Le maire de Saint-Raphaël Frédéric Masquelier (DVD) a réuni le conseil municipal jeudi soir à l'Estérel Arena. Entouré de caricatures de Charlie Hebdo, il a tenu à rendre hommage au professeur Samuel Paty et a annoncé des mesures pour lutter contre la radicalisation.
Jeudi soir, le conseil muncipal a démarré par une minute de silence à Saint-Raphaël. Le visage grave, les élus ont tenu à rendre hommage au professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, assassiné à Conflans-Sainte-Honorine vendredi dernier.
Dans son discours d'introduction d'une dizaine de minutes, l'édile n'hésite pas à comparer le climat actuel en France à celui de l'entre-deux-guerres : "On voyait bien ce qui pouvait arriver mais personne ne bougeait. Et si on se désolait dans les salons sur le sort des premières victimes, peu de voix se sont élevées pour dénoncer le port de l’étoile, la spoliation et les meurtres des premiers Juifs", a-t-il déploré.J'ai une pensée profondément émue pour Samuel Paty, professeur d'histoire, assassiné à l'âge de 47 ans parce qu'il aimait son métier. Décapité, parce qu'il a fait son métier d'enseignant en apprenant à ses élèves l'esprit critique et la liberté d'exprimer ses idées. (...) Nous tenions à lui rendre hommage à travers cette séance avec l'affichage symbolique des caricatures qui lui ont coûté la vie. Cet hommage se veut, au-delà des discours et des manifestations d'attention, ponctué par des actes. Car on ne peut pas rester passif face à cette situation.
Devant les élus, cet avocat de profession a affirmé sa volonté d'aller au front contre "des gens qui ont pour objectif de détruire notre mode de vie et notre mode de pensée." "Il faut arrêter de nous coucher devant l'inacceptable", a-t-il poursuivi.
Un plan d'action contre la radicalisation
Le maire de Saint-Raphaël, qui souhaite "relever la garde et renforcer la vigilance", a présenté aux élus une motion : celle-ci a recueilli l'unanimité des voix du conseil municipal. Ce plan d'action se décline en neuf points :1) Organiser des réunions de travail conjointes avec les communes voisines de Fréjus et de Puget-sur-Argens, qui ont déjà donné leur accord, pour "aborder les thématiques de la sécurité, de la prévention de la délinquance et de la lutte contre toutes les formes de radicalisation". Le premier groupe de travail doit se tenir début novembre.
2) D'ici la fin de l'année, la convention de coordination conclue entre la commune et l’État sera rédiscutée : il sera notamment demandé aux représentants de la police et de la justice d'inclure le volet ‘‘lutte contre la radicalisation’’ dans leur périmètre d’intervention. "Ce nouveau volet sera obligatoire, prioritaire et permanent", a assuré le maire.
3) Autre point : la municipalité sollicitera auprès de la police, de la préfecture et du procureur de la République l'accès au registre des fichés ‘‘S’’ du territoire.
4) Parallèlement, le maire souhaite la création d’un Conseil des Droits et Devoirs des Familles (CDDF) qui aura pour rôle de repérer les premiers signaux en matière de radicalisation. Cela se fera notamment "via le prisme du décrochage scolaire et de la petite délinquance".
5) Frédéric Masquelier invite aussi le directeur académique à coopérer davantage avec les maires, afin que les actes de radicalisation en milieu scolaire soient systématiquement remontés. "Il faut sortir des discours convenus du type : 'il n'y a aucun problème'".
6) Des référents ‘‘laïcité’’ seront désignés au sein des services éducation et sports de la collectivité.
7) Les agents de la commune seront formés pour apprendre à détecter et à gérer les signes de radicalisation.
8) Le 9 décembre, date d'anniversaire de la loi 1905, une conférence sur l'islamisme radical sera proposée dans le cadre du cycle annuel des conférences. "Le thème de la laïcité doit redevenir un axe fort de nos programmations culturelles et événementielles", a avancé l'édile.
9) Les associations feront l'objet de contrôles amplifiés. La mairie prévoit d'adopter une charte : celle-ci reprendra tous les principes républicains, dont l'égalité entre les hommes et les femmes. En cas de non-respect de cette charte, les associations se verront retirer leurs subventions et avantages municipaux (prêt de matériel, de salles etc.)