Tous secteurs confondus, l’intérim représente près de 50 000 emplois en région PACA. Déjà souvent précaires, la crise du coronavirus a aggravé la situation de ces intérimaires, notamment dans le tourisme. Un secteur lourdemend touché.
Serveurs, cuisiniers, plagistes, réceptionnistes … Ils étaient prêts à attaquer la saison d’été, mais le Covid-19 en a décidé autrement. Restaurants, bars et hôtels sont fermés depuis près de deux mois et le resteront au moins jusqu’au 2 juin. Un coup dur pour les travailleurs intérimaires, largement employés par le secteur du tourisme dans la région.
Tout un secteur à l'arrêt
Salym Chaouli, cuisinier en intérim, devait commençait la saison aux fourneaux d’un restaurant étoilé à Vence. Mais les portes de l'établissement sont restées closes et le père de trois enfants se retrouve en difficulté économique. « Dans cette situation, c’est vraiment difficile de joindre les deux bouts. Il faut continuer à payer la nourriture, le loyer, l’électricité, alors que mon salaire a baissé de près de 400 € », explique Salym.Comme de nombreux intérimaires, le Niçois a sollicité son agence d’intérim et s’est dit prêt à accepter des missions, même en dehors du secteur de la restauration. Mais les offres d’emploi ont presque toutes disparues. Alors il faut compter sur Pôle Emploi.
Selon les informations que nous avons à l’heure actuelle, tous les droits au chômage ont été prolongés jusqu’à fin juillet 2021 - Cédric Giraldi, commercial en recrutement pour une agence d’intérim.
Taux de chômage de 14,4 % en mars dans le 06
Au mois de mars, le confinement a entraîné une forte hausse du taux de chômage, + 7,1 % en France, la plus forte hausse en un mois depuis 1996. Le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 6 à 8 % dans les Bouches-du-Rhône, le Var ou le Vaucluse et de 14,4 % dans les Alpes-Maritimes. Ces chiffres catastrophiques sont liés à une forte baisse des créations d’emplois.La date de possible réouverture des établissements, fixée au 2 juin dans les départements verts, a soulagé les professionnels du tourisme. « Si ça redémarre à ce moment-là, on peut encore peut-être sauver la saison, lance René Colomban, président des plagistes de Nice. Ce sera pas formidable, on fera une petite saison, mais on pourra remettre la machine en route, les salariés pourront retravailler, les clients pourront revenir, on pourra enfin reprendre une vie à peu près normale. »
Repartir, mais à quel coût ?
Les conséquences économiques d’une faible fréquentation et du coût des mesures de sécurité sanitaire inquiètent les professionnels du tourisme. Un secteur dont dépendent 175 000 emplois sur la Côte d’Azur. « Pour le mois de juin, on est sur des taux d’occupation prévisionnels de 3 à 4 % », analyse Laurent Rossi, directeur exécutif d’un groupe hôtelier.Selon les prévisions, on n’atteindra même pas 10 % de fréquentation dans nos hôtels cet été. C’est une situation dramatique.
À Antibes, dans les Alpes-Maritimes, près de 2000 saisonniers sont employés chaque été dans les 60 hôtels, 400 restaurants et snacks de la ville, indique le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie Henry Mathey.
Les professionnels du tourisme s’attendent donc à une saison ralentie, et pour les intérimaires, elle pourrait même se transformer en année blanche.Pour l’été 2020, on prévoit déjà que les besoins de saisonniers diminuent de près de 40 % par rapport aux autres années.