10 000 personnes évacuées, 1600 hectares brûlés, les habitants de Bormes-les-Mimosas, dans le Var, s'en souviendront longtemps, la nature aussi.
Il a été l’un des premiers à immortaliser cet horizon rouge par les flammes, ce paysage figé dans la cendre, une terre désertique. Spectateur d’un des plus grands incendies varois des dernières décennies.
Autant d’images que Jean Dubille, directeur d’un domaine viticole, garde en mémoire lorsqu’il arpente ces terres sinistrées. "Ici c’était un mur de 20 mètres de haut", se rappelle-t-il en passant sur son terrain, là où les flammes progressaient.
"Quand on a un mur de flammes pareil on ne peut rien faire à moins d’avoir des moyens exceptionnels à votre disposition mais même les pompiers ne peuvent essayer que de le contenir. C’est impossible d’attaquer un feu pareil" ajoute Jean Dubille."Quand on a un mur de flammes pareil on ne peut rien faire"
10 000 personnes évacuées
Un feu hors-norme qui réduit le ciel azur du Var à une gigantesque colonne de fumée. Les pompiers sont pris de vitesse, le braiser est poussé par un mistral déchaîné. 10 000 personnes évacuées. Les vacanciers se réfugient sur les plages. Aucune victime à déplorer mais des dégâts considérables.
Aujourd’hui encore les traces de l’incendie sont bien visibles par les collines de Bormes. Rasée par les flammes pour la troisième fois en quarante ans, la végétation est à bout de souffle.
"En trois fois vous avez le lessivage du sol qui se fait et au bout de trois incendies en quarante ans vous ne pouvez plus avoir de forêt"
"En trois fois vous avez le lessivage du sol qui se fait et au bout de trois incendies en quarante ans vous ne pouvez plus avoir de forêt en plus du changement climatique qui vient aggraver la situation." déplore Bruno Teissier du Cros, Ingénieur DFCI de l’Office national des forêts.
Pourtant, à quelques endroits, la forêt renait de ces cendres, une nature particulièrement fragile. "Imaginons que l’on a un feu cette année ou l’année prochaine alors là c’est dramatique parce qu’on risque de tout perdre. C’est qu’en fait toute la banque de graines naturelles qui est là va disparaitre" ajoute-t-il.
Gestes barrière
Face à ces incendies à répétition François Arrizi , le maire de Bormes-les-Mimosas, s’est décidé à créer des zones tampon. Des pare-feu naturels avec 15 hectares de parcelles qu’il veut défricher pour planter de la vigne à la place."Les premières rangées peuvent souffrir, brûler, mais après le feu ne se propage pas de rangées en rangées et ça permet aussi aux pompiers d’intervenir plus facilement sur des zones qui sont sécurisées" explique-t-il.
Mais trois ans plus tard toujours rien. Alors Jean Dubille a investi dans du matériel professionnel, deux camions et deux motopompes. Pour l’instant il n’a pas eu à s’en servir mais dès que le mistral souffle il scrute les collines de Bormes encore meurtries, trois ans après l’incendie.