Pendant trois jours, la cour d'assises du Var juge une affaire particulièrement choquante : un assassinat avec actes de torture, survenu sur fond de drogues.
C’est probablement un cocktail de drogues et de troubles psychiatriques qui ont conduit à l’impensable à Fréjus (Var), le 7 janvier 2022. Au terme de trois jours sans manger ni dormir, sous l’effet de la drogue qu’il s’achetait avec sa pension d’invalidité, Smaïne Marzouk, va larder de 61 coups de couteau son ami.
L’arme du crime : un couteau pliable avec une lame de 9cm, retrouvé par la police dans le vide-poche du scooter du suspect.
M. Marzouk s'en est pris à ce qui était son ami et l'a assassiné dans des conditions effroyables qui étaient une décapitation et une émasculation.
Me Gautier Lec, avocat de la partie civileà France 3 Côte d'Azur
Deux ans après, l’accusé fait face aux juges.
État psychologique
"Est-ce que c’est vous qui l'avez tué ?", questionne le président Patrick Véron. "Oui. Quand je l’ai tué, j’étais drogué, je ne voyais pas Nabil, je voyais le visage d’une autre personne qui essayait de me tuer, j’avais peur."
Quelques minutes après les faits, Smaïn Marzouk se rend à la gendarmerie avec, dans son sac-à-dos, la tête et le pénis tranchés de la victime.
Son état psychologique est au cœur des débats.
"Il y a forcément une atténuation de sa responsabilité par rapport à quelqu'un de 'normal' qui doit être prise en compte", explique Me Lionel Ferlaud, l'avocat de la défense.
L’accusé écoute le récit des faits, le menton appuyé sur ses imposantes mains.
Décapitation
À la barre, les médecins légistes confirment la grande violence de l’assassinat : les 61 blessures, la section de la carotide et de la gorge qui entraînent le décès en quelques secondes. Une fois la victime morte, Smaïn Marzouk continue dans l'atrocité.
"Une décapitation, ce n’est pas comme couper une pomme en deux, c’est difficile et ça demande beaucoup de temps", souligne le médecin expert en anatomie. La description des faits est insoutenable pour la famille de la victime.
Dans le box, l’accusé reste impassible. L’expert en personnalité le décrit comme un enfant de la Gabelle, à Fréjus, cadet d’une fratrie de sept enfants, déscolarisé très tôt et toxicomane depuis l’adolescence.
Casier judiciaire chargé
Aujourd’hui âgé de 41 ans, l'accusé est marié à sa cousine au Maroc et est père de deux enfants. Sa vie est marquée par les séjours en hôpital psychiatrique et en prison.
Il a à son casier judiciaire 21 condamnations pour vols avec violence, refus d'obtempérer, conduite sans permis, violnces sur personne dépositaire de l'autorité, menace avec arme, menaces de mort et dégradations.
C’est un parcours de vie tel 'Les Misérables' de Victor Hugo. Il n'a pas de formation, ne sait pas lire, ni écrire, se drogue très vite, causant des dégâts sur sa personnalité.
Me Lionel Ferlaud, avocat de la défenseà France 3 Côte d'Azur
Son état psychologique au moment des faits pèsera sur la peine que la cour d’assises pourra lui infliger : jusqu’à 30 ans de prison si elle juge que son discernement était altéré. Dans le cas contraire, Smaïn Marzouk encourt la réclusion criminelle à perpétuité.