Coupe d'Europe : vis ma vie de supporter avec les fans du RC Toulon lors du match face au Munster

Quelques posts, likés, partagés sur Facebook depuis l’autre bout de la France ! Et à l’arrivée un voyage avec les Bulls pour accompagner le Rugby Club de Toulon dans son 1/4 de finale de la Champions Cup face au Munster à Limerick (Irlande). Un "vis ma vie de supporter" pendant 3 jours.

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► Vis la vie - 8 - Retour en France


► Vis la vie - 7 - Le jour d'après

Encore et encore. Dans le bus qui mène vers les falaises de Moher, on refait le match. Les actions de jeu, ce contre explosif après une balle rattrapée avant la touche et le second essai irlandais. Sans compter le ralenti qui n'en finit pas sur le premier essai, fait de l'arbitre ; toutes et tous en sont certains.

Mais les faiblesses des Toulonnais, tant décriées hier, semblent avoir moins de poids aujourd'hui que les vilenies adverses : "ils tiraient le maillot... Et puis ces attaques sur des joueurs sans ballon". Avec même pour certains dans l'analyse, une pointe de cette mauvaise foi qui sied à tout bon fan dont l'objet de la passion est gêné par un accès de mal voyance : "c'est vrai que nous, on le fait pas !"


Serge Oddo, le patron des Bulls semble être passé à autre chose. "Après le dîner, j'ai joué aux cartes. C'est jamais bien de ressasser. Le lendemain on peut y revenir ; souvent de façon plus efficace et juste".


Rêverie dans la lande irlandaise


Ce dimanche de Pâques, il reprend sa casquette de patron du club de supporters des Bulls -450 membres et 70 qui ont fait le déplacement-. Le voyage continue avec la partie découverte de la région.

Bien installée dans le car spécialement affrété pour l'occasion, il est facile de me laisser aller à la rêverie. À mesure que l'on s'approche de la côte, le paysage devient plus vallonné. Et totalement pelé. Les arbres se raréfient et la taille de ceux qui résistent encore ne dépasse pas le mètre. Les murs de pierres remplacent les haies végétales et structurent l'espace. Le bus serpente dans un livre de photos.


Donner envie de revenir

Ces paysages portent dans leur chair la marque du vent omniprésent. On l'imagine sans peine sifflant, rugissant. Invité permanent. Sculptant à son gré la nature et la vie des habitants.

"Nous souhaitons avec Jean-Claude offrir aux participants la découverte d'endroits improbables. Leur donner envie de revenir par leurs propres moyens." Avec ce soin du détail, et son sens de l'organisation il dessine une carte différente des régions où évoluent les clubs britanniques les plus prestigieux.

Des plus connues comme Liverpool, Newcastle, Bath, Nottingham, Belfast, mais aussi Exeter "ou Limerick qui ne sont pas des objectifs touristiques classiques."


Nous sommes arrivés assez tôt sur les falaises, avant la foule qui se pressera en ces fêtes pascales. Impressionnantes elles sont. Autant par leur hauteur -mais la Normande que je suis y est habituée- que par leur couleur.
Ce noir est bien loin de la blancheur recherchée par les impressionnistes français dans le Pays de Caux pour célébrer leur symphonie de lumière.

Peut être ces façades abruptes face à l'océan, balayées par les bourrasques, permettent-elles de mieux entendre les chants qui enflent dans les stades et les pas scandés, virevoltants des danseurs irlandais au son des violons.

Les images qui s'imposent parlent aussi de la rudesse des lieux, de l'histoire et aident à comprendre autant la gentillesse des habitants que le "fighting spirit" de ses joueurs. Une envie de se battre qui a peut être fait la différence samedi au Thomond Park Stadium.

Chez lui, devant les siens, le club de Munster avait sans doute tout simplement davantage envie de gagner.



► Vis la vie - 6 - Les Bulls font grise mine

"C'est la faute de Serge,  il n'a pas pris option victoire à ce voyage." Les rires sont francs car on a beau être déçus, aimer le rugby c'est aussi partager les mauvais moments avec légèreté.

Commentaires au pub, noir de monde à quelques encablures du stade. Comme à la sortie des gradins au coup de sifflet final, les supporters irlandais viennent serrer les mains, tailler une bavette avec les "Frenchies".

On se congratule, on refait le match. Les langues anglaises et françaises ne sont pas super maîtrisées de chaque côté mais ce n'est pas très grave, tout le monde se comprend. Quitte à s'y mettre à plusieurs. "This match is our gift" (Ce match, c'est notre cadeau), dit Marco à deux jeunes femmes assises sur le rebord de la fenêtre.
Les Irlandais sont heureux. Sans excès, avec toute la gentillesse qui est la leur. Les rues de Limerick sont animées. Leur club a gagné et ce soir, tous les estaminets affichent complet.


Déception et incompréhension surtout

Serge est mesuré. "Je pensais pas qu'on allait perdre. La première période j'y croyais pas au vu du match mais la seconde m'a donné espoir. Surtout quand on a mené. Les changements faits par Galthié (l'entraîneur) à la mi-temps et au début de la reprise ont permis de relancer le rythme, le jeu, la marque."

D'autres avouent clairement leur déception. "On aurait jamais dû perdre ce match. Ils ont arrêté de jouer."

Entre Toulonnais, les discussions vont bon train. En attendant il faut trouver un restaurant pour le dîner. Car il y a des choses sérieuses dans la vie.
Même si le souci d'arbitrage sur le premier essai n'a pas fini d'alimenter les conversations bien au delà du dessert.


► Vis la vie - 5 - Côté toulonnais on râle


300 Français contre 25 000 dans les tribunes. Quand la houle des supporters entonnent des hymnes traditionnels, c'est toute l'Irlande séculaire qui chante. Et durant ce souffle venu du fond des âges, l'âpreté du combat mené sur la pelouse n'en est que plus éclatante.
 


La très longue délibération des arbitres sur un essai, finalement accordé aux locaux, cette intrusion de la modernité qui séquence les phases de jeu, et hache un rythme si essentiel à l'âme du rugby, semble avoir cassé l'élan des Varois. À la mi-temps, côté toulonnais on râle.

"On relance pas assez à la main. On joue trop au pied, et sur eux. On leur rend la balle"


Et quel que soit le score final,  il n'a pas fini de faire parler de lui cet essai. "Où c'est possible d'aller chercher la balle dans les pieds des joueurs du pack ?"


► Vis ma vie - 4 - Le rouge sera vainqueur


On est partis chacun de son côté pour la matinée. Direction centre ville. De petits immeubles et maisons de trois étages maximum se côtoient et les briques rouges flirtent avec des pierres grises. Limerick est une petite cité mais étendue.

Il fait doux et le soleil traverse souvent les nuages. Beaucoup de monde en ce samedi pascal. Les emplettes sont au programme pour le repas de fête de demain. Avec de belles promotions sur la viande. Dans ce pays traditionnellement très catholique, les agneaux ont à l'évidence passé un sale quart d'heure.
Être touriste dans cette ville est un plaisir. À la simple vue d'un plan déplié, les questions se bousculent "vous êtes perdus, vous voulez de l'aide ?" La gentillesse est avérée.

Mais l'événement du jour c'est le match de rugby. Et l'écharpe repérable -c'est le but-, attire les échanges ; des femmes et des hommes s'arrêtent donnent rendez vous sans malice l'après midi à l'entame du match.


Le rouge sera vainqueur



On ne fera pas d'emplettes, il est tard il faut y aller. Un taxi.  À mesure qu'on se rapproche, la foule converge. Drapeaux, kilts, tambours...

Le stade surgit au bout du boulevard qui porte son nom. Le héros, déjà c'est lui. Il est imposant, ouvert sur la rue ou presque. Pour le moment vide.

Avec les couleurs de Munster et de Toulon, une chose est certaine. Ce soir, c'est le rouge qui sera vainqueur.

► Vis ma vie - 3 -  9 heures de voyage, la tension monte (un peu)

2h à l'aéroport de Nice, 2h10 d'avion, récupération des bagages...  Fait. Orange annonce en SMS au ré allumage des smartphones que les conditions d'utilisation sont identiques en téléphonie et accès internet à celles qui sont pratiquées en France... Ce sera plus facile pour travailler et continuer à vous faire vivre cette aventure avec les Bulls. C'est vraiment bien l'Europe !

A chacun ses activités

Frais le fond de l'air chez les Irish en cette fin de journée. Il ne pleut pas mais on sent l'eau pas loin. "Demain les prévisions donnent du soleil dans la journée et grand beau à l'heure du match." Une nouvelle qui rassure : "Le temps sec, c'est bien pour nous." Un avis parfaitement partagé "ils pourront peut être développer leur jeu à la main."

Dans le fond du bus qui a démarré, ils sont cinq à taper le carton. On est parti pour 2 heures de route sur fond de belote. Marie-Thérèse prend la main.

ils pourront peut être développer leur jeu à la main

Devant, Jean-Paul et Jean-Marc regardent la fin du premier quart de finale de la Champions Cup. Les Rochelais viennent de se faire taper par les Gallois 29 à 17. "La Rochelle était  donnée vainqueur...". Mauvaise nouvelle ? "Pas tant que ça . Nous, on est donné vaincus."
C'est tout bon alors ? "Bah oui" un sourire à l'appui pour conjurer le sort. On sent que la tension monte un peu. 

La nuit tombe sur la campagne irlandaise. C'est comme mon pays le Perche (aux confins de la Normandie et de la Bretagne, c'est à dire bien loin du pays varois et du bleu persistant) presque en mieux -je ne savais pas que c'était possible. Tout aussi vert avec encore moins de monde, moins de maisons. Des kilomètres sans âme qui vive. Des lices en bois en parfait état à perte de vue en guise de clôture qui viennent délimiter des pâtures en bocage.

On sait comment cela finira

Après 9 heures de voyage, -faut souffrir pour être supporter- on arrive au lodge. Tellement irlandais. L'ambiance est heureuse et cool à la fois, chacun désireux de profiter de chaque instant ensemble. Et l'on sait comment cela finira. "Si l'on gagne on ira au pub. Mais si l'on perd... on ira au pub."



► Vis ma vie - 2 -  Rdv entre Mourillon et piscine 

Les indications du lieu de rendez-vous, reçues par mail il y a quelques jours, étaient claires. Entre l’arsenal du Mourillon et la piscine. C’est vrai que je connais cette ville depuis un paquet d’années, mais quand même. Une fois passé le stress d’avoir des souvenirs confus et de rater le départ en car, l’heure est à l’intégration.

Le groupe est reconnaissable avec le code vestimentaire et un max de doudounes noires au liseré rouge, couleurs du RCT obligent. Et puis certains ont à l’évidence un passé de joueurs. Une carrure plus appropriée pour tenir sa place en 1ère, 2e ou 3e ligne que pour revendiquer une carrière dans la section "petit rat " de l’opéra.
Quand bien même on aurait des velléités à chercher la chamaille, une silhouette à imposer calme et respect viendrait calmer les ardeurs.

Hier, un vol d’une compagnie low-cost a été annulé.


Des bonjours souriants sous le ciel gris. Un car est déjà là. "Tiens, voilà le patron". Serge, dans sa parka rouge, logo noir, salue tout le monde.
Il ressemble à sa photo de profil Facebook. Les femmes et les hommes du voyage se connaissent évidemment toutes et tous. On sent l’habitude.
Une organisation au cordeau. Un film sur une tablette, des journaux ouverts. Des conversations aussi. Une femme partage ses souvenirs personnels de coupe du monde 98 de football. Pas sectaire. Plus loin, commentaires d’actualité. Jusqu’aux contractions et soubresauts de l’histoire d’héritage dans le clan Hallyday.

C’est marrant de savoir que de nombreux groupes comme celui des Bulls convergent vers Limerick, l’Irlandaise. Ce matin, le RCT a publié sur la page officielle les dernières infos sur le staff depuis l’aéroport de Toulon-Hyères.

Pour les autres, je ne sais pas encore, mais notre équipée est homogène. L’âge moyen tourne autour de la cinquantaine. Logique en fait. D’abord parce qu’il ne faut pas avoir de minots pour partir ainsi trois jours durant le week-end pascal. Et puis, même si les tarifs sont tirés au maximum, c’est quand même une somme à débourser pour assouvir sa passion.
Tous les fans vous le diront ; à force, le poste "voyage" pèse lourd.
 

Impensable sacrilège


Je ne suis pas une spécialiste du rugby. Et aujourd’hui ma connaissance de l’ovalie s’est atténuée. Certaines règles ont changé d’ailleurs depuis que je suivais les matchs à la télévision avec mon père et ma mère.
Je m’en suis fait la remarque en préparant mon déplacement. Il y avait un côté presque religieux dans ces retrouvailles devant le petit écran. Les matchs du tournoi des 5 nations au son des commentaires de Roger Couderc et Pierre Albaladejo…

Le téléphone pouvait sonner, un voisin (nouveau et forcément néophyte) pouvait venir frapper à la porte, le temps était suspendu au sifflet de l’arbitre. Le contraire eut été sacrilège. Impensable.
Alors forcément en route aujourd’hui dans ce bus, le voyage prend des allures de pèlerinage.

Pierre Albalaldejo,  retour sur sa carrière - Reportage de 2003 :
 


► Vis ma vie - 1-  Le début de l'histoire  


Calée dans l’avion en direction de Toulon, je vais rejoindre le club des supporters des Bulls. Je les accompagne pour le 1/4 de finale qui les oppose à Limerick, dans l’ouest de l’Irlande face à Munster.

Improbable rencontre…



Tout est parti d’une insomnie. Et d’un essai d’anthologie. D’une insomnie durant laquelle je surfais sur le réseau social de Monsieur Marc Z. quand je suis tombée sur une de ces actions qui fait aimer le rugby forcément. A tout le monde.
Une action qui avait permis le 3 juillet 1994 à l’équipe de France d’aller plaquer le ballon dans l’embut des All Blacks. Menés dans ce test match, les "Frenchies" nous avaient honoré d’un mouvement de folie.



Après une mêlée ouverte, ils avaient été neuf à toucher la balle pour que Jean-Luc Sadourny puisse concrétiser et faire chavirer les coeurs. Tant de beaux gestes en quelques secondes… Visionnage en boucle à 3 heures du matin.

Et communication "partageuse" de mon enthousiasme dans la maison silencieuse. Cet essai au final avait permis aux Français de gagner -et ce n’est pas si courant face à cette machine de guerre des antipodes-. et aujourd’hui encore il est considéré sans doute dans cette capacité d’exagération du langage allégorique des sportifs comme "l’essai du siècle"

Les nuits suivantes -je suis vraiment insomniaque- grâce aux préconisations de l’algorithme Facebook je suis tombée sur Sergio, un fan de rugby.

Quelques années plus tard, à partager des posts et se croiser sur le web, il m’a proposé de rejoindre le voyage organisé pour le quart de finale de la Champions Club avec son club de supporters. J’ai toujours eu envie d’entrer dans un stade en Grande Bretagne. En fait, dans un stade irlandais ou écossais.

C’était un objectif un peu mythique. Non que je sois une fan absolue du ballon oval, mais héritage familial oblige, c’est comme une alliance parfaite. Le beurre avec les épinards ou le soleil avec la mer en été… Une évidence. Alors tant pis si je ne connais personne. Je les connaîtrai. Tant mieux parce que je ne l’ai jamais fait.

Les réseaux sociaux c’est cela aussi. Et réaliser ses rêves d’enfant, c’est essentiel.

► Retour sur la dernière victoire de 2015

► Suivez le match en LIVE :

Nombreux sont les supporters à faire le déplacement ! Les Zacrau vont nous faire vivre la rencontre avec leurs propres photos.

 

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