La secrétaire d'état à l'Ecologie a prévu d'annoncer avant Noël de nouvelles règles pour sécuriser la pratique de la chasse. Si les défenseurs des animaux saluent les mesures envisagées, la fédération des chasseurs varois craint une perte d'adhérents.
9% des accidents de chasse seraient dus à l'alcool selon un rapport du Sénat. Un constat qui fait réagir le gouvernement. Avec le plan pour mieux sécuriser la chasse, ils souhaitent instaurer la même limite pour les chasseurs que celle en vigueur pour les automobilistes, soit 0.5 gramme par litre de sang.
Une mesure qui va de soi pour Michèle Durieux, du collectif animalier 06 : "On peut s'étonner que ce soit arrivé si tardivement, pour des gens qui circulent armés ça me semble tout à fait logique". Un étonnement partagé par certains sur les réseaux sociaux.
La crainte d'une perte d'adhérents
Laurent Faudon, le Président de la Fédération Départementale des chasseurs du Var est favorable à une chasse sobre, mais il tient à rappeler que "dans notre département, on a eu des accidents mortels l'année dernière et les années précédentes, à chaque fois les gendarmes sont venus et ont fait passer des alcootest. Aucune personne n'était positive !", insiste-t-il. Il considère par ailleurs que l'obligation de se soumettre à un alcootest serait exagérée.
Pour ce passionné de chasse, l'inquiétude pèse sur ce qui est vécu comme "un véritable acharnement". En effet, selon ses données, ils auraient perdu 2 % de leurs effectifs cette année et un nouveau plan gouvernemental risque selon eux de démotiver les adhérents.
"On est en train de vouloir abolir complètement la chasse en France."
Laurent Faudon, Président de la Fédération Départementale de Chasseurs du Var
A l'inverse, pour Michèle Durieux, les chasseurs bénéficient déjà d'une liberté assez grande. "Cette mesure aurait dû être prise il y a longtemps, pourquoi cet aveuglement... effectivement cela pose question", s'interroge la membre de l'association protectrice des animaux.
Dans les Alpes-Maritimes, ils sont aux portes de Nice, dans les montagnes... Même sur le littoral des oiseaux ont déjà été tirés. Finalement, il y a assez peu de zones où on sait qu'on est totalement à l'abri
estime Michèle Durieux, membre du collectif animalier 06
Si le délit d'alcoolémie est mis en place, reste à savoir qui des gendarmes ou des agents de l'Office français de la biodiversité seront chargés des contrôles. Le montant de l'amende en cas de test positif reste aussi inconnu pour le moment.
"Il faut que tout le monde tolère tout le monde et je pense que ça ira"
Ce n'est pas la seule mesure que le gouvernement envisage. Par exemple, les chasseurs pourraient n'être autorisés à tirer que si leur cible se trouve dans un angle de 30 degrés. Aussi, le plan prévoit une meilleure information des promeneurs sur les zones de chasse.
Face à ces différentes propositions, la Fédération Départementale des Chasseurs du Var compte attendre de voir l'évolution des débats avant toute réaction.
"J'ai eu un entretien avec le président de la fédération national et je lui ai dit ce que je pensais", fustige le Président de la Fédération départementale, "Je ne suis pas contre les promeneurs, souvent quand ils se promènent, ils vont sur des terrains privés. Alors, oui, ils sont tolérés. Nous, nous sommes gentils, on tolère beaucoup de choses. À un moment donné, il faut que tout le monde tolère tout le monde et je pense que ça ira", ajoute-t-il.
Jours sans chasse
D'autres mesures sont aussi en réflexion comme des jours sans chasse, par exemple. Une disposition souhaitée par le collectif animalier du 06. "Nous demandons qu'il y ait deux jours sans chasse par semaine, et que cette mesure soit prise de manière claire à l'échelle nationale afin que tous les non-chasseurs se disent que par exemple, le mercredi et le dimanche, ils peuvent se promener sans risque", explique Michèle Durieux.
Plusieurs points seront négociés d'ici aux vacances de Noël. Les mesures, elles, seront établies en fin d'année ou en début d'année prochaine.