Réforme de la première année de médecine, la promotion 2021 sacrifiée sur l'autel de la santé

La polémique s'amplifie autour du concours des premières années de médecine. La loi santé 2019, permettant notamment d'arrêter le numerus clausus, entraine une année de transition qui ne se passe pas sans heurts. Des modalités d'examen aux contours encore flous. Explications.

Entre eux, ils estiment être une génération sacrifiée. Eux, ce sont les étudiants de première année de médecine nouvelle version. Cette année, pour la première fois, suite à la réforme de la santé, ils ne pourront pas redoubler leur année.

En échange, le gouvernement leur avait promis d'augmenter le quota de réussite.

"Faux !" rétorquent les parents des élèves concernés. "La loi n'est pas respectée. Non seulement les quotas n ont pas été augmentés, mais surtout, le numerus de chaque faculté devait être connu en mars 2020. Nous sommes en mars 2021 et nous n'avons toujours aucun chiffres ! " s'indigne un parent.

Tous préfèrent rester anonymes, par peur des conséquences sur leurs enfants. Car cette année, un oral, non-anonyme, est organisé dans la compétition pour une place en deuxième année si difficile à obtenir.

Au mieux, selon le Collectif national Pass/Las 2020/2021, le ministère garantit un taux de réussite pour les primants identique a celui constaté avant-réforme (soit environ 14,5% à Marseille en médecine). "Ce taux de réussite est même annoncé à moins de 10% dans certaines Universités".

A Marseille, sur 405 places de médecine , 183 sont réservées au redoublants

La vraie injustice pour les parents, c'est qu il ne reste que 222 places à Marseille en médecine... pour 2300 nouveaux inscrits ! C'est encore moins de places que l'an dernier.

"Cette année, un étudiant avec plus de 15,5 au premier partiel, sera recalé. L'an dernier, il aurait été serein quant à l'issue du concours", témoigne la mère d'un étudiant.

Un collectif Pass/Las s'est formé, au niveau national et dans chaque grande ville. Leurs demandes :

  • Augmenter de 30% le nombre de places disponibles en médecine pour cette année de transition;
  • Accepter, encore cette année, les redoublements, car le numérus n' a pas été publié en temps et en heure ( en mars 2020, comme le demandait la loi santé)

Le collectif a même créé une pétition en ligne signée le 8 mars par plus de 42.600 personnes. 

Du numerus clausus au Numerus Apertus

Avec la loi santé 2019, le Numerus Clausus (nombre limité de places en médecine, attribué par l'État) est remplacé par le Numerus Apertus : désormais, le nombre de places en médecine est déterminé par l'ARS et par le doyen de chaque université en fonction des besoins et des places en faculté.

Les doyens des faculté devraient décider cette semaine du nombre de places allouées aux étudiants en médecine, ce sera le fameux nouveau Numerus Apertus.

PACES/PASS/LAS : une promotion, trois possibilités

Si l'on veut entrer dans les détails, cette année, 1.200 étudiants à Nice et plus de 3.000 à Marseille sont concernés. Ils sont soit redoublants (puisque la réforme ne s'applique que depuis septembre 2020), soit primant. Ils appartiennent à trois cursus différents :

  • Le PACES , c'est l'ancien régime. Il concerne les redoublants. A Marseille, c'est environ 700 étudiants; 183 places sont "gardées" pour eux. Sur 405 places au total.

Restent 222 places dispatchées ainsi :

  • 70% pour les PASS (Parcours Accès Santé : le nouveau régime)
  • 30% pour LAS (Licence Accès Santé : les étudiants qui viennent d'une autre spécialité, comme le droit ou l'économie)

Pour les parents, cette année de transition est aussi injuste quant à la répartition des places. "Le nombre de places des nouveaux arivants est amputé du nombre de places des redoublants", dénonce la mère d'un étudiant.

Solution, étudier à l'étranger

Les parents d'étudiants concernés observent déjà un phénomène qui s'amplifie : la fuite de certains étudiants vers l'Espagne, le Portugal ou la Belgique, afin de passer leur diplôme de santé.

"Nous ne parlons pas là de mauvais élèves, mais d'étudiants bosseurs qui, avec 15 de moyenne au premier partiel de janvier ne pourront pas obtenir leur place en 2e année", témoigne encore un parent.

Les organismes qui servent d'interface pour étudier médecine à l'étranger se disent débordés par les demandes. Toutes filières médicales confondues, la Roumanie vient d'ouvrir un 2e campus français, et l'Espagne un 3e campus.

Les politiques au chevet des 1eres années

Trés remontés, les étudiants en première année de Pass/Las se sont adressés à leurs sénateurs et députés pour obtenir du soutien. 140 députés les soutiennent, dont 17 dans la région Paca. 

Tous partis politiques confondus, ils dénoncent les conséquences de la nouvelle réforme de santé. Espérent-ils ainsi faire pression sur les prises de décisions ?

Une quarantaine de parlementaires, dont la député des Hautes-Alpes Claire Bouchet (LaREM) et du Vaucluse Marie-France Lorho (Ligue du Sud), ont adressé un courrier à la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dénonçant une réforme dont "la mise en application actuelle ne permet pas d'atteindre ses objectifs".

 

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