Dans les manifestations, sur les frontons des mairies... Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, des milliers de drapeaux bleu et jaune ont fait leur apparition dans notre quotidien. Près de Toulon, un fabricant de fanions tourne à plein régime.
Qui savait le reconnaître ? Bleu et jaune. Soyons francs, peu de Français connaissaient le drapeau ukrainien avant le 24 février. Il flotte désormais à côté du drapeau français et du drapeau européen sur le fronton de nombreuses mairies et colore les rues lors des manifestations notamment.
De cet étendard et de tous les autres drapeaux officiels, la société Macap installée à Cuers près de Toulon, s'est fait la spécialiste.
Du drapeau floqué de l'écusson du mariage princier en 2011 pour l'union du Prince Albert à la princesse Charlène, au tricolore des hommages et autres célébrations nationales, l'entreprise vieille de 55 ans en a déjà vu de toutes les couleurs.
Mais son PDG, le reconnaît, cette fois, il aurait préféré éviter les commandes actuelles aux couleurs de l'Ukraine.
Depuis une semaine, nous avons des commandes inhabituelles de la part de particuliers, de petites collectivités partout en France...
précise Laurent de Ricard, pdg de Macap.
Chaque jour, plus de 200 m² sont imprimés dans les ateliers. C'est 20% de la production actuellement.
Au-delà des 4 500 clients habituels comme les villes de Cannes, de Lyon ou du bassin toulonnais, il s'agit cette fois de villes jumelées avec un commune d'Ukraine. C'est notamment le cas de La-Seyne-sur-Mer (83) unie avec la ville de Berdiansk.
Un particulier a aussi commandé son drapeau, et ce, pour faire honneur à ses nouveaux hôtes : une famille d'Ukrainiens.
J'avoue que j'aurais préféré ne pas avoir à vendre ces drapeaux dans ces circonstances. Nous avons baissé au plus bas nos tarifs sur les modèles car le but n'est vraiment pas pour nous de faire de l'argent. Il y a une grande fierté de la part des employés de produite ces drapeaux bleu et jaune;
Laurent de Ricard.
Sensibles et fiers, les 38 salariés travaillent en ce moment des textiles venus d'Allemagne pour assurer ces commandes exceptionnelles.
Travailler ainsi est une façon pour nous de les aider... On pense à eux et on est avec eux.
Une des couturières.
Ici, les partenaires sont tous européens, "non, nous n'avions aucun marché avec la Russie ni l'Ukraine", précise le directeur.
Les banderoles publicitaires, nappes personnalisées et drapeaux officiels ont laissé la place à cette nouvelle activité où les 10 couturières et brodeuses viennent parfois ajouter des parements.
Et même si l'atelier n'a pas encore dressé de drapeau ukrainien à sa façade en bordure d'autoroute, on préfère participer en coulisses à l'élan mondial de solidarité.
La ville de Cannes fait partie des clients habituels de l'entreprise varoise. L'un des 2.000 drapeaux sortis de la fabrique varoise est fièrement dressé devant l'hôtel de ville :
Selon Laurent de Ricard, les fabricants de drapeaux sont plus présents dans le nord et dans les pays du Benelux : "il y a là-bas une autre ferveur et un grand attachement aux drapeaux. Au Pays-Bas, ce drapeau ukrainien est devenu un vrai phénomène". Nos confrères des Hauts-de-France ont fait ce constat justement dans une entreprise d'Avelin.
Deux couleurs, une ferveur
Un jaune doré surmonté d'un bleu ciel. Ces deux couleurs s'affichent partout dans les rues, sur les réseaux sociaux...
Sachez que la bande bleue représente le ciel et la bande jaune, les champs de blé dans les steppes. En effet, l'Ukraine est un très gros producteur de cette céréale.
Ces deux couleurs ont été adoptées une première fois en 1918, lors de la première indépendance du pays. L'Ukraine s'appelait alors la République populaire ukrainienne.
Après l'effondrement de l'URSS en 1991, ces couleurs ont a nouveau été choisies pour le drapeau officiel de l'Ukraine.
Elles sont depuis le 24 février devenues des symboles de liberté et de lutte pour la paix.