La Confédération africaine de football (CAF) a versé, lors de l’achat de ballons, au moins 369 000 dollars à une société offshore basée à Dubaï. Un entrepreneur varois et le directeur du centre de formation du Rugby Club Toulonnais avaient été mis en cause avant qu'une décision du Tribunal arbitral du sport écarte leur responsabilité.
Tout s'est emballé avec une information judiciaire ouverte le 28 mai par le parquet de Marseille pour "corruption", "blanchiment", "abus de confiance", "recel", "faux et usage de faux" et "association de malfaiteurs". Quelques jours après, jeudi 6 juin, le Malgache Ahmad Ahmad, président de la CAF, la Confédération africaine de football, a été interpellé et interrogé à Paris. Il est ressorti libre sans être poursuivi.
Une enquête a été ouverte par la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Marseille. Les enquêteurs veulent obtenir des renseignements au sujet d'un contrat passé avec une société française, basé à la Seyne-sur-Mer dans le Var.
L'entreprise Tactical Steel aurait obtenu un contrat avec la CAF pour un montant de 1,05 million d'euros. Dans le même temps, l'équipementier allemand Puma proposait lui une facture de 312 000 € pour une prestation similaire a vu son contrat passé avec la fédération être annulé.
Des documents confidentiels
Le site d'information en ligne Médiapart et le magazine allemand Der Spiegel se seraient procuré des dizaines de documents confidentiels. Selon leurs informations : La Confédération Africaine de Football "a acheté à Tactical Steel, en seulement un an et demi, au moins 4,5 millions de dollars d’équipements de foot".
Le site Médiapart ajoute que dans le cadre d'un achat de 60 000 ballons pour 2,5 millions de dollars une partie de cette somme aurait transitée par un paradis fiscal.
"369 000 dollars ont en fin de compte été payés par la CAF à une société immatriculée à Dubaï, contrôlée par le patron de Tactical Romuald Seillier et par Laurent Emmanuelli, directeur du centre de formation du prestigieux Rugby club toulonnais" selon le site d'information en ligne.
Pas d'expérience dans le football
Comme son nom l'indique, la société Tactical Steel travaille le métal et n'a aucune expérience en matière d'équipements de football. Médiapart a réussi à joindre Romuald Seillier, directeur général de l'entreprise, qui explique simplement accepter le challenge : "Dans ma vie, je n’ai relevé que des défis très difficiles." Romuald Seillier a déposé plainte pour faux et usage de faux au sujet de documents dont l'un a été publié dans la presse.
"Je conteste formellement et vigoureusement toutes les allégations, voire les éventuelles accusations qui pourraient être dirigées à mon encontre" a fait savoir à Médiapart son associé, Laurent Emmanuelli, le directeur du centre de formation du RCT.
De son côté, le président de la Confédération Africaine de Football Ahmad Ahmad est toujours en poste. Pour se défendre dans cette affaire il évoque un complot de ses adversaires.
Le TAS met hors de cause Tactical Steel sur plusieurs points
Dans une décision datant du 5 octobre 2021, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a mis hors de cause la société Tactical Steel dans cette affaire sur plusieurs points en estimant que "dans le cadre de l’analyse de la violation du devoir de loyauté (article 15 FCE 2018), la Formation arbitrale est parvenue à la conclusion que les liens entre M. Gérand et M. Seillier ne créaient pas de conflit d’intérêts, que M. Ahmad avait agi de manière transparente vis-à-vis du Comité exécutif et de l’administration de la CAF concernant la recherche en urgence d’un équipementier pour la CHAN 2018, et qu’il avait agi dans les intérêts de la CAF en annulant la commande Puma et en acceptant l’offre de Tactical Steel".
Le TAS précise dans cette décision que "partant, il est établi à l’adéquate satisfaction de la Formation arbitrale que M. Ahmad n’a pas enfreint les règles de conduite générales au sens de l’article 13 FCE 2020 en lien avec Tactical Steel".