Fin avril, l’Etat annonce une prime pour les auxiliaires de vie, qui devrait être payée par les départements. Mais le département des Alpes-Maritimes, qui a déjà soutenu le secteur à hauteur de 3,6 millions d’euros durant la crise, renvoie la balle vers le ministère de la Santé.
Presque tous les jours depuis 5 ans, Sylvie Lang se rend chez Willy Blioch, son bénéficiaire. Elle l'emmène boire un café, elle prépare ses repas, s’occupe du ménage et du linge, s’assure de la prise des médicaments, l'accompagne au quotidien. Une aide de vie, qui n'a pas abandonné ses bénéficiaires durant le confinement.
À elle comme aux autres personnels d’aide à domicile, l’État a promis fin avril une prime exceptionnelle, entre 500 et 1000 euros, afin de saluer leur rôle durant la crise sanitaire.
La période du confinement a été difficile, mes collègues et moi avions peur pour notre santé. Alors je trouve que cette prime est justifiée.
Cette prime devrait être versée par les départements mais, cette annonce n’a pas été assortie d’enveloppe budgétaire. Les départements ont donc la possibilité ou non de la verser.
Le département des Alpes-Maritimes considère que c’est une prime qui est du ressort des employeurs donc des services d’aide à domicile.
Le département précise avoir soutenu le secteur à hauteur de 3,6 millions d’euros depuis le début de la crise sanitaire, notamment par !le biais d’une distribution gratuite chaque semaine aux personnels des SAAD de matériels de protection soit 691 000 masques et de 7 000 litres de gels hydro alcooliques (coût : 500 000 euros) ; mais aussi le paiement des SAAD sur la base des factures prévisionnelles de mars 2020 pour les mois de mars, avril et mai 2020 sans régularisation ni récupération. "Cette mesure a permis aux SAAD de sécuriser leurs trésorerie, rendue incertaine par les annulations de prestations par les familles ou les maladies éventuelles de leurs équipes", précise le département. (coût : 1,6 millions d’euros). Les élus du Conseil département ont aussi décidé d’augmenter le tarif du conseil département (hausse à 20€ de l’heure du tarif horaire APA et PCH des SAAD) ce qui correspond à un effort d’1,5 millions d’euros pour l'année 2020. Enfin, le département ajoute que des audits seront réalisés sur la conjoncture économique et financière des services d’aide à domicile qui seraient volontaires.Nous allons néanmoins saisir le gouvernement pour lui expliquer que ces services nous sollicitent alors même qu’aucune enveloppe budgétaire n’avait été allouée au département et ce dans une année et un budget contraint. Nous avons 160 services d'aide à domicile dans le département et on estime à 8000 le nombre d’auxiliaires de vie qui interviennent auprès des personnes âgées et des personnes atteintes de handicap. Cela représente un coût important.
« Que l’Etat et le département se disputent ça m’est égal. L’important c’est qu’ils trouvent un accord et qu’ils nous versent cette prime. Quel que soit le montant, ce sera toujours bienvenue en ces temps difficiles », lance Catherine Dewavrin. Cette aide à domicile travaille 24 heures par semaine pour un salaire de 800 euros net. Elle aussi estime mériter cette prime.
Les fédérations d’aide à la personne, comme la Fedesap (Fédération française des services d'aides à la personne et de proximité), demandent depuis un moment la reconnaissance de leur profession comme un vrai métier du secteur sanitaire, avec une revalorisation des salaires à 1 500 euros par mois. Actuellement, les salaires sont proches du SMIC pour des amplitudes horaires importantes.Les soignants étaient en première ligne, mais nous on était à l’arrière des tranchées. On s’est beaucoup investis pour ces personnes âgées qui n’avaient plus que nous comme visiteurs.