Dans le Var, une "guerre des campings" agite un village du Verdon

À Comps-sur-Artuby, il y a 346 habitants et deux campings : l'un est privé, l'autre, municipal. Problème : le PLU (Plan local d'urbanisme) fait une distinction entre eux, interdisant au premier ce qu'il autorise au second. L'affaire a été portée devant la justice.

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[Article mis à jour samedi 9 septembre] Après la parution de notre article, Alain Barale, le maire de Comps-sur-Artuby, a souhaité apporter des précisions. Elles sont ajoutées en fin de cet article.

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Il y a deux semaines, nous nous faisions l'écho de la décision du tribunal administratif de Toulon (Var), qui autorisait à nouveau la pratique du canyoning dans les gorges de l'Artuby et du Jabron.

Les maires de deux communes, dont celui de Comps-sur-Artuby, avaient fortement réduit la pratique de cette activité sur leurs territoires.

"Les canyonistes dorment dans mon camping. Mon camping dérange. Je vis ici et on n'est pas les bienvenus."

Éric Langlois et sa compagne gèrent un camping à Comps-sur-Artuby. Et ils aimeraient pouvoir s'occuper de leur affaire en toute quiétude. Mais, selon eux, le développement touristique n'est pas le bienvenu dans ce petit village du Haut-Var.

Ils ont porté l'affaire en justice et ont obtenu gain de cause en première instance.

"On a senti des tensions dès notre arrivée"

Août 2018. Sonia Gaultier et Éric Langlois, anciens agents immobiliers en Seine-et-Marne, décident de changer de vie et de racheter un camping associatif à Comps-sur-Artuby, à proximité des gorges du Verdon. Un "challenge" pour eux.

Des journalistes de France 3 Côte d'Azur étaient allés à leur rencontre à l'été 2021.

durée de la vidéo : 00h03mn34s
Au fil du Verdon : ils changent de vie pour reprendre un camping. Intervenants : Sonia Gaultier, Éric Langlois, une famille en vacances, Éric Langlois ©Maxime MEUNEVEAUX/Loïc COHEN-HEBBACHE/FTV

Le couple fait sa première saison en 2019. Ils construisent dans leur camping une habitation légère de loisirs (HLL), un "chalet de 34m²", pour y habiter à l'année avec leurs deux enfants.

"Lors du premier rendez-vous avec l'ancien maire [aujourd'hui décédé, NDLR]", se souvient Éric Langlois, "il nous a dit 'ah, c’est un problème, vous n’êtes pas les bienvenus, passez votre chemin". Sonia Gaultier enchaîne : "on a mis 18 mois à avoir une présentation de notre camping sur le site de la commune et on a dû se battre pour avoir des panneaux d’indication dans le village".

Dès qu’on est arrivé, on a senti des tensions et que notre présence gênait. Et en août 2020, nous avons eu un contrôle de la DDTM à la demande du maire concernant le chalet dans lequel on habite.

Sonia Gaultier

Il leur a alors été demandé de démonter cette habitation, ce qu'ils ont refusé, "sinon, nous n'avions plus de maison", poursuit la gérante des lieux.

Une décision qui se base sur le PLU de la commune en date de janvier 2016. Dans ce document, une distinction est faite entre les deux campings présents dans ce village de 346 habitants. Sur la zone où se situe Umawaka, le camping privé de Sonia Gaultier et Éric Langlois, les HLL sont interdits. Mais sur la zone où se situe le camping municipal, pas de restrictions concernant ces habitations.

"Quand on a demandé au maire pourquoi cette interdiction n’existe que sur notre camping, il ne nous a jamais répondu", poursuit Sonia Gaultier.

Résidences secondaires

Selon le couple, cette situation serait le fruit d'un village qui ne voudrait pas s'ouvrir au tourisme. "À Comps, il y a 50 habitants à l’année, mais plus de 300 votants", affirme Éric Langlois. "Ces propriétaires de résidences secondaires n'ont aucun intérêt à ce que le tourisme se développe ici. Que ce soit les HLL ou la pratique du canyoning, tout est lié !"

"Le camping associatif a reçu 6 personnes en 2016", complète sa compagne. "Pour les gens du village, c'était leur parc. Alors, quand on est arrivé et qu'on a mis un portail, ça n'a pas plu."

"On n'a rien contre eux"

On n’a rien contre eux, c’est une bonne chose qu’ils aient repris.

Alain Barale, maire de Comps-sur-Artuby

"Égalité de traitement"

"Les propos de mon prédécesseur Mr Gaymard sont erronés et il est regrettable de citer des propos d’un défunt qui ne pourra pas y répondre. Son épouse en a été très affectée. Mr Gaymard leur avait simplement dit que la saison touristique était courte et que ce ne serait pas facile de rentabiliser ce camping.
La présentation des coordonnées du camping Humawaka sur le site web de la commune évoquée par Sonia Gaultier existe depuis la création du site au même titre que celle du camping municipal, c'est moi-même qui m'en suis occupé personnellement, comme pour tous les autres commerces de Comps.
Les panneaux de signalisation du camping Humawaka ont été installés en même temps que tous les autres.
Les 'tensions' évoquées par Sonia Gaultier viennent principalement de leur part.
Concernant leur habitation, il n'a pas été question de démonter leur mobil-home mais de le remettre en conformité (roues, flèche et soubassement) conformément au PLU. Le PLU datant de 2016 leur était parfaitement connu quand ils ont acheté la parcelle et en particulier l'article sur les HLL.
La population de Comps-sur-Artuby est d'environ 340 personnes au dernier recensement vivant dans le village et les hameaux et non pas 50 comme il le dit. Cette population est largement supérieure à celle qui a des résidences secondaires.
La commune a défini dans son PLU et son PADD le tourisme comme développement prioritaire, notamment avec les campings. A ce sujet, nous avons obtenu le label "Commune touristique" et "Village fleuri", preuve de notre engagement pour le développement du tourisme. C'est avec plaisir que nous les avons accueillis mais leur comportement conflictuel permanent nuit considérablement à nos relations.
Avec le Conseil Municipal, nous avons proposé récemment une formule de conciliation gagnant-gagnant suite à une réunion du Conseil Municipal en présence de leur avocat et de Mr Nore, président du SHPA."

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