A Toulon, Charles Berling veut rester optimiste : "La saison culturelle a été moins catastrophique que prévue, mais elle n'est pas optimale..."

Rouverts le 19 mai 2021 après plusieurs mois de fermeture pour cause de Covid, les théâtres Liberté et Chateauvallon ont retrouvé une grosse partie leur audience. Mais la relation avec le public est fragilisée par le contexte sanitaire. Explications.

En janvier 2021, Charles Berling avait poussé un coup de gueule contre la fermeture des lieux culturels décidée par le gouvernement en pleine crise sanitaire ( voir notre article ).

« J'ai l'impression qu'il ne mesure pas l'intérêt profond qu'a la culture dans un pays" avait-il alors déclaré à nos collègues.

Douze mois plus tard, alors que la 5e vague oblige certaines salles à réduire les jauges, et que l'ombre d'un nouveau confinement plane, le directeur du théâtre Châteauvallon-Liberté à Toulon continue à défendre avec passion le maintien des spectacles vivants.

La culture ce n'est pas une addition d'algorythmes, c'est vital, c'est ce qui reste dans l'Histoire 3.000 ans plus tard !

Charles Berling, directeur du théâtre Chateauvallon-Liberté

73 % de fréquentation sur sept mois

Et les chiffres de fréquentation lui donnent raison. Malgré les turbulences politiques et économiques, l'instauration d'un pass sanitaire pour assister aux spectacles, et le virus qui court toujours, les spectateurs ont repris le chemin des salles de spectacle.

De fin mai à fin décembre 2021, le taux de remplissage est tout de même monté à 73 %.

Alors certes, cela fait 13 % de moins qu'avant la crise pour la même période en 2019 ( 85 % de remplissage), mais c'est un chiffre encourageant qui prouve l'attachement de la population à ses théâtres et à la culture.

Il faut dire que la saison culturelle, concentrée sur sept mois, a été particulièrement dense, avec une moyenne de cinq spectacles proposés aux Toulonnais par semaine !

Charles Berling s'explique : "nous avons le devoir de soutenir tout le monde du spectacle vivant, ainsi que toutes ces compagnies qui comptent sur nous pour vivre et pour continuer à être créatifs". Ainsi, une grosse partie des artistes qui étaient programmés en première partie d'année 2021, ont été reprogrammés dans la deuxième partie, venant ainsi s'ajouter à ceux déjà prévus.

Un sacré défi pour les équipes.

Certains membres de mon équipe avaient peur de ne pas pouvoir remplir les salles, mais nous y sommes arrivés

Charles Berling, directeur du théâtre de Toulon

Et Charles Berling de préciser qu'il préfère prendre le risque de laisser un spectacle se jouer plusieurs jours de suite, pour laisser le bouche à oreille faire son travail et offrir une chance aux créations d'être vues par le plus grand nombre, là ou d'autres lieux culturels préfèrent limiter les éventuelles pertes.

Une stratégie qui visiblement fonctionne.

Sur certains spectacles comme "Fragments" d'Hannah Arendt, "il a même fallu pousser les murs certains soirs pour permettre à tous d'assister à la pièce", nous raconte Charles Berling avec une satisfaction non dissimulée. Le cirque Aïtal lui aussi a attiré les foules au mois d'octobre.

D'autres spectacles en revanche ont eu plus de mal à trouver leur public comme Mandela de Xavier Marchand.

En janvier 2021, il multipliait déjà les initiatives pour que les artistes continuent à travailler malgré la crise. Une de nos équipes était au côté des artistes :

Les jeunes se font plus rares

"Il faut dire que le contexte sanitaire a clairement modifié les habitudes de sa clientèle explique Charles Berling. "Les réservations ne font de plus en plus à la dernière minute. La peur de certains d'attraper le covid en sortant est réelle ".

Pourtant, les mesures qu'il a prises sont plus que sécurisantes. "On propose des autotests aux équipes tous les jours !", Pour lui, il y a beaucoup moins de risque de l'attraper en venant au théâtre qu'en prenant le train.

Mais l'impact que Charles Berling déplore le plus, c'est la baisse de fréquentation des plus jeunes. Habitué à travailler avec les écoles, les collèges et les lycées, il constate que ceux-ci sont de moins en moins présents, et ont pris de nouvelles habitudes de consommation sur les écrans depuis le début de la crise sanitaire. Les 15-20 ans particulièrement. « Je pense que le Covid a accéléré la transition vers le numérique, au détriment du spectacle vivant » déplore-t-il.

Optimiste ? 

Pour autant, le directeur de la scène nationale de Toulon veut rester optimiste pour 2022.

Il a d'ailleurs démarré ce lundi 3 janvier deux nouvelles résidences d'artistes qui se produiront les 13 et 15 janvier prochains : l'institut Benjamenta et l'opéra Pelléas et Mélisandre.

Il espère simplement que la culture ne servira pas de variable d'ajustement en cas de reconfinement, et qu'il pourra continuer à apporter aux Toulonnais et aux Varois, la garantie d'une forte diversité culturelle tout au long de l'année.

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