Pendant trois jours, douze bénévoles ont fait plus de 1.000 kilomètres depuis les Alpes-Maritimes et le Var pour venir aider les habitants sinistrés de Paiporta, une commune de la banlieue de Valence, en Espagne. Après les inondations meurtrières qui ont touché la commune il y a un mois, il y a encore beaucoup de nettoyage à faire.
Ils sont ébéniste, fonctionnaire, sapeur-pompier, accompagnateur en montagne ou en fin d'études... Ils viennent de Nice, de la vallée de la Vésubie, de Menton ou de Fréjus. En l'espace de quelques jours, ces douze bénévoles ont tous répondu présents et réorganisé leurs vies de famille et professionnelle pour partir en mission en Espagne, à Paiporta, une commune de près de 30.000 habitants au sud de Valence.
Cette ville est l'épicentre des inondations qui ont touché la région le 29 octobre dernier.
500mm de pluie sont tombées en moins de six heures, c'est exactement ce qu'il y a eu dans la vallée de la Roya [en 2020, lors de la tempête Alex, NDLR].
Adrien Chaussade, coordinateur de la mission, bénévole Mission trekkeurs
France 3 Côte d'Azur a suivi sur place les bénévoles de Mission trekkeurs, des Week-ends solidaires et du Secours populaire.
> Des Alpes-Maritimes et du Var, jusqu'à vers Paiporta, près de Valence :
Une mission de trois jours
Pendant trois jours, les douze bénévoles azuréens se sont rendus dans plusieurs parkings souterrains de Paiporta.
La boue qu'ils retirent à la force des bras et du dos est un mélange de terre, d'eaux usées ou encore d'huiles... C'est pourquoi ils sont tous équipés d'une combinaison, de masques, de gants et de bottes.
On force pour sortir la boue, on force pour porter les seaux. On fait ça en permanence toute la journée, c'est éprouvant pour le dos.
Matthieu Whyte, bénévole au Secours populaireà France 3 Côte d'Azur
"On soulève des seaux, c'est très, très lourd, mais il y a une très bonne ambiance dans l'équipe et ça donne l'énergie de continuer et de ne pas baisser les bras", complète Diane Endeme, une autre bénévole.
Sur place, les bénévoles sont en lien avec des habitants. Plusieurs ont quitté leur emploi pour aider au nettoyage et à la reconstruction. C'est le cas de Maria, une architecte. C'est elle qui héberge les douze Français et les oriente vers les chantiers à réaliser.
150 sous-sols encore inondés
Avant d'enlever la boue, il faut d'abord évacuer l'eau. Dans le parking de cet immeuble, Mission trekkeurs a installé une pompe. Pendant toute une journée, elle va extraire l'eau pour la rejeter dans les égouts de la ville.
Un mois après les inondations, il reste encore 150 sous-sols inondés à Paiporta. "Les images qu'on a vues, c'était apocalyptique", se souvient Sophie Lamy, des Week-ends solidaires.
"C'est pas suffisant de dire 'C'est terrible !' dans son salon."
On a connu la tempête Alex et on sait que les particuliers, si des bénévoles ne viennent pas les aider, ils sont tout seuls.
Sophie Lamy, bénévole Week-ends solidairesà France 3 Côte d'Azur
Des bénévoles en nombre
En semaine, on dénombre environ 250 bénévoles dans les rues de Paiporta, un nombre qui double, voire triple les week-ends.
Parmi les bénévoles venus de la Côte d'Azur, certains effectuent leur première mission. D'autres sont des habitués. Cédric Gallien, lui, a déjà donné un coup de main à plusieurs reprises dans la vallée de la Roya post-tempête Alex et après les inondations qui ont touché la Belgique en juillet 2021.
"J'ai fait plus de 100 jours dans la Roya", se souvient-il, "je ne compte plus le nombre de missions !"
J'ai découvert l'humanitaire : aider les gens dans le besoin, qui n'ont pas forcément la condition physique ou les moyens.
Cédric Gallien, bénévole Mission trekkeursà France 3 Côte d'Azur
Sur les murs et aux balcons des immeubles, les Espagnols affichent des messages de remerciements à destination des bénévoles. "Je puise ma force dans tous ces remerciements qu’on a des habitants de Paiporta", poursuit Diane Endeme. "Quand les gens nous rencontrent, ils nous remercient chaleureusement et certains versent même une larme. Ça montre que ce qu’on fait ici, ça les aide."
Une vie qui reprend à Paiporta
Dans les rues de Paiporta, la circulation a repris. Pompiers, militaires et policiers patrouillent en permanence. Les dernières carcasses de voitures sont enlevées les unes après les autres. Au sol et dans l'air, la poussière est omniprésente. L'odeur des égouts également. Les Espagnols vivent au milieu d'un gigantesque chantier...
La population s'équipe comme elle peut avec des masques et s'approvisionne grâce à des dons de nourriture ou auprès de l'ONG World central kitchen, qui prépare quotidiennement des plats pour les habitants et les bénévoles.
La vie économique de la ville est au point mort. Tous les commerces ont été touchés par les inondations. Un mois plus tard, certains commencent tout juste à rouvrir leur rideau : ici un vendeur de fruits et légumes, là un coiffeur.
Lourd bilan humain et matériel
Les dégâts dans les bâtiments sont considérables. Sur place, nous avons constaté des pompiers installer des tréteaux pour soutenir les étages d'un immeuble. Il y a quelques jours, à Massanassa, une commune voisine de Paiporta, un ouvrier est décédé après que le toit d'une école dans laquelle il intervenait se soit effondré.
Le bilan des inondations fait désormais état de 228 morts, dont 221 dans la région de Valence.
Selon Carlos Mazon, le président de la région de Valence, le coût de la reconstruction dépasse les 31 milliards d'euros, trente fois plus que ce qu'a coûté la tempête Alex.
Ce mercredi, le premier ministre espagnol Pédro Sánchez a annoncé un troisième paquet d'aides, portant à 16,6 milliards d'euros l'enveloppe globale débloquée par le gouvernement.