Pourquoi des communes comme celle de Saint-Raphaël rejettent-elles les posidonies mortes en mer ?

On pourrait dire : retour à l'envoyeur ! En ce moment sur une plage de Saint-Raphaël dans le Var, de gros travaux sont en cours. Il s'agit de préparer une opération de clapage : le fait de rejeter les posidonies mortes en mer et cela serait bon pour l'environnement. Explications.

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La posidonie est une plante marine à fleurs (et non une algue) qui possède des vertus essentielles pour notre écosystème.

Assez mal connue du grand public, elle colle aux serviettes de plage quand elle y termine sa vie et stresse les jeunes baigneurs qui ont trop souvent de l'appréhension à se baigner au-dessus ! Sans oublier, les "kiwis" qu'elle produit. Les pelotes de mer : 

La posidonie a tout pour plaire, même morte

Et pourtant, en Méditerranée, elle a tout pour plaire. Pour la faune d’abord, à qui elle sert d’habitat et de "nurserie" pour les jeunes poissons. Elle représente également un outil de lutte contre le réchauffement climatique par sa grande capacité de stockage de carbone (jusqu’à 1 500 tonnes par hectare, plus que la forêt).

On la qualifie notamment de « poumon de la Méditerranée  » pour sa production d’oxygène. À la fois pièges à carbones et producteurs d'oxygène, ce sont des régulateurs précieux de notre climat.

Enfin, elle protège aussi les côtes de l’érosion en formant des "banquettes de posidonie", des amas naturels sur les plages comme de gros matelas de plage !

Quand vient l'été, les mairies des Alpes-Maritimes ou du Var sortent les gros moyens pour nettoyer le sable et rendre leur blondeur aux plages. 

Ainsi, ce mardi 27 juin, c'est jour de récolte à Saint-Raphaël. Il faut d'abord charger sur des barges les "feuilles mortes" pour ensuite prendre le large.

À 15 minutes bateau depuis la côte varoise, elles sont déposées et dispersées en mer. C'est le "clapage".

Sur la barge, on met entre 12 et 15 tonnes et on fait une dizaine de rotations par jour. Des manœuvres de 2h à 8/9 h du matin car la nuit la mer est belle et on prend moins de risque par rapport à la fréquentation.

Maurin Ballestra, de l'entreprise ATE en charge du clapage.

C'est la 1ʳᵉ fois qu'une telle opération est menée à Saint-Raphaël. L'objectif est double : débarrasser la plage de ces posidonies parfois envahissantes. Et surtout, lutter contre l'érosion des fonds marins.

Car cette espèce protégée au titre des réglementations internationale, européenne et nationale est très utile. Les "feuilles" présentes sur les plages ou en mer sont des abris et sources d’alimentation pour de nombreuses espèces, source de carbone et de nutriment, stabilisation/piège à sédiments, etc.

Une fois en mer, elles vont participer à la valorisation de l'écosystème car elles seront dans leur milieu naturel. Elles vont se désagréger gentiment ou faire des petits nids pour les petites bêtes qui sont au fond et vont nourrir les fonds marins.

Sylvie Blanc, adjointe au maire de Saint-Raphaël, chargée de l'écologie intelligente.

Plus de 700 m3 de posidonies sont cette année collectées sur l'une des plages de la commune. La plage de l'Arène Grosse pourra retrouver son sable maculé pour accueillir les serviettes en coton :

À Golfe-Juan ou cannes dans les Alpes-Maritimes, le clapage se fait déjà depuis plusieurs années. 

En 2020 par exemple, ce sont près de 4 000 mètres cubes de posidonies qui ont été rejetées en mer en baie de Cannes. Pour un coût total de 208 740 euros. La fosse sous-marine qui les accueille est elle située à quatre milles nautiques au sud de l’île Saint Honorat.

Une vraie fausse bonne idée ? 

La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement - DREAL en région Provence-Alpes-Côte d’Azur préconise de ne pas déplacer les banquettes de posidonies, y compris en période estivale. "Exceptionnellement, à partir du printemps, elles peuvent être déplacées, si elles posent un problème de sécurité pour l’accueil du public par exemple", précise France Nature Environnement. 

En aucun cas les banquettes ne peuvent être détruites, évacuées en décharge ou valorisées. La DREAL propose des mesures de gestion, par exemple, les étaler sur une partie de plage moins fréquentée ou soumise à érosion, les déplacer vers une autre plage, les repousser directement en mer lorsque les conditions permettent leur entraînement loin de la côte…

Selon France Nature Environnement.

Dès la fin de saison estivale, les banquettes doivent être remises sur la surface de la plage initiale ou déplacées vers une autre plage qui serait soumise à érosion... Compliqué non ? La gestion des banquettes de posidonies est presque systématiquement prévue dans les contrats de concession de plage, signés entre l’État (propriétaire du domaine public maritime) et la commune ou l'intercommunalité.

A Marseille, le retrait des posidonies sèches fait débat. Des scientifiques y sont opposés, notamment car l'herbe reste nourricière pour de nombreux organismes vivants :

En région Provence-Alpes Côte d’Azur, un autre souci se pose...

Des feuilles de posidonies mortes s’accumulent parfois dans certains ports, exutoires pluviaux, embouchures de fleuves, les rendant inopérants.

Le risque d'inondation est alors grand, des dérogations de destruction existent alors dans ces cas. Le Conseil national de la protection de la nature a rendu un avis favorable a ces exceptions le 23 mars 2021.

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