Le jardin aux papillons : un réservoir de biodiversité à ciel ouvert près de Brignoles dans le Var

Des visites guidées proposent une immersion au coeur de cet écosystème surprenant. Une ancienne parcelle de vignoble du domaine de l'Escarelle, dans la Provence verte, a été reconvertie en laboratoire de biodiversité. Déjà plus de 70 variétés de papillons y ont trouvé refuge.

Ne cherchez pas les allées impeccables, les bosquets taillés au millimètre ni les envols colorés spectaculaires.

Sur le domaine de l'Escarelle situé commune de la Celle, au coeur de la Provence verte, le jardin aux papillons n'en met pas plein la vue. Ce n'est pas son genre.

Pourtant, il s'agit bien d'une réserve exceptionnelle de flore et de faune et comme de nombreux espaces naturels, il a profité du confinement pour s'épanouir.

C'est le constat de Marion Fouchard, responsable des refuges LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) du département du Var, sur l'ensemble des espaces naturels. 

"Nous avons réalisé des inventaires sur les espaces verts, les terre-pleins dans certaines communes-partenaires comme Draguignan ou Le Cannet-des-Maures et nous avons trouvé une abondance deux fois supérieure à ce que nous aurions eu sans confinement".

A l'oeuvre depuis la naissance du jardin des papillons en 2016, l'entomologiste (spécialiste des insectes, ndlr) explique que sur le domaine de l'Escarelle, on n'a pas attendu l'arrêt des activités liées à la crise sanitaire pour laisser la nature reprendre ses droits.

Quatre ans pour constituer un écosystème foisonnant

"Le projet de créer un jardin aux papillons est né après un inventaire en 2015, révélant une richesse faunistique et floristique exceptionnelles sur le domaine", pose en préambule de la visite Marion Fouchard.

Sur l'ensemble du domaine de l'Escarelle, situé sur la commune de La Celle, dans le Var, 88 espèces d’oiseaux, 11 espèces de mammifères, et plus d’une centaine d’espèces d’insectes sont inventoriés.

L'observation révèle aussi, et surtout une richesse spécifique de papillons étonnante, liée à la variété des milieux naturels du domaine.

En 2016, l'ancienne parcelle de vignes de 2500 mètres carrés choisie pour le projet est un terrain nu.

Sous l'égide de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), une centaine de plantes, arbustes et arbres locaux y sont plantés, des végétaux choisis pour favoriser le cycle de vie de différentes espèces de papillons, de la ponte des oeufs à l'alimentation des adultes. 

Pour le visiteur l'expérience est étonnante. Loin des codes esthétiques traditionnels du jardin, l'espace que l'on aborde ressemblerait plutôt à un champ de "mauvaises herbes", de celles que l'on arrache, coupe ou asperge de produits phytosanitaires.

Reconstituer l'habitat naturel détruit des papillons

"Le plantain, les pissenlits sont des réserves de nourriture pour les chenilles. Mieux encore, les orties : quatre à cinq espèces différentes s'en nourrissent, et les ronces sont très intéressantes pour les techla, une espèce rare de papillon ", explique la responsable de refuges LPO du Var.

Faire découvrir au grand public les vertus des plantes mal-aimées, c'est aussi tout l'objet de ce jardin, qui ne révèle ses richesses qu'avec des connaissances, d'où ces visites logiquement guidées.

Un coin de mauvaises herbes, c'est une réserve de nourriture à papillons

Des massifs de fleurs mellifères (réserve de nourriture à papillons) constitués de trèfles, jarosse, millepertuis, des bosquets de lavande et de thym, du fenouil, nécessaire aux chenilles du machaon, ou encore des scabieuses appréciées par une quarantaine d'espèces différentes, constituent quelques-unes des centaines d'espèces végétales du jardin.

Eduquer notre regard

Un potager aussi a pris place, où l'on se réjouit de voir les feuilles du plant de chou dévorées par les chenilles de la piéride.

Ici, on explique que couper systématiquement certaines plantes jugées inesthétiques peut nuire gravement à la biodiversité.

Les défenseurs du jardins aux papillons se sont donnés pour mission de modifier certaines habitudes.

"Laisser un artichaud monter en fleur, oublier quelques orties dans un coin du jardin, c'est essentiel à la préservation des espèces", précise Marion Fouchard.

En permettant aux espèces sauvages ou mal considérées de pousser, on donne une chance aux espèces menacées de retrouver leurs habitats naturels, parfois détruits par ignorance. 

"Dans le jardin tous les papillons sont venus seuls, nous n'avons implanté aucune chenille, lâché aucun adulte", précise Marion Fouchard. 

Le retour des espèces rares 

En associant un arbre et une plante, l'olivier et l'euphorbe, dans un coin du jardin, les bénévoles de la LPO ont en revanche reconstitué l'habitat d'une espèce de papillon protégée, le faux-cuivré de Smaragdin. 

Même chose avec l'azuré du baguenaudier, dont on a enregistré seulement 30 observations en 20 ans. L'arbuste logeant ses chenilles a souvent été rasé et l'espèce n'a pas pu assurer son cycle.

"En 2016 nous avions recensé 84 espèces de papillons sur le domaine. Aujourd'hui on en compte 100 !", se réjouit l'équipe du jardin de l'escarelle.

Ce développement rapide est mesuré lors des inventaires, l'un des projets développé par la LPO. 

Lancement d'un grand inventaire participatif régional

Le 5 juillet une enquête participative, "Devine qui papillonne au jardin" sera lancée depuis le jardin aux papillons, bien au-delà des frontières du domaine. 

"Chacun peut alimenter notre base de données, Faune PACA", précise Marion Fouchard.

Une formation sur le domaine le 5 juillet et des tutoriels en accès libre en ligne permettent aux amateurs de se lancer.

L'application numérique propose à chacun de participer à la localisation des espèces sur l'ensemble du territoire, depuis son jardin, ou en promenade.

Pour la deuxième édition de l'enquête participative "Devine qui papillonne au jardin " en PACA, le jardin à papillons...

Publiée par Jardin à papillons de l'Escarelle sur Mardi 9 juin 2020

Un recensement participatif et ouvert à tous. "Après vérification, les informations rejoindront la base de données du muséum d'histoire naturelle", explique la responsable des refuges varois de la LPO.

"Ces données précieuses serviront ensuite à établir des statuts de protection pour certaines espèces menacées, ou en cas de projet d'urbanisme, de savoir sur quoi on construit", précise-t-elle.

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