L'avocat général de la cour d'assises du Var a requis ce mercredi la réclusion criminelle à perpétuité contre Patrick Salameh, déjà condamné à deux reprises à cette même peine en première instance, pour les meurtres de quatre femmes en 2008 à Marseille.
Réclusion criminelle à perpétuité : voilà le requisitoire de l'avocat général de la cour d'assises du Var contre Patrick Salameh, dont le procès en appel se termine cette semaine. Cette peine avait déjà été prononcée en première instance à deux reprises pour les meurtres de quatre femmes en 2008 à Marseille.
"Un homme intelligent"
Tout au long d'un réquisitoire étalé sur deux jours, l'avocate générale Martine Assonion, "le coeur lourd à l'évocation de ces jeunes femmes volatilisées en quelques minutes", s'est attachée à décortiquer le mode opératoire de Patrick Salameh, "un homme intelligent", qui coche "toutes les cases de la grille mise en place par le FBI" pour caractériser un tueur organisé.Jugé en appel depuis cinq semaines à Draguignan, cet homme de 59 ans est accusé d'avoir tué à Marseille en 2008 quatre femmes dont les corps n'ont jamais été retrouvés.
Lors de deux procès en avril 2014 et octobre 2015, Salameh, qui a toujours nié l'ensemble des faits qui lui sont reprochés, a déjà été condamné, à deux reprises, à la perpétuité.
L'avocate générale a décrit sa façon de monter "des murs pour éviter qu'on remonte jusqu'à lui", comme la consultation de sites Internet depuis des cyber-cafés, les appels passés depuis des cabines téléphoniques, les intermédiaires utilisés pour contacter les victimes ou la façon de se créer des alibis.
Des corps jamais retrouvés
La première victime, une lycéenne de 20 ans, Fatima, avait disparu le 7 mai 2008 après s'être rendue à un rendez-vous fixé depuis une cabine téléphonique par un homme qui lui avait proposé de faire du baby-sitting.Entre octobre et novembre 2008, trois prostituées, Irina, une Ukrainienne de 42 ans, Cristina, une Roumaine de 23 ans, et Zineb, une Algérienne de 28 ans, contactées elles aussi depuis une cabine téléphonique, avaient à leur tour disparu. Les enquêteurs avaient alors fait le rapprochement avec la première disparition, fortement médiatisée à l'époque.
Pour le ministère public, "le dossier de Fatima (la baby-sitter) éclaire totalement les agissements de Patrick Salameh à l'égard des prostituées disparues". Inversement, "le dossier des prostituées conforte celui de Fatima", dans lequel aucune trace d'ADN n'incrimine formellement l'accusé, à la différence de la série de meurtres des prostituées.
Patrick Salameh, affichant tantôt un air impassible, tantôt un air satisfait dans son box, faisant tout au long du réquisitoire des signes de dénégation de la tête, s'est vu également reprocher lors de cette audience de presque cinq semaines la séquestration et le viol d'une quatrième prostituée, Soumia, présente lors des débats.
Le verdict est attendu jeudi dans l'après-midi, après les plaidoiries des trois avocats de la défense et une dernière possibilité pour l'accusé de prendre la parole.