Reparti en mer en mars dernier après 18 mois de travaux, le porte-avion le Charles de Gaulle basé à Toulon et ses 1 200 hommes et femmes d'équipage vient de se positionner dans l'un des zones les plus sensibles de la planète.
Au large de la côte indienne de Goa, objet de rivalités grandissantes, le Charles de Gaulle catapulte en ce moment des Rafale dans un fracas assourdissant.
La France et l'Inde tiennent ce mois-ci, pour la 17ème fois depuis 2001, leurs exercices militaires communs. Douze bâtiments des deux marines sont engagés.
Le déploiement de l'unique porte-avions tricolore n'est pas anodin dans cette zone.
"Nous pensons pouvoir apporter plus de stabilité dans une région qui comporte énormément d'enjeux pour le commerce international. 75% du trafic à destination de l'Europe traverse l'océan Indien", déclare le contre-amiral Olivier Lebas, qui commande la mission.
Une région très instable
S'étendant de l'Asie du Sud à l'Antarctique, de l'Afrique à l'Australie, l'océan Indien prend un poids géostratégique grandissant à mesure que le centre de gravité de l'économie mondiale se déplace vers l'Asie.
L'Inde a toujours joui d'une position prédominante dans ces mers. Mais cet avantage est aujourd'hui rogné par une présence chinoise de plus en plus affirmée.
Slowed down vid here of a @MarineNationale Rafale M trapping on the Charles de Gaulle at #Varuna2019. pic.twitter.com/xP2prpfZqh
— Livefist (@livefist) 10 mai 2019
Le poids de la Chine
Les enjeux de l'océan Indien dépassent le seul commerce maritime, indique le contre-amiral Didier Maleterre, commandant des forces françaises dans cette zone maritime. Il évoque notamment les câbles internet sous-marins, les ressources halieutiques et la présence d'hydrocarbures.
Dans cette partie du monde, "la Chine n'est pas un pays agressif", note-t-il.
Avec les Nouvelles routes de la soie de la Chine de Xi Jinping, "c'est une stratégie qui se met en place et qui est avant tout économique", estime cet ex-sous-marinier. Mais des tensions sont prévisibles dans dix ou quinze ans.
Déjà, la France a suscité l'ire de Pékin lorsque la marine chinoise a intercepté début avril un navire de guerre français dans le détroit de Taïwan, que la Chine considère comme son territoire.
Paris a invoqué la "liberté de navigation".
Le collaboration entre la France et l'Inde "n'est certainement pas un partenariat qui est tourné contre tel ou tel pays de la région", assure Alexandre Ziegler, ambassadeur de France en Inde.
Au cours de cette première sortie depuis sa rénovation de mi-vie, qui l'a immobilisée un an et demi, le Charles de Gaulle a participé en mars aux opérations militaires contre le groupe État islamique en Méditerranée.
Il ira ensuite jusqu'à Singapour, avant de rentrer en France début juillet.
- Avec AFP