Mauvaise nouvelle pour les amateurs de shopping alternatif et de bien-être : le village des talents créatifs, situé au cœur de la zone commerciale de Puget-sur-Argens dans le Var, est fermée pour des raisons administratives. En cause: un défaut d'autorisation de sécurité.
C'est un coup dur, en pleine saison estivale. Depuis le 10 août dernier, le Village des talents créatifs est fermé, sur ordre de la Préfecture du Var, et suite à un arrêté pris par le mairie de Puget-sur-Argens.
Le lieu, qui se présente comme "un tiers-lieu dédié au savoir-faire français, à la médecine naturelle, à la restauration alternative et à l'économie circulaire", ne peut plus accueillir ses nombreux visiteurs, locaux ou de passage.
Normes incendies et électriques
Au cœur du problème: un défaut d'autorisation administrative de la part des services de sécurité, notamment incendie. L'établissement, qui a la particularité d'être fabriqué à partir de containers maritimes reconditionnés, n'aurait pas rempli toutes les exigences de la commission départementale de sécurité.
Ce qui a contraint la mairie à prendre cette décision, à contrecœur.
"C'est une suite logique d'un problème qui dure depuis plusieurs mois. Dès sa création en 2019, le site du village ne répondait pas à certaines normes de sécurité, notamment incendie et électriques. Nous avons enjoint à plusieurs reprises le directeur à se mettre aux normes",
Marc Misserey, Délégué aux ERP (Etablissement Recevant du Public) à la mairie de Puget-sur-Argens.
"On a essayé d'y aller en douceur. Cela a duré, et la Préfecture nous a demandé de nous positionner. L'établissement était en situation défavorable depuis 589 jours, donc nous n'avons pas voulu attendre qu'il y ait un accident pour prendre cet arrêté de fermeture", poursuit-t-on à la mairie.
Une décision que le "Village" a annoncé il y a deux semaines sur Facebook à sa communauté.
"Sentiment d'injustice "
Résultat : fermeture contrainte pour le centre, ses 15 commerces, ses 12 artistes, ses 5 restaurants, ses 12 thérapeutes et son musée du jouet ancien. Sans compter deux salles de formations et une salle de danse, eux aussi fermés pour l'instant.
"J'ai un vrai sentiment d'injustice. Cette décision est disproportionnée par rapport à la réalité du risque", se désole Luc Martin, le fondateur et gérant du site.
Lui assure avoir fait de nombreux travaux entre octobre 2019 et février 2020. En 2021, de nouvelles demandes d'autorisations de travaux ont été refusées. Il reconnaît cependant avoir pris du temps suite à l'ouverture d'un nouveau "restaurant terrasse", Les Cocottes, après le 1er confinement. "J'ai un peu tardé à envoyer les documents, car je voulais avoir des plans bien à jour", explique t il.
Depuis, il assure avoir rencontré à plusieurs reprises les responsables du SDIS du Var, qui suivent son dossier au Muy. "On a déposé tous les documents, donc je ne comprends pas cette décision".
Le restaurant en question a d'ailleurs publié un post Facebook, assurant que, malgré la fermeture, "Les cocottes sont vaillantes et ne se laisseront pas abattre si facilement".
Gros manque à gagner pour les commerces
En attendant, les conséquences se font déjà sentir pour les commerçants et le gérant du lieu.
"Fermer en pleine période estivale, alors que c'est les mois qui nous permettent de faire le plein et de tenir pendant la période creuse de l'hiver, c'est désolant. Je suis autant catastrophé pour les visiteurs que pour les commerçants", déplore Luc Martin.
D'autant que selon lui, son centre ne présente pas un danger imminent: "Nous sommes à ciel ouvert, en plein air, et nous ne comptons que 2000 m2 en comptant les terrasses. Même en cas d'incendie, en 2 minutes, tout le monde est dehors".
"C'est la mort du commerce"
Pour les commerçants et les restaurateurs du centre, le coup est rude. Beaucoup ne comprennent pas cette décision radicale. " C'est une aberration, c'est illogique ! C'est la mort du commerce ! " s'énerve Claire Le Gouill, qui tient une galerie d'art contemporain, L'Art de Claire.
"Dans ma situation, ça n'a pas de sens et c'est très lourd de conséquences : le mois d'août, c'est le mois où l'on réalise le chiffre d'affaires le plus important !", soupire la galériste, bien connue sur le bassin de Fréjus Saint-Raphaël.
De nombreux autres commerçants ou restaurateurs sont aussi en détresse, privés d'activité.
Nouvelle réunion le 1er septembre
Désormais, gérants et commerçants sont condamnés à attendre la décision d'une commission de sécurité exceptionnelle, qui aura lieu le 1er septembre, à la demande de la mairie, qui a tout fait pour raccourcir les délais au maximum, et ainsi minimiser la durée de cette fermeture.
Ensuite, une visite d'inspection des pompiers sur place pourra donner un avis favorable, ou non.
On espère vraiment une issue favorable. On fait tout pour. On ne veut se mettre à dos personne, ni la mairie, ni les services de l'Etat, ni les pompiers. L'essentiel, c'est qu'on rouvre le plus vite possible!
Luc Martin
En attendant la décision, le gérant a décidé de faire un geste: c'est Le village des talents créatifs qui prend en charge la perte d'exploitation de toutes les boutiques. "C'est le moins que l'on puisse faire. Car ils n'y sont pour rien, et ils en payent les lourdes conséquences".