Un an après la catastrophe qui a fait 43 morts le 14 août 2018, où en est la reconstruction du pont de Gênes ? Après la démolition du viaduc, le nouveau pont, dessiné par le célèbre architecte italien Renzo Piano, ne devrait pas être reconstruit avant 2020.
Le 14 août 2018, un pont autoroutier s'effondre à Gênes en plein coeur de l'été. Le bilan est effroyable : 43 morts. Matteo Salvini, le premier ministre italien, propose alors "d'aller au bout pour déterminer les responsabilités d'un désastre inacceptable parce que ce n'est pas possible de travailler et mourir comme ça en 2018".
Un an après, la ville italienne panse ses plaies :
Un an après, la facture est salée pour pour les transporteurs routiers. Un million de camions passent la frontière italienne. Pour les transporteurs de la Côte d'Azur, l'effondrement du pont est synonyme de long détour : plus de 3h 30 de route. Un coût supplémentaire, même si la ville de Gênes a fait le nécessaire pour le passage des camions en postant des policiers aux ronds-points de la ville.
Reportage : Coralie Becq, Denise Delahaye et Anne-Laure Mathuriau.
Intervenant : Patrick Mortigliengo, Président de la Fédération nationale des transporteurs routiers des Alpes-Maritimes
Travaux titanesques
Dans l'émotion, le maire de la ville Marco Bucci, promet une reconstruction en novembre, puis à Noël. Le président de la région de Ligurie, Giovanni Toti, assure lui que le nouveau pont sera prêt à l'automne 2019, "au plus tard en novembre". Un an après où en est-on ? Les autorités politiques ont sous-estimé l'ampleur et la difficulté des travaux. Des travaux titanesques. De manières plus réaliste, la fin 2020 est évoquée par les autorités.
"Quelque chose d'un bateau"
Né à Gênes, Renzo Piano, le célèbre architecte, propose de reconstuire le pont Morandi. On lui doit notamment le polémique Centre Pompidou et le nouveau palais de justice de Paris. A 81 ans, il a accepté de s'en occuper gratuitement. "Ce pont devra durer 1000 ans et être en acier", déclare-t-il lors d'une conférence de presse en décembre 2018. Il aura "quelque chose d'un bateau, parce que c'est quelque chose de Gênes" et "ce sera un pont plus fin, qui aura une luminosité à lui" et devrait être blanc.
ECCO LE NUOVE PILE DEL PONTE
— Regione Liguria (@RegLiguria) August 9, 2019
Trascorso il tempo necessario all'indurimento del calcestruzzo, il primo segmento della pila è ora visibile#pergenova #PonteMorandi pic.twitter.com/CYqVyEzdTf
Un nouveau quartier
Il y a l'édifice mais il y a aussi un quartier situé sous le pont. Pour le moment, le quartier restera inhabité encore longtemps : 600 logements sont vides. Impossible d'y habiter avant qu'un nouveau pont ne soit reconstruit à Gênes. La ville a annoncé le lancement d'un concours international pour reconstruire ce quartier impacté par les travaux. La démolition de ce qui reste du pont va nécessiter la destruction d'une partie des habitations situées en-dessous. Mais comme l'a affirmé le maire, Marco Bucci :
Nous voulons transformer la tragédie en une grande opportunité pour Gênes. A la fin, nous aurons une ville encore plus belle qu'avant. Pendant des siècles, Gênes a fait de grandes choses, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas continuer.
Plus de mille demandes d'indemnités
La ville, coupée en deux car le viaduc était un axe de communication important, met du temps à panser ses blessures. Il y a eu les 43 personnes décédées, les dizaines de blessés et les victimes qu'il faut indemniser. Dans un tweet daté du 17 juillet 2019, la commune de Gêne fait les comptes : il y a eu "plus 1000 demandes d'indemnités complètes qui sont parvenues aux bureaux de la région Ligure".
PONTE MORANDI, PROSEGUE PAGAMENTO INDENNIZZI
— Regione Liguria (@RegLiguria) July 17, 2019
Più di mille le domande complessive pervenute agli uffici di Regione Liguria. Da oggi è online il modulo per le attività che hanno ricevuto già un indennizzo da Autostrade
➡️ https://t.co/6WZc61N2hF
Pas avant 2020
Difficile de donner avec certitude une date de construction pour cet édifice. D'autant plus que les deux vice-premiers ministres italiens, Matteo Salvini (Ligue, extrême-droite) et Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles, antisystème), sont embourbés dans une polémique sur une possible révocation des concessions de la société italienne Atlantia, gestionnaire du pont via la société Aspi (Autostrade per l'Italia). Les plus optimistes tablent sur une reconstruction... pas avant 2020.
Famille Benetton
Luigi Di Maio, qui détient le porte-feuille du Développement économique, a réaffirmé sa volonté de lui retirer toutes ses concessions autoroutières en Italie. Pour lui, le groupe et son actionnaire principal, la famille Benetton, sont responsables de négligences dans la maintenance.Au-delà du cas de Gênes, cet épisode dramatique a amorcé une prise de conscience sur l’entretien des ouvrages d’art non seulement en Italie, mais aussi en France. Dans le massif central, à Grenoble et dans l'Ain, de récents rapports ont montré que certains ponts étaient dangereux car "usés jusqu'à la corde". .