VIDEO. Pour sauver la posidonie, une grande opération de repiquage à Antibes et à Beaulieu-sur-Mer

Un vaste programme de repiquage de la posidonie, cette herbe considérée comme "le poumon de la Méditerranée" est en cours dans les Alpes-Maritimes.

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Près de 100 hectares de posidonies sont morts au large du port du Crouton, à Antibes. Une hécatombe qui s'est produite en à peine 7 ans, entre 2011 et 2018.

Du côté de Beaulieu-sur-Mer, 37 hectares de cette herbe sous-marine ont été détruits par les ancres de ces bateaux que l'on appelle "les grandes unités", c'est-à-dire des yachts de plus de 24 mètres.

Pour se rendre compte de l'importance de cette surface détruite, 137 hectares correspondent à près de 190 terrains de football.

"Le poumon de la Méditerranée" 

La posidonie n'est pas une algue. En Méditerranée, ses herbiers produisent 14 à 20 litres d'oxygènes par m² et par jour. Il faut noter que près de la moitié de l'oxygène que nous respirons vient des océans.

On peut voir cette plante verte au fond de l'eau, souvent à quelques mètres du rivage et jusqu'à 40 mètres au large. C'est aussi un abri pour les espèces marines et une herbe indispensable à la vie aquatique.

Les ancres des bateaux arrachent, abîment et détruisent cette précieuse ressource qui devient alors de la matte morte, de couleur marron, la même couleur que celles des posidonies échouées sur nos plages.

Sauver les posidonies

Pour sauver les posidonies et remplacer les herbes détruites, un programme de repiquage a vu le jour en 2019, au large d'Antibes. Il a pris le nom de REPIC.

Ce travail s'effectue dans une ZIEM (Zone Interdite aux Engins à Moteur). La navigation et l'ancrage sont interdits sur une surface définie par des bouées.

"On cherchait une zone où tous les impacts humains étaient limités" explique Gwenaëlle Delaruelle, chargée de projets en milieu marin chez Andromède océanologique, la société à l'origine de ce projet de repiquage.

Les scientifiques d'Andromède ont pu établir une cartographie des espaces détruits par les grands yachts "à partir de relevés sonars couplés avec des plongées" détaille Gwenaëlle Delaruelle.

"On cherchait une zone où tous les impacts humains étaient limités"

Gwenaëlle Delaruelle, chargée de projets en milieu marin chez Andromède océanologique

Grâce aux plongeurs et aux scientifiques, 350 m² ont pu être replantés au large d'Antibes en 3 ans de travail.

C'est un travail de fourmi pour les plongeurs. Il leur faut descendre entre 1,5 et 4 mètres de fond pour récolter des herbes arrachées par les bateaux et les tempêtes et les repiquer dans des zones vides matérialisées par des triangles jaunes.

Ensuite, installés sur le fond de l'eau, ils piquent un à un des fragments contenant plusieurs faisceaux d'herbiers de posidonie comme le montre cette vidéo :

La réglementation a évolué en 2019 pour protéger la posidonie. La préfecture maritime de la Méditerranée a décidé d'encadrer le mouillage des unités de plus de 20 mètres.

Un arrêté cadre existe, il date du 3 juin 2019 et fixe le "cadre général" du mouillage des navires dans les eaux territoriales françaises de Méditerranée.

Des zonages très précis déterminent les zones où les fameuses "grandes unités" peuvent lâcher l'ancre. Des contrôles ont lieu régulièrement et les amendes peuvent être salées pour ceux qui ne respectent pas la règle.

D'autres zones concernées

Le repiquage est terminé à Antibes depuis l'an dernier, commence maintenant une période de surveillance. L'herbe pousse très lentement, en forme circulaire et s'étale de 1 à 10 centimètres par an.

Des relevés et des observations vont donc encore être effectuées jusqu'à l'année 2024 inclue.

Dans la rade de Beaulieu-sur-Mer une autre opération de replantage à lieu en ce moment, par 18 mètres de fond.

À quelques kilomètres de là, la rade de Villefranche-sur-Mer sera le prochain site concerné par une nouvelle opération de repiquage organisée par Andromède qui a même pour projet d'aller dans le Var.

En chiffres, le projet REPIC c'est :

  • 51 jours de mission à Antibes et Beaulieu-sur-Mer.
  • 430 heures de plongées.
  • 340 m² de surface replantée sur les deux sites.
  • 15 000 fragments qui portent près de 66 000 faisceaux d'herbiers de posidonie.

Pour le budget du programme REPIC, il faut compter 5 000€ pour 15 m² de posidonie replantée. La société est aidée par l'agence de l'eau Méditerranée-Corse, qui dépend du ministère de l'Écologie et un partenaire privé.

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