L'alarmante consommation de psychotropes, d'alcool et de cannabis chez les étudiants en médecine

Une étude scientifique portant sur les étudiants en première et deuxième année de médecine révèle une consommation anormale d'anxiolytiques et d'antidépresseurs chez les étudiants en première année. L'excès d'alcool et de cannabis est un fléau chez les deuxième année.

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Alors que les inscriptions sur la plateforme d'orientation Parcoursup s'ouvrent pour la rentrée 2020, une étude risque de "faire froid dans le dos" aux futurs bacheliers... Et à leurs parents. Publiée dans le "journal of affective disorders", elle porte sur les addictions des étudiants en première et deuxième année de médecine.

Personne n'ignore que les études de médecine sont parmi les plus difficiles, notamment la PACES, la fameuse première année commune des études de santé, où moins de 12% des étudiants (5% de primants) arrivent à franchir la barrière du concours.

Même si la PACES disparaît la rentrée prochaine au profit de la PASS (Parcours spécifique "accès santé") et de la LAS (Licence avec option "accès santé"), les études ne seront pas forcément plus faciles.

Des scientifiques ont réalisé cette étude auprès de 4.345 étudiants en PACES et en deuxième année, c'est-à-dire, ayant réussi le concours.

Un usage anormal de médicaments psychotropes

Les résultats de cette étude rapportent que 6% des étudiants en première année consomment des anxiolytiques et 3% d'entre-eux, des antidépresseurs.

"On ne s'attendait pas à des chiffres aussi importants", indique le docteur Guillaume Fond, psychiatre à l'AP-HM, à l'origine de cette étude. "Les étudiants que nous avons consultés expliquent que ces psychotropes les aident à tenir la pression des études", poursuit-il.

La pression des études de médecine rappelle le triste événement de l'année 2017. Cette année-là, une étudiante en PACES s'était suicidée en pleine période de concours. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de la mort, mais peu après, l'association des étudiants en médecine (ANEMF) avait ouvert un atelier consacré à "la santé mentale des carabins". 

La surcharge de travail, la compétition et la pression de la sélection en première année avaient été définies comme des causes de mal-être.

Des chiffres alarmants sur l'alcool et le cannabis

Le passage en deuxième année semble représenter la "libération", mais les études de médecine restent difficiles. L'enquête révèle que la moitié (50%) des étudiants en deuxième année de médecine consomment de l'alcool "de façon nocive pour la santé" et 5,6% de ces étudiants consomment du cannabis.

"On le remarquait au quotidien, on sait que ces étudiants organisent régulièrement des soirées, mais personne n'avait fait d'étude scientifique sur le sujet. On ne s'attendait pas à une situation d'aussi grande ampleur", explique le docteur Guillaume Fond.

Cet usage récréatif de l'alcool et du cannabis est une forme d'exutoire, après le difficile concours de la première année. Les carabins ont l'impression d'avoir franchi le plus dur et pourtant, les études sont loin d'être terminées.

Soutien psychologique

La consommation nocive d'alcool et de cannabis est majoritairement masculine, même si les deux sexes sont concernés. Les étudiants en deuxième année, interrogés lors de l'étude, ont révélé être suivis en psychothérapie.

Ce besoin de soutien psychologique concerne majoritairement les femmes, et même si l'étude réalisée ne l'indique pas, le psychiatre Guillame Fond y voit plusieurs raisons.

Une cause possible est une réaction post-traumatique après l'année de PACES. C'est peut-être aussi le besoin de régler des problèmes antérieur.

"Nous recevons en consultation des jeunes dont les parents ont divorcé pendant leur année de PACES et comme les études ont pris tout leur temps, ils ont gardé cette période de crise en eux", confie le psychiatre.

Arrivés difficilement en deuxième année, les étudiants se retrouvent pour la première fois, en face de la réalité du travail de médecin et la question se pose : est-ce que je suis fait pour ce métier ? "En deuxième année, les étudiants font des stages à l'hôpital, c'est le premier contact avec les malades et le premier contact avec la mort", explique le docteur Fond, "et il n'y a pas d'accompagnement prévu".

Cette étude est une validation scientifique d'une situation qui était connue ou au moins soupçonnée depuis longtemps. Les résultats seront transmis aux doyens des universités.

L'objectif est de développer des programmes de prévention de santé mentale et de donner des conseils précis aux carabins qui le souhaitent, pour qu'ils poursuivent leurs études dans les meilleures conditions possibles.
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