Elle était déjà doyenne des Français, elle est devenue celle de l'humanité ! A 118 ans, Sœur André prend la suite de la Japonaise Kane Tanaka, mais pas de triomphalisme. Dans l'EHPAD où elle réside à Toulon, la centenaire préfère parler de sa famille et de paix.
Elle est née Lucile Randon, avant de devenir Sœur André en 1944. C'est avec émotion que la doyenne de l'humanité raconte à qui elle a emprunté ce nom. "J'avais un frère aîné, André qui m'adorait. Quand il partait à la faculté, il venait m'embrasser en dernier et quand il revenait, il m'embrassait en premier. C'était lui qui s'occupait de moi".
Du haut de ses 118 ans, Sœur André ne manque pas de souvenirs, quand il s'agit de parler de sa famille elle semble intarissable. C'est la voix encore ferme pour son grand âge, qu'elle répond aux questions.
Une vie de service
Si vous lui demandez ce que ça fait d'être reconnue comme la doyenne de l'humanité, la réponse ne se fait pas attendre : "Il ne fait pas beau d'être vieux. J'aimais m'occuper des autres, j'aimais faire danser les enfants, mais là je ne peux plus. "
Un amour des enfants qui a structuré sa vie. Elle a été gouvernante, avant d'entrer dans les ordres à 41 ans, au sein de la communauté des Filles de la Charité. Elle s'est ainsi occupée d'enfants et de personnes âgées, jusqu'à très tard. "Quand on est désœuvrée, c'est terrible", pourtant le quotidien de la sœur semble bien rempli.
Les journées sont rythmées par les heures de prières, les repas, les soins, les lectures qu'on lui fait, et aussi les nombreux courriers qui arrivent de partout dans le monde. "Même des lettres du Pérou", souligne David Tavella, le chargé de la communication de l'EHPAD, qui ne lâche pas la doyenne des yeux.
Message de paix
La sœur reste aussi connectée au monde en écoutant la radio la nuit, quand elle fait des insomnies. Après un siècle d'existence, elle en a connu des guerres, et celle en Ukraine lui fait monter les larmes aux yeux. Elle a donc un message de paix. "Que le bon dieu face que les gens s'entraident et s'aiment au lieu de se haïr."
Le secret de la source de vie éternelle
Un verre de vin le midi, un de Porto de temps à autres, on ne sait pas si c'est le secret de longévité de la sœur.
C'est le bon-dieu qui sait le secret. On dit que le travail ça vous tue, moi je dis qu'il vous fait vivre. J'ai travaillé jusqu'à mes 108 ans, pour m'occuper d'enfants et de personnes âgées.
"On a parfois des demandes un peu particulière, glisse David Tavella, certains demandent des mèches de cheveux, qui veulent faire des recherches ADN. Mais, Sœur André c'est un mystère et ça doit le rester."
Pas de secret ou alors un grand secret, on ne le saura pas. Même si Sœur André n'hésite pas à dire qu'elle souhaite mourir, elle continue de profiter de la vie.
Des courriers du monde entier
Enfant, son petit frère, "un peu voyou, mais gentil", lui gardait toujours des bonbons... Adulte, sa gourmandise ne l'a pas quittée. "Mais je n'aime pas beaucoup les confitures, prévient la doyenne, à part la cerise, la fraise et la framboise."
"Pendant trois mois, on va recevoir des pots de confiture", s'exclame immédiatement David Tavella.
Des lettres et des cadeaux, Sœur André a l'habitude d'en recevoir et a pour principe de répondre à chacune, même si elle ne peut plus lire. Son nouveau statut, pourrait encore lui faire gagner en notoriété, alors à l'EHPAD Sainte-Catherine Labouré, on se prépare à cette correspondance.
Des courriers, il pourrait encore y en avoir beaucoup, si Soeur André réussit à faire aussi bien que la française Jeanne Calment, qui avait fêté son 122 anniversaire.