que la nation ferait bloc contre "l'obscurantisme" pour "protéger et défendre" les enseignants. Il a ajouté, sur un ton ferme : 

Tous et toutes, nous ferons bloc. Ils ne passeront pas. L'obscurantisme et la violence qui l'accompagne ne gagneront pas. Ils ne nous diviseront pas. C'est ce qu'ils cherchent et nous devons nous tenir tous ensemble.

Emmanuel Macron, président de la République.

Trois semaines après l'attaque de Charlie Hebdo

Cette attaque survient trois semaines après celle devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, en plein procès des attaques de janvier 2015, qui avaient décimé la rédaction de l'hebdomadaire satirique. La rédaction de Charlie Hebdo a fait l'objet de nouvelles menaces, de la part d'Al Qaïda notamment, depuis la republication des caricatures de Mahomet le 2 septembre pour l'ouverture du procès.

La représentation des prophètes est strictement interdite par l'islam sunnite. Ridiculiser ou insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans. En France, la caricature est une pratique ancienne, qui a connu un essor important au 19ème siècle grâce à la presse écrite. 
    

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