Les maires des deux communes avaient publié des arrêtés limitant la pratique des activités aquatiques dans les canyons le mercredi et le week-end. Le tribunal administratif de Toulon les a annulés début juillet.
Les randonnées aquatiques ont repris dans les gorges de l'Artuby et du Jabron, situées respectivement dans les communes de Comps-sur-Artuby et de Trigance, dans le Var.
Depuis juin 2021, les maires des deux villages interdisaient les randonnées aquatiques dans les canyons le mercredi, le week-end, les jours fériés ainsi que les soirs en semaine, empêchant de fait l'activité des sociétés de canyoning sur leur commune. Le canyoning était en outre totalement interdit entre le 1er octobre et le 30 mars, période durant laquelle le débit d'eau est très réduit dans ces canyons.
Le tribunal administratif de Toulon a suspendu le 6 juillet dernier les deux arrêtés municipaux qui formulaient ces interdictions. La dizaine de sociétés qui utilise les lieux pour leurs randonnées aquatiques est donc libre d'y retourner à tout moment de la semaine et de l'année.
Le tribunal demande par ailleurs aux communes de verser chacune 1.500 euros de dédommagement au groupe des requérants, qui comprend plusieurs gérants d'établissements de canyoning et des fédérations du secteur.
Durant toute la période d'interdiction, "il y a eu un manque à gagner", déplore Frédéric Estienne, moniteur de randonnée aquatique et gérant de la société Explore Aventure Verdon qui organise des sorties de canyoning à Comps-sur-Artuby et Trigance. "On devait refuser des personnes, notamment le week-end", témoigne-t-il.
Pas de danger, selon le juge administratif
Les maires de Comps-sur-Artuby et Trigance souhaitaient avec leurs arrêtés lutter contre la surfréquentation du lieu, protéger l'environnement et la tranquillité des riverains. "J'avais reçu des plaintes de la population qui voulait profiter du site", avance Stéphane Laval, le maire de Trigance, qui voulait en outre prévenir des accidents. En 2020, une personne est décédée sur sa commune en pratiquant le canyoning.
Pour la justice cependant, la décision de l'édile ne se justifiait pas. Le tribunal administratif informe qu'il "ne ressort (...) pas (...) que la pratique au cours de ces périodes des activités de nage en eaux vive et de canyonisme présentait un danger particulier pour les personnes, pour la qualité de l’eau ou pour les milieux naturels".
Les juges administratifs estiment en outre qu'il n'apparaît pas "que la pratique de ces activités portait une atteinte telle à la tranquillité publique qu’une intervention de l’autorité municipale était requise".
"Je ne suis pas d'accord avec ça", répond le maire de Trigance. Pour lui, l'absence caractérisée d'impact sur l'environnement tient davantage à l'absence d'étude sur le sujet. "On juge qu'il n'y a pas d'impact parce qu'il n'y a pas eu d'étude d'impact", déplore l'édile.
Ce dernier affirme que les sociétés organisant des randonnées aquatiques peuvent amener, en haute saison, "jusqu'à plusieurs groupes d'une quinzaine de personnes par jour".
"Il va falloir réglementer"
"À un certain moment, il va falloir réglementer", confie le maire, qui appelle une réglementation par arrêté préfectoral, comme dans les Alpes-de-Haute-Provence, où la préfecture n'autorise la pratique que l'été et en journée.
On est les mieux formés pour protéger l'environnement.
Frédéric Estienne, moniteur de randonnée aquatique
"On a des formations sur le sujet", avance Frédéric Estienne, gérant de la société Explore Aventure Verdon, basée à Comps-sur-Artuby.
Si aucune étude d'impact du canyoning n'a été menée sur les sites de Comps-sur-Artuby et de Trigance, Frédéric Estienne pointe celle menée dans le Couloir Samson, au nord de ces deux communes, qui révèle le faible impact de son activité sur l'environnement.
"Les gorges, c'est notre terrain, on en prend soin", assure le moniteur de randonnée.