Le 25 juillet, un navire heurte un récif près des côtes de l'île Maurice, des centaines de tonnes de fioul s'échappent. Aujourd'hui, les Mauriciens remplissent les salons de coiffure. Ils suivent les conseils d'un coiffeur du Var. Ensemble, ils absorbent les hydrocarbures avec des cheveux.
Le coiffeur Thierry Gras donne la moitié de son stock de cheveux aux Mauriciens. Soit vingt tonnes. Pour être plus fort qu'une marée noire.
Il faut tasser les cheveux dans des collants, ou des sacs de jute, et les cheveux "atsorbent" le gras. "Ils n'absorbent pas, ils atsorbent", explique Maeva Monnier, scientifique chez Ecoscience. "Le gras se glisse sous les écailles, et on peut vraiment le séparer".
Il y a 5000 ans, les Mongols faisaient du feutre avec des cheveux. Les Japonais les ont utilisés pour des pinceaux.
En France, les nobles s'essuyaient les mains sur les cheveux de leurs serfs. C'est dégoûtant mais apparemment efficace.
Et puis nous avons oublié les vertus du cheveu pour celles du plastique.
"C'est ça ou la poubelle. Les cheveux représentent la moitié de la poubelle d'un coiffeur ", explique Thierry Gras. "Alors que cette matière peut aussi être utilisée comme engrais, ou isolant, on fait même des tapis de cheveux contre l'érosion."
Le navire ne s'est pas cassé en deux, sa marchandise d'hydrocarbures a été pompée. Mais les fuites ont déjà fait beaucoup de mal. Avec des boudins remplis de cheveux, les hydrocarbures vont être absorbés, en mer et sur les côtes.
"J'aurais aimé y aller mais ils bloquent les touristes", regrette Thierry Gras. Il décide d'envoyer 20 tonnes de cheveux, la moitié de son stock. Etant donné qu'ils ont tous été coupés avant l'épidémie de Coronavirus, ils sont acceptés par l'île Maurice.
Une autre association humanitaire Octopus, se charge du transport. Les démarches administratives sont longues mais semblent arriver à leur terme.
Les Mauriciens n'attendent pas le stock de Coiffeurs Justes pour commencer à défendre leur terre. Ils ont déjà fabriqué des boudins, avec des dons venus de la Réunion et leurs propres cheveux.
Cette activité humanitaire prend de plus en plus d'ampleur. Thierry Gras est invité à Londres, en Suisse et même au Congrès mondial de la nature (UICN) à Marseille. Bientôt, il n'aura peut-être plus le temps de coiffer.
Il aimerait consacrer encore plus de temps à son association. Son objectif : "qu'on ne jette plus un seul cheveu sur la planète".