Un piège "anti-VTT" aurait été découvert dans le Var. Un modèle identique à ceux déjà trouvés en France ces dernières années qui serait destiné à blesser les utilisateurs de deux roues en milieu naturel, à vélo et en moto.
L’accident n’a pas eu lieu, mais « il aurait pu être très grave ». Frédéric Glo a publié sur les réseaux sociaux des photos de ce que les vététistes appellent désormais un "piège".
Il l’a découvert au détour d’un chemin qu’il connaît bien. Deux fils de fer croisés et attachés de part et d’autre d’un sentier forestier, «à hauteur de poitrine». Ce dispositif ne laisse que très peu de doutes sur l’intention des auteurs.
Les fils de fer étaient tendus à hauteur de cou dans une pente un poil technique. Impossible de s’arrêter ou de voir les fils entre ombre et lumière,
Frédéric Glo, vététiste
À minima, il a été mis en place pour entraver le passage. Mais cela aurait pu se révéler très dangereux. Frédéric Glo vit et travaille à Cogolin au pied du massif des Maures.
Les sites naturels alentours, iI en connaît chaque traverse. La veille, il était déjà passé au même endroit à vélo avec un ami. Le lendemain, il s’y rend en promeneur avec sa chienne.
Selon lui : "Le plus évident est de penser que c’est pour blesser ou tuer un vététiste ou un trialiste moto ».
Il est également très étonné de la démarche, car le sentier est peu fréquenté et il n’y a pas « de conflits d’usage à priori car, encore une fois, peu de randonneurs et bonne entente avec les chasseurs locaux. Pas de voisins immédiats ».
Un phénomène inquiétant
Frédéric Glo tient pourtant à signaler l’incident sur les réseaux sociaux, car il se sait suivi par toute une communauté de pratiquants de VTT : "faites gaffe, le secteur est celui du Figaret à Cogolin." écrit-il. Dans les commentaires, une autre personne publie un « piège » similaire trouvé dans les Alpes.
Depuis deux ans, ces pièges sont de plus en plus nombreux un peu partout sur le territoire français. Des actes de malveillance peuvent avoir de terribles conséquences comme cet accident grave où un jeune vététiste, a failli perdre la vie, le 16 septembre dernier dans les Vosges.
Un collectif de vététistes avait alors écrit une lettre ouverte à la ministre des Sports et lancé une pétition qui avait recueilli près de 10.000 signatures dont celle de Julien Absalon, double champion olympique de VTT.
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La progression de ces nouvelles méthodes d’intimidation serait concomitante avec le début de la pandémie et de ses confinements à répétition. Un nombre important de néo pratiquants ont investi les massifs naturels, alors plus que jamais associés à un espace de liberté.
Ces amateurs ne sont pas toujours au fait des usages et des réglementations.
De l’autre côté, les propriétaires et les autres utilisateurs des lieux ont eu des craintes face à cette évolution de la pratique.
Une cohabitation difficile
La difficulté à faire cohabiter les promeneurs, les chasseurs, les vététistes, et les pratiquants de moto-cross, s’est exacerbée. Un problème que Frédéric Glo connaît bien ; il est cofondateur de Moutain Bikers foundation créée il y a plus de 10 ans. Le but de cette association nationale est de promouvoir la pratique du VTT de manière durable et responsable.
Cette initiative a été mise en place face au fort développement de la pratique du VTT en milieu naturel mais, surtout, face au fait que les fédérations sportives et les gestionnaires de ces sites n’ont pas voulu prendre en charge cette médiation. L’association tente de faire le lien entre les différents usagers et les responsables publiques ou privés.
Sur leur site internet, il est même possible de signaler d’éventuels problèmes.
Peu connue, il existe également une plateforme de signalement créé par l’État : Suricate.
Ce sont heureusement des faits assez rares, mais il faut systématiquement porter plainte si on rencontre un tel piège,
Yvan Grosso, représentant de Mountain Bikers Foundation Var Estérel
Yvan Grasso, représentant Var-Esterel de la fondation, expliquent que les vététistes peuvent croiser de temps en temps des entassements suspects sur leurs pistes habituelles, celles qu’ils partagent avec des randonneurs, ou celles qui sont proches des habitations et des propriétés privées.
Ce sont généralement des tas de pierres ou de morceaux de bois, et ne sont pas dangereux en soit. Mais ces « pièges » à base de fil de fer, de barbelés et de clous, peuvent se révéler extrêmement dangereux.
Au regard de la loi, ils peuvent « porter atteinte à l’intégrité physique », et la Moutain Bikers foundation conseille, de porter plainte avec photos à l’appui.
Pour faire avancer les choses, certains clubs ont développé des idées : un club vosgien a par exemple inauguré récemment le premier sentier partagé en France.
Dans les virages, il y a un côté pour les randonneurs et un autre pour les VTT.