L'îlot artificiel est arrivé, lundi, à La Seyne-sur-Mer. Cette plateforme de 1 750 m2 posée sur un trimaran à moteur est critiquée en raison de son futur impact environnemental.
Elle est dénoncée comme étant une "aberration écologique". Canua Island, cette plage privée flottante critiquée depuis des semaines, s'est installée, lundi 22 mai, à la Seyne-sur-Mer, sur le quai Riviera Lines. Si le projet est mené à terme, 350 personnes pourront tenir sur cette plateforme de 1 750 m2 posée sur un trimaran à moteur. Elles seront acheminées par des navettes et profiteront d'un restaurant, d'un bar-lounge et d'une piscine d'eau douce.
Le navire a quitté, dimanche soir aux alentours de 19 heures, le port de La Spezia en Italie avant de prendre la direction de la France, d'après le site MarineTraffic.
Un projet dans le viseur du ministère de la Transition écologique
En avril, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, avait déjà donné sa position : "Mes services, pleinement mobilisés pour la protection de l'environnement marin, sont très attentifs à ce dossier. Ce projet suscite une circonspection à laquelle je souscris. Le gouvernement s'est clairement positionné défavorablement au développement dans la mer territoriale d'activités commerciales privées.", avait-il expliqué.
"Dans la plus belle région du monde, où le critère climat-biodiversité est une règle d’or, on doit refuser cette aberration écologique au plus vite !", avait martelé de son côté le président du conseil régional Paca Renaud Muselier.
"Il y aura forcément de la pollution"
Cette installation fait aussi réagir la présidente de l'association Syllau. "Peu importe ce qu'il se passe, l'association continuera ses actions, affirme-t-elle. Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il va se passer en-dessous de l'eau. Un îlot flottant doit quand même bien mouiller, il doit bien y avoir un coffre d'amarrage ou une ancre. Il y aura forcément de la pollution."
En lien avec Syllau, l'association Terre bleue a, elle, contacté le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires sur les questions environnementales soulevées par un tel projet. Ce dernier a répondu : "Les analyses menées indiquent que le projet ne semble pas compatible avec l'amarrage aux coffres existants et que le mouillage forain n'est pas adapté à son mode de fonctionnement et à son dimensionnement, notamment du point de vue de la protection des herbiers de posidonies".
Une île flottante illégale ?
De plus, l'entrée en vigueur de la loi n°2023-175 ne permettrait pas l'installation de Canua Island. Selon l'article 40-3 : "Parmi les îles artificielles, les installations et les ouvrages flottants, seuls ceux destinés à la production d'énergie renouvelable ou nécessaires à l'exercice d'une mission de service public peuvent être implantés sur le domaine public maritime naturel."
L'association Syllau a publié une pétition contre l'installation de cet îlot artificiel qui a recueilli plus de 7 000 signatures, lundi en fin de journée.
En mai, l'agence de communication de Canua Island avait indiqué que ce navire devait recevoir "courant mai en Italie le passage de la commission de sécurité et de conformité". Cette île est aussi une promesse de création de centaines d'emplois. Contacté par France 3 Côte d'Azure, le co-fondateur de Canua Island, a confié effectuer les finitions de son installation. Il n'a toutefois pas souhaité réagir à cette polémique. L'installation doit, à terme, venir jeter l'ancre au large de Mandelieu-la-Napoule, à 600 m de la côte.
(avec AFP)