Le tribunal de Paris a condamné mardi Logan Nisin, le jeune fondateur du groupuscule d'ultradroite OAS, à la prison ferme avec maintien en détention, lors du premier procès pour terrorisme d'ultradroite jugé en France depuis 2017.
Le fondateur du groupuscule d'ultradroite OAS a été condamné à neuf ans de prison ferme pour des projets d'attentats.
Le tribunal a aussi reconnu coupables cinq autres prévenus d'"association de malfaiteurs terroriste", prononçant notamment une peine de huit ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt pour Thomas Annequin, le numéro 2 du groupuscule Organisation des Armées sociales.
Les deux hommes sont originaires de Vitrolles (Bouches-du-Rhône) et Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Agés de 23 à 29 ans, avec quatre autre prévenus, ils encouraient jusqu'à dix ans de prison.
OAS, c'est le nom de leur groupuscule fondé en novembre 2016, selon l’accusation, et démantelé en octobre 2017. Ces membres projetaient de "préparer physiquement, psychologiquement et matériellement des combattants (...) dans les perspectives d'une guerre raciale imminente".
Logan Nisin, un chef originaire de Vitrolles
Il a 20 ans quand il fonde secrètement l'Organisation des armées sociales (OAS). Un acronyme qui rappelle délibérément celui de l'Organisation armée secrète, responsable d'une campagne sanglante contre l'indépendance de l'Algérie.
Il a suivi le parcours "Jeunesses nationalistes, Front national, Action française Provence…"
Logan Nisin est chaudronnier et vit à Vitrolles, chez sa mère, quand il se fait arrêter de façon spectaculaire par le RAID en juin 2017.
Le jeune homme est déjà fiché S pour son appartenance à divers mouvements d'ultradroite, le Mouvement Populaire pour une Nouvelle Aurore ou l'organisation royaliste Action française. A ce moment-là, les autorités s'inquiétent de son activité sur Facebook où il anime un groupe de "supporters" d'Anders Behring Breivik, auteur néonazi de la tuerie qui a fait 77 morts en Norvège en 2011.
Lors de perquisitions, les enquêteurs découvrent des documents révélant l'existence de l'OAS et plusieurs armes. "Le but n'est pas de tuer pour tuer, l'objectif concret de l'organisation est d'enclencher une remigration basée sur la terreur. Leur faire peur pour qu'un maximum s'en aille pacifiquement puis les 10% restant c'est bon, c'est acceptable", justifiera le jeune homme.
L'OAS projetait d'extorquer des fonds à des entreprises pour acheter des armes."Sur le papier, c'était pensé", reconnaît l'avocat de Logan Nisin, Me Eric Bourlion, "mais sans être concret. On s'organise, on écrit, on dessine... mais on ne passe jamais à l'acte".
Un procès inédit
Depuis 2017, six enquêtes liées à des projets d'attentats d'ultradroite, dont celle sur l'OAS, ont été ouvertes par le parquet antiterroriste. Ce dossier OAS est le premier à être jugé.
Lors de l'enquête, Logan Nisin avait aussi dit avoir "réellement" planifié de s'en prendre à Christophe Castaner et envisagé d'attaquer un marché aux puces, des kebabs ou encore le chantier de la grande mosquée de Vitrolles.
Il avait toutefois aussi affirmé ne jamais avoir eu les moyens de ses ambitions et expliqué avoir réfléchi et jugé que les risques de finir en prison étaient trop élevés.
Les cibles envisagées par cette organisation avaient des profils variés : Castaner, Mélenchon, les arabes, les noirs... Des projets mais aucun passage à l'acte.