Ce samedi 10 avril, une vingtaine de professionnels des sports d'eau vive va ramasser les déchets déposés par la tempête Alex sur les berges de la Roya dans les Alpes-Maritimes. Objectif : dépolluer les bords du fleuve pour relancer et sécuriser les pratiques sportives nautiques.
Dans les vallées sinistrées par la tempête Alex d'octobre dernier, il y a les endroits où le nettoyage et les réparations de voirie avancent. Et puis il y a ces endroits, à l'écart des zones de travaux, qui, plus de six mois après les intempéries, n'ont pas bougé.
Ici, sur les berges de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya, les déchets chariés par les eaux en furie de ces rivières sont toujours là.
Alex a détruit des maisons, alors on retrouve du polystyrène, des isolants, des morceaux de toitures, du plastique, des bouteilles de gaz, des morceaux d'engins agricoles... La liste est longue !
Une pollution néfaste pour l'environnement qui doit se remettre des stigmates d'Alex. "La Roya avait un biotope exceptionnel. Aujourd'hui, il n'y a presque plus de truites par exemple", poursuit Laurent Collard.
Le Breillois a été mandaté par le Comité départemental de la Fédération française de canoë-kayak et sports de pagaie (FFCK) pour réaliser une expertise des rivières. Ce qui a donné trois cartes, répertoriant les pollutions dans la Vésubie, la Tinée et la Roya.
Par endroit, la rivière ressemble à une véritable décharge à ciel ouvert et il y aurait urgence à entreprendre d'importants travaux de dépollution. En plus d'une catastrophe humaine et économique, la tempête Alex a impacté l'équilibre écologique de nos rivières et la beauté de notre patrimoine.
Ce samedi 10 avril, une vingtaine de membres de la FFCK va donc faire un premier ramassage le long de la Roya, entre Saorge et Breil-sur-Roya.
"Ce qui est important, c'est de savoir s'organiser pour intervenir en toute sécurité. L'objectif sera de désensabler des carcasses, d'enlever des rochers, de ramasser des bouts de ferraille... et de préparer leur évacuation par hélicoptère", poursuit Laurent Collard.
10 tonnes de déchets collectés :
Relancer le tourisme sportif
Dépolluer ces rives, c'est aussi permettre de sécuriser et de relancer l'activité des sports d'eau vive. Si les parcours de la haute Tinée et de la Mescla (Alpes-Maritimes) "n'ont pas été touchés, d'autres rivières comme la Vésubie ou encore la Roya ont subi des transformations majeures", est-il écrit dans le rapport publié par la Fédération le mois dernier.
Rapport de la FFCK sur les itinéraires de canoë-kayak post-tempête Alex (mars 2021)
Des observations réalisées depuis le bord des rivières, mais aussi lors de sorties sur l'eau, notamment pour tester la navigabilité des parcours. "Le but principal était de faire une levée de doute, de voir si les rapides ont subi de fortes modifications, afin de pouvoir y emmener des personnes en toute sécurité", poursuit Marc Pucher, qui a participé à la rédaction du rapport de la FFCK.
Avenant
Au total, 65km de linéaires le long des rivières ont été analysés. Et déjà les premières conclusions :
- avis favorable à la navigation pour les parcours des Gorges de la Mescla (Var), Station d'épuration Lantosque/Le Suquet (Vésubie), Saint-Jean-la-Rivière/Cros-d'Utelle (Vésubie), Cros-d'Utelle/Plan du Var (Vésubie), Parcours P1 et P2 sur la Tinée, Saint-Sauveur-sur-Tinée/Bancairon (Tinée) ;
- avis favorable sous réserve d'une redéfinition précise des tronçons navigables pour le parcours Pont de Gémion/Breil-sur-Roya (Roya) ;
- nettoyage prioritaire des déchets et des obstacles pour le parcours Fontan/Pont de Gémion (Roya) ;
- avis défavorable à la navigation pour les parcours Roquebillière/Confluence de la Bollène (Vésubie), Confluence de la Bollène/Station d'épuration Lantosque (Vésubie), Clans/Courbaisse (Tinée).
Ces rivières restent, pour l'heure, interdites à toute navigation, selon l'arrêté préfectoral 2020-974 du 31 décembre 2020.
Au regard de ces conclusions, je vais faire une proposition d'avenant pour permettre la réouverture partielle de certains parcours à partir du 15 avril.
Certains parcours resteront, quoi qu'il arrive, fermés. C'est le cas du canyon de La Maglia, "l'un des plus beaux d'Europe". "Géomorphologiquement, il a évolué : toutes les piscines naturelles et les cascades sont remplies de graviers. Il n'a aujourd'hui plus aucun intérêt", regrette Laurent Collard. "On a bon espoir de retrouver une activité cet été, même si ce ne sera pas comme avant, c'est symbolique de dire qu'on est toujours là."