Les vendanges ont commencé ce mercredi dans le Var. Gel, canicule printanière suivie d'un été sec, le vignoble français n'a pas été épargné par les intempéries cette année et les vendanges sont en avance, avec des quantités en forte baisse mais une qualité au rendez-vous.
"Les vendanges seront excessivement précoces dans tous les bassins de production, on aura à peu près partout 15 jours d'avance, même en Champagne", a déclaré à l'AFP Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vins de FranceAgriMer et secrétaire général de la FNSEA, principal syndicat agricole français.
Alors que dans les Pyrénées-Orientales, la récolte a commencé fin juillet avec quinze jours d'avance, elles démarrent mercredi à Ramatuelle dans le Var,
et en fin de semaine dans le Gard et le Vaucluse, une avance "inhabituelle", selon les professionnels de la région.
Viticulteur dans l'Hérault depuis 30 ans, M. Despey raconte que "jamais il n'avait commencé les vendanges aux alentours du 10 août. Au 15 août, ça nous était arrivé en 1991".
Cette précocité est également "la tendance générale dans le Bordelais: on est à peu près tous logés à la même enseigne, après un hiver très doux et un printemps qui, malgré l'épisode de gel du mois d'avril, a favorisé la sortie de la vigne en avance", dit à l'AFP Bruno Baylet, du château Landereau, situé dans l'Entre-deux-Mers.
Le fait inquiétant reste cependant pour M. Despey qu'il a "entre 20 et 30% de moins de récolte par rapport à l'année dernière" sur sa propre exploitation. "Tout semble confirmer que nous allons faire les plus petites récoltes enregistrées depuis le début du siècle".
Ce phénomène est dû selon lui à une combinaison de facteurs: la chaleur précoce au printemps, suivie de l'épisode de gel qui a eu une ampleur importante dans le sud-ouest en remontant sur la Loire et la façade est du pays, et un temps sec durant l'été dans le sud qui a accéléré la maturité, mais a fait que les raisins sont plus petits.
Ainsi dans les régions touchées par le gel, l'Association des viticulteurs d'Alsace s'attend à "une petite récolte", avec une baisse des volumes d'environ 30%, tandis que le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) prévoit une baisse de l'ordre de 40% et celui des vins du Languedoc (CIVL) une baisse de 10%.
"C'est une année à oublier pour les viticulteurs de la côte de Toul...", témoigne pour sa part David Lelièvre, producteur en Meurthe-et-Moselle, avec des rendements en baisse pour tous les viticulteurs de la zone, touchée par des gels au mois d'avril et un épisode de grêle fin mai.
M. Despey en appelle au ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, "pour que des mesures de trésorerie" soient prises "devant la situation difficile que vont vivre les producteurs avec 30% voire 80% de pertes pour ceux dont la production a été gelée".
Bon niveau qualitatif
Par contre, au niveau qualitatif cette récolte s'annonce bonne. "On devrait avoir un millésime exceptionnel au vu des conditions climatiques", assure M. Despey.
Malgré une récolte moyenne, "la qualité est bonne, on n'a pas de problème phytosanitaire", résume pour l'AFP Denis Pigouche, président des vignerons du Roussillon. Le viticulteur savoyard Patrice Jacquin, qui va "commencer les vendanges le 1er jour de septembre, soit 15 jours à 3 semaines en avance", s'estime "privilégié".
Avec ce dérèglement climatique, dit-il, "nos vins gagnent en puissance et en concentration". "Les raisins sont très sains et on se dirige vers une récolte de qualité" dans le Beaujolais, déclare à l'AFP Dominique Piron, producteur et président d'Inter-Beaujolais, avec peu de maladies et donc peu de traitements.
Si la Bourgogne s'attend elle aussi à une récolte de qualité cette année, elle se singularise par "des dates de vendanges classiques, dans le premier tiers de
septembre", selon Thomas Nicolet, directeur de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB).
La région viticole est également l'une des seules à ne pas prévoir de baisse de production pour ce millésime 2017. "On n'a pas été frappé par la grêle comme d'autres régions", explique M. Nicolet, donc "de Chablis à Mâcon, il n'y a aucun souci de quantité. On devrait être dans
la quantité et la qualité", affirme-t-il.