La députée des Alpes-Maritimes Christelle d’Intorni a mis en cause la gestion financière du Grand Prix automobile du Castellet par l'ancien président de son groupement d'intérêt public, Christian Estrosi. Elle pointe du doigt des factures de restaurant et d'hôtel qui, selon elle, "suscitent de vives interrogations". Christian Estrosi a annoncé le 24 février qu'il attaque Christelle d’Intorni pour diffamation.
Le feuilleton du Grand Prix de Formule 1 du Castellet se poursuit. Samedi 24 février, la députée (LR) des Alpes-Maritimes Christelle d’Intorni a mis en cause la gestion financière du Grand Prix automobile de France, dont le président n'était autre que le maire (Horizons) de Nice, Christian Estrosi. Le Grand Prix, qui s'est tenu annuellement au Castellet (Var) entre 2018 et 2020, est aujourd'hui endetté à hauteur de 33 millions d'euros.
Invitée de l'émission "L'interview à la une", diffusée sur le site de Nice-Matin ce samedi, Christelle d’Intorni a pointé du doigt des factures qui, selon elle, "suscitent de vives interrogations". L'élue avait saisi le tribunal administratif pour obtenir des éléments comptables du Grand Prix du Castellet.
La députée, également conseillère départementale des Alpes-Maritimes, mentionne "un restaurant à 850 euros un 1er juillet 2022, date d’anniversaire de Christian Estrosi", "une facture Montblanc à 10 800 euros", "plus de 9 000 euros d’hébergement en janvier 2022 à Courchevel ou encore 5 000 euros à Méribel". "Je me demande le lien entre ces factures et (...) l'évènement sportif qui a lieu dans le Var, en juillet", a-t-elle abondé.
Le soir même, Mathias Chichportich, l'avocat du maire de Nice, faisait savoir à Nice-Matin que "Christian Estrosi a pris la décision d’attaquer Christelle d’Intorni en diffamation".
"Intention de nuire"
Mathias Chichportich affirme aussi dans les colonnes du journal que "Christelle d’Intorni met en cause M. Christian Estrosi de manière purement calomnieuse". Et il ajoute : "Christian Estrosi précise qu’il ne disposait d’aucun moyen de paiement en lien avec le Grand Prix. Il est totalement étranger à ces dépenses privées qui sont celles du Business club du Grand Prix pour ses seuls membres".
Entre sa création du Grand Prix en 2018 et sa clôture en 2020, Christian Estrosi a été le président du groupement d'intérêt public (GIP) du Grand Prix du Castellet, chargé de son administration et de son budget. En septembre 2023, le président (LR) de la métropole de Toulon, Jean-Pierre Giran, et le président (LR) du conseil départemental du Var, Jean-Louis Masson, qui ont financé le Grand Prix et siégeaient à ce titre à son conseil d'administration, avaient tous les deux refusé de participer à éponger la dette, bloquant la dissolution du GIP.
Une enquête ouverte
Les élus réclamaient que lumière soit faite sur la gestion des comptes. Ils soupçonnaient des "problèmes de rémunération de ressources humaines" et des irrégularités dans la passation de commandes publiques du GIP. Le directeur général du GIP, Eric Boullier, attribuait, lui, le déficit à la crise économique et à l'annulation du prix, en 2020, à cause de la pandémie de Covid-19.
La métropole de Nice, que préside Christian Estrosi, avait en revanche octroyé une subvention de cinq millions d'euros au GIP pour participer à régler l'ardoise. "Ces cinq millions d'euros, c'est dans notre métropole qu'on en a besoin, et non pas pour combler le passif d'un évènement sportif qui a lieu à 150 kilomètres d'ici", a lancé samedi Christelle d’Intorni.
Une enquête a été ouverte en septembre 2023 par le parquet de Marseille sur le financement du Grand Prix du Castellet, confiée à la police judiciaire de Toulon. Les conclusions de l'enquête ne sont à ce jour pas encore connues.