Claviers est un joli village varois, que la vie semble avoir un peu déserté. Pourtant le garage de Christophe résiste. On y passe pour réparer sa vitre, changer ses freins et, en quelques minutes, on est ici comme on est au café… Un lieu de rencontres, d’échanges, de partage. "Garage, des moteurs et des hommes", un film de Claire Simon.
Claviers, 700 habitants. C’est ici que la réalisatrice a grandi. Aujourd’hui son village, comme tant d’autres dans la région, se consacre surtout aux vacanciers ou aux retraités venus s’y reposer. Il s’étiole quelque peu... Pourtant, il existe ici un lieu de vie, de rencontres, de discussions : c’est le garage auto-moto de Christophe.
Quoi qu’on fasse ici, il faut une voiture et le garage est devenu le lieu de tous. Tous, c’est-à-dire les hommes. Parfois les femmes y passent, jeter un œil. Claire Simon
Dans un monde rural sans transports publics, le garage a une importance vitale. Qu’ils soient du village ou d’ailleurs, les clients ont besoin qu’on répare leur voiture ou leur moto.
"C’est un club masculin où les hommes adorent se retrouver et se dire quelques mots dans la langue des moteurs et de la mécanique. Une langue technique faite d’acronymes mystérieux, qui sonnent comme des slogans sous lesquels se retrouver, s’assurer qu’on fait partie du même groupe : les hommes", observe la réalisatrice.
Christophe, trentenaire énergique, est le maître des lieux et le chirurgien de ces corps de métal. Son travail c’est d’abord le diagnostic, ouvrir le capot, regarder, tester et annoncer la couleur.
Ici, le téléphone ne cesse de sonner, une panne vire au casse-tête à suspense, les copains passent dire bonjour ou chercher des affaires … Christophe est sans cesse en mouvement. Les journées au garage sont bien remplies.
Son apprenti de 17 ans, Romaric, supporte patiemment ses colères passagères, attend, obéit, essaye d’anticiper mais pas trop. Parfois sa copine vient le chercher ou l’accompagne le matin. Une fois dans le garage, elle s’ennuie ferme et joue à des jeux sur son portable, laissant les hommes échanger nouvelles et pronostics sur leurs voitures.
La femme de Christophe passe aussi, avec leur fils Gianni. Le petit garçon est le roi du garage. Le voilà installé sur une mini moto, tenant le guidon tandis que son père démarre et conduit, invitant l’enfant dans le royaume des moteurs, de la vitesse…
Il y a aussi des clientes, qui semblent un peu empruntées, intimidées dans cet univers, mais Christophe sait les mettre à l’aise. On le voit par exemple se lancer dans le récit de la grossesse de son épouse, raconter le régime suivi pour s’assurer du sexe du bébé. Lui préférait avoir un garçon, une première échographie annonçait une fille, il aurait été content, puis une nouvelle échographie leur a annoncé un garçon, il en a pleuré de joie…
Voir l'interview de la réalisatrice Claire Simon : "le centre du village, c'est ce garage"
Au fil des conversations se dessine la vie des habitants : la politique, le travail, la famille…
Ainsi, ce garage, d’où l’on aperçoit, en face, la beauté du paysage méditerranéen, devient le théâtre de la vie du village. On y découvre sa vraie population, sa langue, ses scènes, et surtout cette tradition patriarcale du monde masculin remise au goût du jour.
Garage, des moteurs et des hommes
Un film de 52’ de Claire Simon.
Une coproduction France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur / Petit à Petit Production.
Diffusions jeudi 27 janvier à 22h55 et mardi 1er février à 9h50 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.