Entourée des siens dans sa "tant aimée maison de Ramatuelle" dans le Var, Juliette Greco s'est éteinte. L'annonce a été faite ce 23 septembre par sa famille. Retour en images et en vidéos sur la carrière de la grande dame de la chanson française. Elle sera inhumée à Paris le 5 octobre.
Les obsèques de Juliette Gréco, grande dame de la chanson française décédée mercredi à l'âge de 93 ans, seront célébrées le 5 octobre à Paris. Une cérémonie se tiendra à l'Eglise Saint-Germain-des-Prés à 14H30, avant une inhumation "dans la plus stricte intimité", a précisé ce vendredi sa petite-fille, Julie-Amour
Rossini.
► France 3 consacrera une soirée spéciale à la chanteuse ce vendredi avec la diffusion d'un entretien mené par Stéphane Bern, suivi du film "Bonjour tristesse" d'Otto Preminger.Elle souhaitait une messe à St-Germain des Prés, chez elle. Sa vie a beaucoup commencé là.
Juliette Gréco est décédée ce 23 septembre à l'âge de 93 ans dans sa maison du Var après plus de 60 années d'une carrière. Une longue silhouette noire, une voix légèrement rauque, un regard toujours souligné d'un trait d'eye-liner : Juliette Gréco n'est plus de ce monde. Elle a rejoint Sartre, Queneau, Brel, Gainsbourg, Piccoli, Miles Davis, Aznavour, Ferré, Brassens au panthéon des chanteurs-compositeurs. Et tant d'autres dont elle avait croisé la route et souvent l'inspiration.
"Juliette Gréco s'est éteinte ce mercredi 23 septembre 2020 entourée des siens dans sa tant aimée maison de Ramatuelle. Sa vie fut hors du commun", a déclaré la famille pour annoncer cette disparition.
Ce jeudi matin, pas de fans ou de fleurs devant sa maison. L'endroit est assez isolé. Le maire de la commune, Roland Bruno, témoigne au micro de notre équipe :Ramatuelle était son lieu de vie, mais Paris c'est sa vie d'artiste, de jeunesse, de rencontres, de création.
C’est quelqu’un qui aimait Ramatuelle et les Ramatuellois l’aimaient. C’était quelqu’un de simple, quelqu’un de réservé qui fréquentait le village pour faire ses courses. Elle tenait à terminer sa vie dans ce village, dans cette commune.
Aznavour, Ferré, Gainsbourg, Brel...
Celle que l’on surnomme « la Muse de Saint-Germain-des-Prés » décide de se lancer dans la chanson en 1960. La légendaire interprète de "Déshabillez-moi", épouse de Gérard Jouannest, et qui partagea notamment la vie de Philippe Lemaire, Michel Piccoli et Darryl Zanuck, n'aura eu de cesse de se produire dans le monde entier.Quand le talent rencontre d'autres talents, d'autres compositeurs de génie. Juliette Gréco avait du nez. La chanteuse aura ainsi traversé les générations et collaboré pour ses albums avec des artistes aussi divers et variés que Jacques Brel, Guy Béart, Jean Ferrat, Julien Clerc ou encore Miossec. Aucune fausse note dans son immense répertoire.Elle laisse aussi le souvenir de Belphégor, un rôle pour la télévision.
Tournée d'adieux
En 2015, Juliette Gréco démarrait à l'âge de 88 ans une tournée d'adieux baptisée "Merci". L'une de ces dernières scènes fut celle du Printemps de Bourges, un concert écourté à cause d'un léger malaise. Avec un sens certain de l'auto-dérision, la chanteuse avait osé chanter "Déshabillez-moi" devant un public médusé. Un "Déshabillez-moi" qu'elle chantait encore en fêtant sur scène à Paris, début 2016, ses 89 ans, avec toujours un brin d'espièglerie :"Déshabillez-moi"... Je ne devrais pas le chanter, je sais, je sais mais je vais le faire.
"Casseuse de code"
Une icône de la chanson française qui a traversé toutes les modes, les styles... Elle a ainsi collaboré avec des artistes de la nouvelle génération : Abd Al Malik, Olivia Ruiz, Benjamin Biolay. Miossec lui avait écrit sa toute dernière chanson, "Merci", présentée en 2015, année où elle entame sa tournée d'adieux. C'était une chanteuse qui savait "dire la poésie", la chanter avec une musicalité naturelle. Avec elle, chaque mot, chaque virgule prenait tout son sens.
"Mon coup de coeur c'est évidemment la chanson "Déshabillez-moi", a commenté sur RTL la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. "Juliette Gréco fait de tout un chef d'oeuvre, elle a fait de sa vie un chef d'oeuvre et cette chanson transgressive, c'est le symbole de cette casseuse de code, de cette casseuse d'image", a-t-elle ajouté.
Gréco et la Côte d'Azur
La chanteuse avait découvert la Côte d'Azur très jeune, dans les années 50, comme le prouve cette photo prise en juillet 1951 à Nice :"Une grande séductrice"
Juliette Gréco est devenue la deuxième épouse de Michel Piccoli en 1966. "Juliette est une femme d'exception. Elle a toujours été un personnage de légende, alors je bénéficie de cette légende. (...) Quand on séduit une grande séductrice, ça vous donne une aura extraordinaire", s'est souvenu Michel Piccoli à l'Express, en 2000. Un couple glamour qui a passé sa lune de miel à Saint-Paul-de-Vence en 1966 :"Juliette, mon coeur est lourd"
"Juliette était une très grande dame de la chanson française, iconique du Paris de Saint-Germain-des-Près. C'est une merveilleuse et fabuleuse interprète qui nous quitte", a déclaré la chanteuse Mireille Mathieu.
Divorcée du comédien Philippe Lemaire, père de sa fille unique, puis de l'acteur Michel Piccoli, Juliette Gréco avait épousé en 1988 son pianiste et arrangeur Gérard Jouannest, décédé en 2018.
La nouvelle génération lui rend hommage, comme Olivia Ruiz sur son compte Instagram, qui a partagé cette photo :
"Juliette, mon coeur est lourd mais il s'allège en pensant à celui de Gérard qui frétille de te retrouver", a commenté la jeune chanteuse avant d'ajouter, "Merci mademoiselle. Pour tout".
60 ans de carrière et des centaines de chansons
Pour Juliette Gréco, la chason n'était pas un art mineur, elle disait :
► Voici ses titres les plus célèbres :C'est grave une chanson. Ca va dans les oreilles de tout le monde. Ca se promène dans la rue. Ca traverse la mer. Ca accompagne votre vie.
- "Si tu t'imagines" (1950), poème de Raymond Queneau, musique de Joseph Kosma.
- "Les feuilles mortes" (1951), paroles de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma.
- "Sous le ciel de Paris" (1951), paroles de Jean Dréjac, musique d'Hubert Giraud.
- "Je hais les dimanches" (1951), paroles de Charles Aznavour et musique de Florence Véran.
- "Il n'y a plus d'après" (1960), paroles et musique de Guy Béart.
- "Jolie Môme" (1961), paroles et musique de Léo Ferré.
- "La Javanaise" (1963), paroles et musique de Serge Gainsbourg.
- "Un petit poisson, un petit oiseau" (1966), paroles de Jean-Max Rivière et musique de Gérard Bourgeois.
- "Déshabillez-moi" (1967), paroles de Robert Nyel et musique de Gaby Verlor.
- "J'arrive" (1971), paroles de Jacques Brel et musique de Gérard Jounannest.
Les grandes dates de la muse de Saint-Germain des Près, Juliette Gréco
- 7 février 1927: Naissance à Montpellier
- 1943 : Sa mère et sa soeur, résistantes, sont déportées à Ravensbrück, d'où elle seront libérées en 1945. Elle-même est incarcérée à Fresnes une dizaine de jours, puis libérée en raison de son jeune âge.
- 1949 : Se produit sur la scène du cabaret "Le boeuf sur le toit", où elle chante des textes de Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Jacques Prévert... Rencontre Miles Davis.
- 1953 : Epouse le comédien Philippe Lemaire dont elle divorce en 1956, deux ans après la naissance de leur fille Laurence-Marie.
- 1954 : Premier passage à l'Olympia.
- 1965 : Tourne "Belphégor ou le fantôme du Louvre" pour la télévision.
- 1966 : Epouse Michel Piccoli. Ils se séparent en 1977.
- 1988 : Epouse son pianiste et arrangeur Gérard Jouannest.
- 2015 : Entame une tournée d'adieux.
- 2016 : Décès de sa fille Laurence-Marie, 62 ans, d'un cancer. Juliette Gréco est victime d'un AVC la même année.
- 2020 : Juliette Gréco décède. (Source : AFP)