Deux informations judiciaires ont été ouvertes pour "faire la lumière" sur les éventuelles violences commises samedi 5 janvier à Toulon par trois hommes après une manifestation de "gilets jaunes", mais aussi sur leur interpellation par un policier filmé en train de les frapper.
"J'ai décidé d'ouvrir deux informations judiciaires (...) afin de faire toute la lumière sur les violences reprochées aux prévenus et sur les conditions d'interpellation qui donnent lieu à polémique", a annoncé à la presse Bernard Marchal procureur de la République à Toulon.
Ces deux informations judiciaires, ouvertes pour "outrage, rébellion et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique", visent pour l'une un homme de 34 ans, déjà condamné pour outrage et sous contrôle judiciaire dans une affaire de viol, et pour l'autre deux frères de 47 et 51 ans. Les trois hommes devaient initialement être jugés lundi en comparution immédiate.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a elle aussi été saisie des faits, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un commandant divisionnaire, Didier Andrieux, donner plusieurs coups de poing au visage à l'homme de 34 ans, plaqué contre un mur, avant que d'autres policiers ne s'interposent.
D'autres images montrent aussi M. Andrieux frapper à coups de poings un "gilet jaune", l'un des deux frères qui devaient comparaître lundi, sur le capot d'une voiture.
"Il y a eu disproportion entre les circonstances et la réaction" du policier, a estimé lundi auprès de l'AFP l'avocate de l'homme frappé sur le capot, Anne Dunan.
La vidéo qui a été diffusée est "partielle", a quant à lui assuré le procureur : les faits, commis à deux moments différents, se sont déroulés après la manifestation, alors que "des individus voulaient prolonger la manifestation en remontant un boulevard fermé par la police avec pour intention d'agresser des policiers".
Selon les affirmations du commandant de police, qui fait partie de la promotion à la Légion d'honneur du 1er janvier 2019, l'homme qu'on le voit frapper contre un mur tenait "un tesson de bouteille dans la main", a rapporté le procureur. "Si c'est avéré cela peut démontrer une certaine proportionnalité" de sa réponse, a ajouté le magistrat, soulignant que le policier avait auparavant déjà été "pris à partie" par des manifestants.
Selon une source proche du dossier qui a confirmé une information du Parisien-Aujourd'hui en France, M. Andrieux avait déjà fait l'objet d'un avertissement pour avoir "donné un coup de poing à un collègue": "C'est une affaire connue de tous dans la police toulonnaise (...), il a eu un simple avertissement, ça avait choqué tout le monde car c'est pas normal. Mais je comprends que les chefs le protègent, car c'est un super flic, un mec toujours dispo".
- Avec AFP