C'est au coeur même du Centre hospitalier de la Dracénie qu'a ouvert cette nouvelle structure. Portée, entre autres, par l'Agence régionale de Santé et l'association la Voix de l'enfant, elle doit permettre de mieux prendre en charge les enfants victimes de violences intrafamiliales.
C'est une 1re dans le Var, et même dans toute la région Provence Alpes Cote d'Azur. Une unité d'accueil pédiatrique pour enfants en danger (UAPED) vient de voir le jour dans une aile du centre Hospitalier de la Dracénie, à Draguignan.
Objectif affiché: mieux prendre en charge les enfants victimes de violences.
Vitre sans tain et dispositif vidéo
Concrètement, il s'agit de deux salles, spécialement décorées et meublées pour mettre à l'aise les enfants. Tableaux et mobiliers colorés, crayons de couleur et tables dessins, nombreuses peluches...et même un énorme nounours. "Le but est d'avoir un lieu d'écoute bienveillant" explique Caroline Chassin, la directrice de l'hôpital.
"Tout est fait pour que les enfants puissent se confier plus facilement", explique le Dr Pauline Vignoles chef du pôle Femme-mère-enfant de l'hôpital de Draguignan.
L'une des deux salles est équipée d'une vitre sans tain et d'un dispositif vidéo, qui permettra d'enregistrer numériquement le témoignage de l'enfant et de ses proches. Et surtout, de lui éviter de devoir répéter à plusieurs professionnels (enquêteurs de police ou de gendarmerie, médecins, gynécologues, psychologues...) les faits qu'il a subi.
Il peut s'agir de violences physiques, sexuelles ou psychologiques, et parfois des trois à la fois.
Coordonner la prise en charge en un seul lien
"L'idée est de regrouper les différents intervenants dans un lieu unique, en essayant aussi de les coordonner sur une journée unique, pour qu'à l'issue de l'audition, un examen médical de l'enfant puisse être fait. Et pour qu'on puisse aussi prévoir un accompagnement psychologique pour l'enfant et pour la famille", explique le Dr Pauline Vignoles, chef du pôle Femme mère enfant de l'hôpital, qui s'est battue pour obtenir cette structure.
Prévue en 2020, la naissance de cette UAPED a dû être repoussée à cause du COVID-19, qui a durablement touché l'hôpital et fragilisé son service des urgences, actuellement fermé la nuit depuis octobre 2021.
Mais aujourd'hui, tous les professionnels se réjouissent de la voir enfin opérationnelle.
"Ce que ces enfants vivent est déjà tellement dur, que nous voulions absolument éviter de leur faire répéter un millier de fois leurs souffrances, ce qui ravive à chaque fois la douleur. De ce point de vue, cette structure est une vraie avancée", explique Lauren Pizzio, avocate et représentante de l'association La Voix de l'enfant.
Partenariat avec la justice
En parallèle, un partenariat a été signé entre le Centre hospitalier et le parquet de Draguignan. L'objectif est de mettre cette structure à disposition de la justice et des enquêteurs de la police ou de la gendarmerie du Var.
"Sur réquisition judiciaire, le local est mis à disposition, et peut être utilisé à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il est accessible 7 jours sur 7, et 24h sur 24h. Par ailleurs , sur signalement des professionnels de santé, on peut aussi mobiliser et utiliser cette unité", explique Caroline Chassin, la directrice du Centre Hospitalier de la Dracénie.
Une 1ère dans le Var
L'association La voix de l'enfant, elle aussi, se réjouit de cette structure, qui manquait dans le Var. Actuellement, seule la gendarmerie disposait d'un lieu spécialement aménagé pour l'audition des mineurs victimes de violence, une salle dite "Mélanie", située dans l'ouest du département.
"Le sort des enfants victimes était compliqué, notamment dans le département du Var. De par la topographie, les familles devaient porter plainte à un endroit, puis devaient aller voir un médecin à un autre endroit. Cela générait de très nombreux kilomètres, et cela décourageait parfois les familles. Avec parfois pour conséquence des abandons de procédure. Désormais, on espère que cela ne sera plus le cas", se réjouit Lauren Pizzio, représentante de La voix de l'enfant.
Retard en PACA
La 1ère UAPED a vu le jour le en 1998 à Béziers. Depuis, l'association se bat pour multiplier ce genre de structure dans la région. "C'est la 73ème à voir le jour en France, mais la 1ère dans le Var, et même en PACA! Nous sommes assez en retard dans ce domaine, surtout comparé à d'autres régions comme l'ouest ou le nord-est du pays", assure Mme Pizzio.
Heureusement, le mouvement semble lancé. D'autres structures similaires devraient prochainement ouvrir à Marseille par exemple.