Des commerçants au Revest-les-Eaux dans le Var refusent de mettre en rayon des masques. Pour eux, tant que tous les professionnels "en 1e ligne"; aidants, livreurs, personnels soignants, n'auront pas été correctement pourvus, ils ne vendront pas pour ne pas être "des détrousseurs de cadavres".
Des platanes, une ambiance paisible sur la place de Revest-les-Eaux. Un village de 4 000 habitants aux portes de Toulon dans les Var. A l'entrée du bourg, l'une des deux épiceries, celle de Carole Gallardo et Claude Giardi. Dans la boutique, ne cherchez pas, vous ne trouverez pas de masques chez eux.
S'ils n'ont pas de masque à vendre entre les flacons de gel douche ou les mouchoirs jetables, ce n'est pas à cause de la pénurie que l'on connait en France depuis des semaines, mais bien par choix et surtout conviction.
"Tant que tous les professionnels "en première ligne"; aidants, livreurs, personnels soignants, n'auront pas été correctement pourvus, il ne sera pas question de mettre en rayon ces attributs !"
Claude a refusé le stock prévu par son distributeur. Il a réagi à la déclaration de Michel-Edouard Leclerc sur la vente en grande surface de masques.
"Peut-être que je vais perdre des clients et que des gens ne vont pas se retrouver dans mon discours et qu'ils vont préférer acheter en grande distribution ces masques, je peux comprendre leur démarche. Personnellement, je préfère perdre des clients et être en adéquation avec ma philosophie de vie".
Pour Claude, il apparaît impensable de "profiter" d’une situation sanitaire sans précédent, au détriment des gens qui risquent leurs vies chaque jour.
C'est sur Facebook, qu'il a d'abord poussé son "coup de gueule" :
"On est dans le déraisonnable, aujourd'hui c'est les masques et demain ça sera autre chose...
Je ne veux pas gagner de l'argent sur ce commerce, dans ces conditions. Le problème c'est que c'est une chaîne, si moi je ne gagne pas d'argent, il y a tout de même une chaîne de fabrication et de vente et d'autres personnes qui en tireront profit..."
Claude Giardi offre à ses clients des masques réalisés par des couturières locales, sert d'intermédiaire pour fournir du tissu aux petites mains qui s'activent.
Un drame personnel
Emu, il accepte aussi de dire que les masques sont pour lui aussi une souffrance personnelle. L’an dernier, le couple s'est battu pour son fils Allan, atteint d’une leucémie."Nous avons vécu un drame personnel à la maison, nous avons perdu un enfant. Nous avons vécu plus de deux ans avec des masques, avec des soignants, avec des aidants près de nous. Nous sommes allés à l'étranger, on a essayé d'aller au bout de ce qu'il était possible de faire pour notre fils unique. De voir le dévouement de certain personnel médical, nous a certainement sensibilisé...."
L'épicier ne se veut pas humaniste mais revendique des valeurs, les siennes, simplement.