Félix Mayol et son célèbre brin de muguet... Mais savez-vous en ce 1er mai qui était celui qui a donné son nom au stade de Toulon ?

A l'occasion du jour du brin de muguet, le 1er mai, parlons de celui qui en arborait un fièrement : Félix Mayol. Retour la vie du Toulonnais, star des cafés-concerts au début du XXe siècle et qui a donné son nom au fameux stade de la ville.

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Dans le Paris et la France du début du XXe siècle, avant que la Grande guerre, et ses millions de morts, ternissent l'ambiance générale, le Toulonnais Félix Mayol faisait la joie du monde du spectacle parisien. 

Durant cette période, appelée la Belle Epoque, sa houppette, si caractéristique du personnage, se trimbalait de spectacles en spectacles, et entraînait avec elle un succès retentissant.  

Mais avant de devenir une vedette de la chanson française, Félix Mayol fut un enfant puis un adolescent toulonnais, né en 1872, d'un père canonnier sur les navires et d'une mère modiste qui fabriquait des chapeaux.

Ses deux parents comédiens amateurs, Mayol fut en quelque sorte un enfant de la balle, à l'aise très rapidement pour pousser la chansonnette. Alors, il décida qu'il en vivrait, plus tard, quand il serait grand. Lorsqu'il est âgé de 10 ou 12 ans, ses parents décèdent et le laissent aux mains d'un oncle beaucoup moins sensible à la chose artistique et aux spectacles.

Tant pis pour lui. À 18 ans, il commence à chasser le cachet dans toute la France grâce à sa voix, d'abord empreinte d'un accent du sud, comment pourrait-il en être autrement pour ce minot du Var ?

"Pendant trois ans, il fait le tour de la France et souhaite se débarrasser de son accent provençal, avant d'arriver à Paris en 1895"

Luc Benito, à l'origine de l'exposition Mayol à Toulon et auteur de "Félix et moi", un documentaire sur l'artiste.

Et, par la féroce volonté du destin, c'est le jour de son arrivée à Paris, le 1er mai 1895, qu'il commence à dérouler le fil qui le relie au club de rugby de sa ville natale. Ce jour-là, une amie lui remet du muguet, conformément à la tradition, et le soir-même, la plante accrochée à la boutonnière, Félix décroche un contrat de trois ans dans une troupe du Concert parisien, une petite scène située dans le 10e arrondissement.

Désormais, c'est donc comme cela qu'il se produira, un choix guidé par un savant mélange de superstitions et de marketing. Avec sa houppette et sa plante, Félix Mayol est volontairement reconnaissable et caricaturable par les spectateurs et les journalistes de l'époque. Malin.

Et quand, après la guerre, revenu à Toulon, Mayol acceptera de financer un stade pour les rugbymen locaux, le club nommera le stade à son nom et dessinera l'emblème à son image, c'est-à-dire ornée d'un bouquet de muguet. 

Les Années folles le ringardisent

En attendant, Félix a une carrière à construire et quitte en 1900 le Concert parisien, la salle où il a débuté, pour rejoindre La Scala, la plus importante du Paris d'alors. Sa carrière finit par exploser en 1902 avec son titre le plus connu, Viens Poupoule (1932), qui le consacre comme "la plus grande vedette du moment", selon Luc Benito.

L'air du titre, que chacun peut reprendre de l'aveu de Mayol, le rend populaire et son chanteur avec lui.

Suivront d'autres succès comme Les mains des femmes.

À la ville, ce sont pourtant les hommes qu'il préfère : "il était homosexuel, il ne le cachait pas à son entourage, mais ne l'a pas révélé au public. Son orientation sexuelle lui vaudra de nombreuses railleries de la part de presse à scandale de l'époque", explique le fin connaisseur de Mayol.

Malgré les moqueries, Mayol grimpe les marches de la gloire. Comme un symbole, en 1910, l'artiste rachète le théâtre de ses débuts, le Concert parisien, qu'il renomme en Concert Mayol et fait monter des nouveaux artistes. Le succès est total. 

Si, réformé, il ne prend pas part aux combats de la Première Guerre mondiale, Félix Mayol sillonne la France pour soutenir les troupes. Ce qui semble marcher au regard des nombreux mots laissés par les soldats et officiers sur son carnet de route, visible à l'exposition. Les poilus sont ravis de voir la vedette mouiller le maillot et lui, continue à faire ce qu'il aime, chanter.

Nouvelle époque...

Après la guerre, la nouvelle époque qui débute, celle du music-hall et des Années folles, n'est plus la sienne. Le Toulonnais est ringardisé par les artistes dont il a participé à l'éclosion, comme Maurice Chevalier, avec qui il sera ami.

Le chanteur au muguet retourne dans sa ville natale en 1918 et commence, dès 1930, des tournées d'adieux qu'il mène à bien chaque année. Aussi, il monte à Toulon un théâtre à ciel ouvert dans l'une de ses vingt villas où viennent se produire chaque été des artistes en vogue. 

C'est en octobre 1941 qu'il tirera définitivement sa dernière révérence, après un AVC en 1938 qui l'avait laissé paralysé des deux jambes.

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