L'ADEME, l'Agence de l'environnement, estime que les dépôts sauvages coûtent en moyenne plus de 60 000 euros par an à chaque collectivité. Dépôts sauvages, déchets, pêche ou chasse illégale...Cette délinquance "pourrit la vie" des maires au quotidien. Des gros moyens sont déployés pour y faire face.
Dans de nombreuses villes de notre région, les dépôts sauvages de déchets ou de détritus se multiplient. Un fléau qui coûte très cher aux collectivités.
Alors pour y faire face, plusieurs villes ont décidé de réagir et de traquer les contrevenants grâce à la vidéo. Avec à la clé des amendes de plus en plus salées.
Mise en lumière par la mort accidentelle en 2019 de Jean-Mathieu Michel, maire du village de Signes dans le Var, la question des dépôts sauvages d'ordures préoccupe de plus en plus les élus locaux.
À Draguignan dans le Var, la ville a décidé pour identifier les contrevenants d'installer des pièges photographiques. Installés en hauteur autour des points de collecte, ils se déclenchent par détection de mouvement.
Les personnes s'exposent à une contravention jusqu'à 150 euros. Le maire souhaite augmenter sensiblement cette amende pour la faire passer à 500 euros.
Gregory Loew, adjoint aux travaux et à la démocratie, Ville de Draguignan
Depuis septembre, la ville varoise a mis en place cette brigade spécialisée. Au Luc en Provence, c'est grâce à la vidéosurveillance qu'on traque les dépôts sauvages. Dans cette commune varoise de 11 000 habitants, 68 caméras ont été installées. Une action qui a permis à la commune de réduire de 75 % le nombre de déchets sauvages.
Un Commandement pour l'environnement et la santé
Le nombre d'infractions liées aux dépôts de déchets sauvages constatés par la gendarmerie a augmenté de 85% entre 2017 et 2021, indique le général Sylvain Noyau, chef du Commandement pour l'environnement et la santé (Cesan) de la gendarmerie nationale.
Créé en 2023, l'objectif de ce Commandement est justement d'accompagner et de former les élus, en les "plaçant au centre des dispositifs", explique Sylvain Noyau.
Le Cesan a développé une application, "Gendélus", mettant à disposition des maires "une boîte à outils", avec des ressources, des fiches, un partage collaboratif des bonnes pratiques en la matière, des informations sur les différents leviers pour lutter contre la délinquance environnementale.
Le but de l'application est d'offrir aux maires, particulièrement ceux des petites communes, "un service clé en main, un guichet unique", précise Arnaut Dumontier. "Les outils existent, il faut maintenant accompagner les maires", poursuit Sylvain Noyau.
Une grande partie des dépôts sauvages concerne les déchets du bâtiment, déversés illégalement dans la nature par des artisans ou des entreprises de construction.
Ces atteintes ont un double coût pour les maires et les habitants. Un coût environnemental,
car elles polluent les eaux, les sols ou les airs, mais aussi un coût financier pour les communes, qui doivent procéder à des actes de nettoyage et d'enquête. La santé des habitants ainsi que leur qualité de vie peuvent également être affectées par ces atteintes à l'environnement.
De son côté, "la justice aussi évolue sur le sujet", se réjouit le général Noyau, affirmant que certains parquets réservent désormais des audiences uniquement dédiées aux affaires environnementales.