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"On a peur tout le temps, c’est devenu très compliqué" : comment "Dédé", l'un des derniers pêcheurs de Saint-Tropez, résiste au milieu des yachts de luxe

Ils sont une poignée à poursuivre leur activité, comme Dédé, descendant d’une lignée de pêcheurs depuis 1740 et son fils, Pascal. "Le pêcheur de la pointe", un documentaire en immersion aux côtés de ces pêcheurs qui résistent.

Saint-Tropez, ses yachts, ses stars, ses touristes… et ses pêcheurs. Le village au clocher coloré est célèbre dans le monde entier, mais c’est un tout autre visage, loin du luxe et de l’agitation estivale, qui se dévoile dans le film de Sérine Lortat-Jacob.

Un Saint-Tropez plus authentique, plus âpre aussi, celui des derniers pêcheurs traditionnels dont les pointus continuent à braver la mer en toutes saisons.

Ils étaient une quarantaine dans les années soixante, il n’en reste que six aujourd’hui. Parmi eux, André Raggio, dit Dédé, et son fils Pascal. Chez les Raggio, on est pêcheur de père en fils depuis huit générations. A deux ans de la retraite, Pascal a décidé de former un apprenti, Antoine, un enfant du pays.

A travers le regard de ces trois hommes, de générations et de sensibilités différentes, se dessinent l’amour de la mer, la passion d’un métier exigeant et l’épineuse question de la relève.

C’est une vocation, il faut que ça plaise vraiment, parce c’est un peu un métier de fou.

Dédé

Face aux bateaux de luxe, hauts et aveugles, qui arrachent les lignes de pêche sans se soucier de rien, Dédé déploie une stratégie de résistance passive où l’humour, la mémoire et la magie du récit tiennent lieu de patrimoine inaliénable.

Langouste, rascasse, chapon, pataclet, rouget… Tout un bestiaire y passe, au rythme de la langue imagée de Dédé et des prises de Pascal et d’Antoine.

Au fil du documentaire, Dédé égrène les souvenirs, partage ses secrets de pêche ou évoque la délicate cohabitation avec les navires de plaisance. 

Maintenant, avec tous ces bateaux, tu vois jamais personne à la barre, ils ont des cabines, ils sont gros, ils te foncent dessus, tu te demandes tout le temps s’ils t’ont vu et au dernier moment, ils s’écartent. On a peur tout le temps, c’est devenu très compliqué.

Dédé

Pendant ce temps, Pascal et Antoine "calent" des filets dans la baie des Canebiers. Pascal prodigue les conseils avec bienveillance. Lui qui travaille "à l’ancienne" - point de GPS à bord – apprécie son rôle de mentor : "ça me fait du bien de t’expliquer. Maintenant que je te vois galérer, ça me remémore par quoi je suis passé" dit-il à son apprenti en pleine opération de démaillage.

Lui aussi en son temps a suivi une formation mais "le métier de la pêche, je l’ai appris avec mon père, qui l’a appris avec son père, qui lui-même l’a appris avec son père, etc … neuf fois !"

A ses côtés, Antoine travaille dur. On lui avait proposé un poste de second sur un 42 mètres "avec un salaire en or", mais il a décliné, préférant le monde de la pêche et ses contraintes "parce c’est une passion, un mode de vie qui me plaît bien".

Le jeune homme est motivé, mais pourra-t-il prendre la relève ? Son destin ouvre un questionnement de fond sur l’avenir et sur les possibilités de transmission d’un tel savoir-faire, dans un contexte de crise écologique où la fin de la pêche semble programmée.

En attendant, Dédé a toujours le nez rivé sur le ciel, l’eau et la couleur des poissons qu’il vient de pêcher. Il les trie à la main, soigneusement, comme des joyaux. Avec cette fierté du travail bien fait.

Le pêcheur de la pointe
Un film de 52 mn réalisé par Sérine Lortat-Jacob, une coproduction Dryades Films et France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Diffusion jeudi 2 février à 22h50 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.


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