Grâce à ces planeurs au look atypique, les forces alliées ont pu débarquer en Provence des Jeeps et des canons de 75 mm qui ont été décisifs face aux troupes allemandes.
Jour J en Provence. Le débarquement, qui devait se dérouler de manière simultanée avec celui de Normandie, a été enfin reprogrammé pour le 15 août 1944. Alors que la plus gigantesque armada jamais réunie en Méditerranée est en vue des côtes varoises, pendant qu'un déluge de bombe tombe sur les fortifications côtières de l'occupant allemand, une nuée d'avions, partis d'Italie, entame le largage de 7 000 parachutistes dans la plaine du Muy. Ils sont suivis par 450 planeurs avec à leur bord 4 000 hommes supplémentaires.
Dans la matinée, les unités aéroportées anglo-canadiennes, et surtout américaines, prennent possession du village du Mitan et de La Motte. Cette première vague de libérateurs doit contrôler l'axe de la Nationale 7 à 25 km des côtes afin d'empêcher toute contre-attaque de la Wehrmacht. Et l'objectif est accompli grâce à l'étonnante capacité des Waco, ces gros oiseaux pouvant transporter des jeeps ou des canons de 75 mm.
"Le système était super ingénieux"
Quand Jean-Michel Soldi n'est pas dans ses vignes, c'est qu'il est sur un chantier extrêmement minutieux, avec son ami Franck Duguas. "Le cockpit est quasiment achevé au niveau du bois. On va pouvoir commencer la partie cargo à l'intérieur, détaille Jean-Michel Soldi. On a quand même pas mal de pièces d'origine sur la partie cargo. Le plus dur, ça va être de faire toute la dérive, la dérive arrière". Ces fameux planeurs Waco, véritables jokers des troupes aéroportées, représentent aussi une merveille d'ingéniosité.
Le système était super ingénieux parce qu'en fait, ils rentraient le matériel lourd par l’avant et refermait le cockpit de manière à ce que les pilotes puissent s'asseoir.
Franck Duguasdans le documentaire "Provence 44"
Alors, après avoir réalisé leur chef-d'œuvre de cette maquette au 1/10e, les deux experts se sont lancés un nouveau défi : construire un Waco en grandeur réelle.
" L'an dernier, on a lancé l'idée un peu folle, ayant la structure métallique, de reconstituer la partie bois du cockpit, sourit Jean-Michel Soldi. On a eu la chance de pouvoir récupérer une micro-fiche d'usine, ce qui nous a bien aidés. La deuxième chance, c'est qu’on a pu récupérer un bois très léger car toute la structure est construite en tilleul. Un bois léger et qui nous a permis, entre autres, de pouvoir fabriquer des renforts qui sont constitués de quatre petites lamelles collées l'une à l'autre. Et le tilleul. C'est un bois qui, une fois trempé, peut se courber relativement facilement. Donc chaque lamelle a été collée, cintrée d'abord une à une, et collées ensuite les unes aux autres. Et puis, à partir de là, il a fallu greffer une à une les 455 pièces de bois qui composent le cockpit".
Des atterrissages chaotiques
Après avoir abattu plus de 1 000 heures de travail, le cockpit est achevé. Et ils envisagent maintenant de développer la reconstitution exacte de la carlingue et des ailes composées par 80 mètres carrés d'entoilage.
Cette réplique exacte va servir à raviver le souvenir de ces Wacos, qui ont dû affronter des conditions d'atterrissage souvent terriblement chaotiques.
"Dans le Sud, il n'y avait pas beaucoup de prairies comme en Normandie. Ici, ce sont des champs de vignes et sur les extrémités, pour évacuer l'eau, il y a toujours un canal d'évacuation, détaille Jean-Michel Soldi. Ce qui fait que quand le planeur glissait, même si c'était dans les vignes, c'était déjà dangereux.
Quand les roues tapaient dans le ruisseau, automatiquement ça bloquait le planeur et parfois l’appareil se relevait et se mettait à l'envers.
Jean-Michel Soldidans le documentaire "Provence 44"
Donc là, malheureusement, le personnel, même s'il était très bien attaché à l'intérieur, il y avait beaucoup, beaucoup de blessés. Et les pilotes avaient souvent des jambes cassées, des membres arrachés et puis même des morts." En ce 15 août 1944, parmi tous ces ultimes vols planés de 4 à 5 minutes stoppés net, 53 soldats ont péri.