Beaucoup connaissent le travail de Michel-Ange Flori. Sur Twitter et dans les médias, ses panneaux d’affichage ont souvent défrayé la chronique. Avec plusieurs procès en cours, celui qui clame haut et fort le droit à la caricature ne compte pas s'arrêter là.
"My name is Borne" et "Elisabeth, Elisabeth Borne agent de sa Majesté ", sont les nouveaux détournements de l'afficheur Michel-Ange Flori. A La Seyne-sur-Mer et à Toulon dans le Var, ces caricatures sont exposées en 4 par 3 sur certains axes routiers depuis quelques jours. Un travail réalisé avec le dessinateur et caricaturiste de presse JERC.
A l'été dernier, ce professionnel de la publicité, qui se considère désormais comme un "retraité de ce métier", n'a pas économisé ses saillies.
Il a grimé le président de la République, l'été dernier, en Adolf Hitler, après l'avoir affiché en empereur romain, en roi, ou en boxeur.
Un procès s'en est suivi, l'Elysée ayant décidé de ne pas laisser passer.
C'est encore, non sans humour, que Michel-Ange s'est penché sur ce duel judiciaire à distance.
C'est une joute judiciaire qui n'est toujours pas soldée entre le pensionnaire de l'Elysée et l'afficheur Ollioulais : "je suis passé à Toulon devant des juges que je qualifierais d’obligés, M. Macron, qui est le patron de l’exécutif, était représenté par le parquetier. Vous n’ignorez pas les liens qui régissent la Constitution judiciaire en France, c’est-à-dire que le parquet, c’est l’exécutif, donc M. Macron n’avait pas besoin d’être représenté. Lui-même, je comprends, il n’aura pas le temps, mais un avocat n’a pas fait le déplacement."
On dépose le mémoire avant le 12 juin, donc ensuite, c’est une histoire de quelques mois, on aura des nouvelles à la rentrée.
Michel-Ange FloriAfficheur à la retraite
A son actif :
- 2015, il demande la peine de mort pour les terroristes
- L'année suivante, il vise encore les terrosristes suite à l'assasinat du père Hamel, le 26 juillet 2016 à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).
- 2019, il dénigre la chaine d'information BFM. Il sera condamné et devra verser 32.000 euros au média d'informations en continu.
- 2019, cette fois, il met en cause les tirs de flashball.
Michel-Ange Flori n'a pas encore vu l'épilogue de cet épisode judiciaire. Il attend dans les prochaines semaines un rendu de décision de la cour de cassation : "le parquet a demandé 10.000 euros jusqu’à 12.000, le tribunal a délibéré assis, quasiment, et est revenu au bout de quelques minutes, rendre son délibéré à 10.000, c’est-à-dire que le poids de la défense est égal à zéro. On a fait appel immédiatement, ça a été ramené à 5000, maintenant on est en cassation. L’échéance, c’est la cour de cassation qui rendra sa décision quant au pourvoi que j’ai formé sur la condamnation injuste dont j’ai été l’objet ?"
Le droit à la caricature
"Dans toutes les démocraties, on grime les dirigeants en Pinochet, en Staline, en Lénine, en Franco, en empereur romain, ou en Hitler. Pourquoi s’offusquer de ça, on a inventé Godwin. Je trouve ça dommage de la part d’un homme de 40 ans de déposer plainte contre un citoyen français, ça n’était pas arrivé depuis le général de Gaulle […] pendant la Guerre d’Algérie" poursuit Michel-Ange Flori.
Aucune personnalité du spectre politique n'est épargné. Le duo Le Pen/Zemmour l'a inspiré...
Tout comme la pandémie, où le président Macron avait été affiché en maréchal de France, au côté de Philippe Pétain.
"Dans toutes les démocraties, on grime les dirigeants en Pinochet, en Staline, en Lénine, en Franco, en empereur romain, ou en Hitler. Pourquoi s’offusquer de ça, on a inventé un point Godwin." réclame Jean-Michel Flori pour qui la liberté d'expression est le principe fondamentale de nos démocraties.
Plusieurs procès en cours
En plus d'Emmanuel Macron, Michel-Ange Flori a été attaqué en justice par la principale chaine d'informations en continu.
"J’ai eu un procès par BFM, contre lequel je m’étais gaussé. Vous savez, quand Groland annonce par exemple "BFM, après la canicule, licencie 150 journalistes", cela sous-entend que c’est une chaine qui vit de l’évènementiel dérangeant. De voir, à longueur de plateau les syndicats de police défiler, j’avais fait deux affiches" se remémore t-il.
"Une "les syndicats de police et BFM vous souhaite un bon enfumage 2019" et l’autre, j’avais repris une affiche de mai 1968 avec un casque de CRS sur lequel à l’époque il y avait marqué, "la police vous parle tous les soirs au 20 heures de l’ORTF", et moi j’avais remplacé l’ORTF par BFM. Donc ils m’ont fait une procédure au pénal, ça a fait plou, le parquet a requis un non-lieu. Ils ont été devant le tribunal des marques, à Marseille, où un juge a vu sa religion trompée, et m’a condamné à 32.000 euros de dommages et intérêts, en référé, en huit minutes."
Après trois ans de procédure, Michel-Ange Flori n'est pas tombé de guerre lasse : "on est toujours au combat là-dessus. Ils avaient porté leur demande à 500.000 euros, maintenant ils sont tombés à 1 euro. Cela dure depuis 3 ans. Je pense que la liberté n’a pas de prix, c’est sacré, et il faut la chérir. Quand il n’y a plus de liberté d’expression, il n’y a plus de liberté."
Quant à d'éventuelles réactions indignées, il avoue ne jamais en avoir eues : "mes clients, ils adorent ce que je fais. Beaucoup de gens aiment ce que je fais. Même ceux qui n’ont pas les mêmes opinions que je peux avoir sur un fait politique ou sur une personnalité politique. Ils me disent ‘’ tu es la pour le faire pour le dire’’, il y a des gens qui me saluent, que je n’ai jamais rencontré de ma vie, mais eux me connaissent, les réseaux sociaux ça diffuse très loin. Je suis l’Ollioulais ou le Varois qui fait ce genre de chose, professionnellement cela ne m’a jamais porté préjudice."
Reste à savoir si la justice abondera dans ce sens.
La réponse définitive ne sera pas connue avant la rentrée.