Stéphane Bonifay et son entreprise Ecorecept sont soupçonnés de trafic de déchets. Une audience est prévue devant le tribunal correctionnel de Draguignan le 1ᵉʳ avril 2025, dans une affaire à 10 millions d'euros. Au lieu d'être recyclés, les déchets étaient notamment envoyés illégalement vers l'Espagne.
"Faire du déchet une ressource", c'était l'ambition affichée par l'entreprise Ecorecept, dirigée par Stéphane Bonifay. Elle est renvoyée devant la justice pour répondre de trafic de déchets.
Le dirigeant et notamment Ecocrecept spécialisée dans le traitement des déchets seront jugés le 1er avril 2025 devant le tribunal correctionnel de Draguignan.
Des déchets sous terre ou en Espagne, mais pas recyclés
D'après les éléments soulevés par l'enquête, des "centaines de tonnes" de déchets sont en réalité directement envoyées illégalement vers l'Espagne.
Pour d'autres, ils sont enfouis par "milliers de tonnes", sans autorisation, dans la carrière de Saint Baillon sur la commune de Flassans-sur-Issole. Enfin, les déchets destinés au recyclage ne le sont pas, et dangereusement entassés sur deux sites de traitement gérés par l'entreprise.
Début de carrière alléchante pour l'entreprise
Créée en 2017 après une nouvelle loi sur le tri des déchets pour les entreprises du BTP, la société remporte rapidement plusieurs marchés publics dans le Var "notamment pour la métropole toulonnaise et l’agglomération de Brignoles" souligne le Parquet de Draguignan dans un communiqué de presse.
Stéphane Bonifay n'est pas alors novice dans le secteur, il est membre de la direction générale du groupe de matériaux éponyme, et vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie.
Ecorecept propose des prix alléchants "rendus possibles par la violation de toutes les règles de prise en charge des déchets" affirme le ministère public.
Un trafic à 10 millions d'euros et de l'argent blanchi
Un trafic estimé à 10 millions d'euros, en gain, mais également en préjudice pour l'environnement. 2,5 millions d'euros ont été saisis dans cette procédure, à travers des biens immobiliers, des bateaux ou encore sur des comptes en banque. Des achats faits avec de l'argent sale, ou blanchi, selon l'enquête.
L'enquête est ouverte en 2023, dirigée par le pôle économique, financier et environnement du parquet de Draguignan. Ce, après plusieurs contrôles de la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) notamment chargée du respect des règles dans le domaine.
Le procès devra déterminer les responsabilités des mis en cause
La société mise en cause a été placée en liquidation judiciaire, "et les sites de traitement repris par une autre société, qui a dû supporter les coûts des opérations de remise aux normes" indique le parquet.
Dans l'attente de l'issue du procès et d'une condamnation définitive, toutes les personnes et entreprises mises en cause dans cette affaire restent présumées innocentes. Stéphane Bonifay et les entreprises concernées devront répondre d'infractions au Code de l'environnement, mais aussi de faux, usage de faux et blanchiment d'argent aggravé.