A Saint-Tropez, Golfe-Juan, ou dans le secteur de Beaulieu/Eze, le conseil régional de PACA s’est engagé en janvier dernier en faveur de l’installation de coffres de mouillage. Ils permettent aux yachts de plus de 24 mètres de ne pas endommager les posidonies, mais tous ne seront pas opérationnels cet été.
En janvier dernier, l'ancienne ministre de la mer, Annick Girardin, et la Région - représentée par son président Renaud Muselier - ont signé un accord pour "développer les mouillages écologiques, un engagement régional" indique leur site web.
"Ce sont 12 mouillages écologiques qui pourront être installés pour la saison prochaine", expliquait la Région en janvier dernier.
Alors que les prochains évènements phares de la saison azuréenne – le Festival de Cannes et le Grand Prix de Monaco - ont lancé la saison du yachtisme, la totalité de ces coffrages d’amarrages ne sera pas déployée dans les zones concernées comme initialement prévu.
Trois projets avaient été identifiés et validés lors de la venue de l'ancienne ministre de la mer en janvier :
- A Saint-Tropez, 4 à 8 coffres pour la sortie ouest du port
- A Golfe-Juan, 4 à 7 coffres
- Sur le secteur de Beaulieu/Eze, 3 à 5 coffres
Pour financer ce projet, une enveloppe de 7 millions d’euros sur 3 ans a été débloquée par la Région.
Seul le secteur Beaulieu/Eze a été équipé à temps
Sur la totalité des éléments d'amarrage en mer annoncés, seul le secteur de Beaulieu et d'Eze a été équipé dans les temps.
Ce sont 5 coffres d'amarrage qui ont été installés au large du littoral.
Ils sont destinés à accueillir des courts séjours (de 1 à 3 jours), des yachts pouvant atteindre les 50 mètres de long. Un de ces coffres d'amarrage est quant à lui dédié aux bateaux de plus de 70 mètres.
Du côté de la préfecture des Alpes-Maritimes, on explique que "ce dispositif s'intègre dans le plan de déploiement signé par la ministre et le président de la Région, en revanche il n'y aura pas d'argent public (Etat ou Région) mis dans ce projet à Eze car il est porté par un opérateur privé qui assumera l'intégralité de la mise en place et de l'exploitation de ces équipements."
Une des personnes en charge de ce dossier à la mairie d'Eze fait preuve d'un peu plus de retenue lorsqu'elle aborde ce type d'équipements : "je ne vois pas comment, en pleine mer, un yacht de 70 mètres va réussir à s'amarrer", surtout qu'aucun de ces coffres d'amarrage n'est équipé de lumière ou de signalisations phosphorescente. Elle s'inquiète même de possibles collisions avec ces coffres d'amarrage à la nuit tombée.
Pas si simple
Du côté des communes, certains interlocuteurs préfèrent sourire de cette ambition écologique. Non pas qu’ils n’y adhèrent pas, mais plutôt parce que le timing n’est pas le bon.
"Il faut au moins des mois pour effectuer une étude d’impact et mettre en œuvre un tel projet" commente l’un des professionnels de la mer contacté par France 3 Côte d’Azur à la mi-mai, et qui ne décolère pas contre ce qu'il juge être un effet d'annonce.
Ce type de dossier, dont la gestion humaine est impérative, ne s’est pas fait à grand renfort d’embauches du côté des communes concernées.
Dans le Var, le secteur tropézien ne verra pas ses premières mises à l'eau avant l'automne prochain pour de nouveaux équipements, bien que l'ambition soit là. A terme, la capacité d'amarrage pour cette zone doit flirter avec les 80 emplacements.
En baie de Saint-Tropez, la Marine Nationale dispose déjà de ses propres coffres :
Les associations demandent plus de protection
Les herbiers de posidonie de Méditerranée sont protégés depuis juillet 1988, par arrêté. Ils sont également considérés comme habitat prioritaire par directive Natura 2000.
C'est cet angle d'attaque qu'a choisi par exemple l'association ASPONA, qui opère pour la sauvegarde de la nature et des sites de Roquebrune-Cap-Martin, Menton et de ses environs.
Dans un communiqué du 27 avril 2022, l'ASPONA a demandé aux autorités "l'extension de la zone Natura 2000 'Cap-Martin' jusqu’à la frontière monégasque, en incluant la baie de Saint-Roman".
Elle demande surtout la création d’une zone de protection forte - une ZPF - au débouché du Vallon Saint-Louis prolongée en mer jusqu’aux isobathes, entre le port de Garavan et la frontière italienne.
La réglementation liée aux ZPF impose certaines contraintes favorables à la préservation des posidonies, comme "la limitation de vitesse, l'interdiction de mouillage, interdiction de la pêche récréative en plongée" détaille l'association.
Des arrêtés en cascade
La préfecture maritime a édité une importante série d'arrêtés pour coller à cette problématique liée à la protection de la posidonie.
Ces dernières semaines :
- Cagnes-sur-Mer (06)
- Antibes (06)
- Bormes-les-Mimosas (83)
- Ramatuelle (83) ont vu les conditions de mouillage de leurs bordure littoral évoluer.
- Villefranche-sur-Mer (06) a aussi de son côté déjà règlementé le mouillage dans sa rade.
Les coordonnées des ZMEL (zone de mouillage et d'équipements légers) y sont indiquées, ces fameuses zones interdites aux embarcations motorisées ou à moteur - et qui s'étendent à 300 mètres de profondeur.
Reste à savoir si les plaisanciers respecteront l'ensemble de ces règles. En cas contraire, ils s'exposeraient à des amendes pouvant aller en théorie jusqu'à 150.000 euros d'amende et un an d'emprisonnement.
L'été dernier, les forces de l'ordre avaient dressé environ 600 amendes.