D'intenses combats entre deux factions soudanaises ont obligé de nombreux pays à évacuer leurs ressortissants du Soudan. Des moyens militaires français ont pris part à ces opérations, et parmi, une frégate toulonnaise qui a mené à bien l'évacuation de près de 400 personnes.
Le Quai d'Orsay a fait savoir ce matin du 27 avril que la frégate Lorraine de la Marine nationale, dont le port d'attache est la base navale de Toulon, dans le Var, a été engagée dans les évacuations de civils avec succès.
Elle est arrivée sans encombres dans un port saoudien, de l'autre côté de la mer Rouge "à Djeddah le 26 avril 2023 en provenance de Port-Soudan, d’où elle était partie la nuit précédente" détaille le ministère des Affaires étrangères.
Cette nouvelle opération a permis d’évacuer du Soudan 398 personnes, dont 5 Français et des ressortissants de plus de 50 nationalités.
Des citoyens américains, britanniques, canadiens, mais aussi des Ethiopiens, ont été pris en charge par l'équipage. Des ressortissants de l'Union européenne ont également bénéficié de cette évacuation, des Allemands, Néerlandais, Italiens et Suédois étaient à bord.
Des membres des Nations unies ont exprimé leur gratitude à l'égard du bâtiment de surface toulonnais, comme l'Allemand Volker Perthes, le représentant spécial au Soudan du Secrétaire général de l'ONU.
Une première pour une frégate de ce type
La Marine nationale a salué l'intervention de la frégate toulonnaise, un navire de combat de dernière génération qu'elle a placé au service actif il y a seulement quelques mois. La Marine a expliqué que le navire déployé en mer Rouge, la FREMM-DA Lorraine, "a réorienté sa mission sans préavis dans le contexte de la guerre civile". La réactivité de l'équipage a permis d’évacuer en quelques heures 400 ressortissants d'un convoi de l'ONU.
La Marine nationale qualifie d'exceptionnelle cette situation, c'est en effet la "1ère évacuation de ressortissants (RESEVAC) réalisée par une frégate multimissions en opération".
Deux ministères à la manette
Le Ministère des Armées et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères coordonnent ces opérations au travers de son centre de crise et de soutien. Nommée "Sagittaire", elle a permis de mener des opérations aériennes et navales.
La France a remercié "les autorités saoudiennes et djiboutiennes pour leur aide dans cette opération d’évacuation" et fait sortir du Soudan 936 personnes dont 214 ressortissants français et ayants-droits, tout en réitérant son appel à toutes les parties à un arrêt des combats et au retour au dialogue politique.
Risque d'escalade
Sur place, la situation semble dégénérer au fil des jours alors que deux généraux de l'armée cherchent à s'approprier le pouvoir. Le journaliste Wassim Nasr de France 24, spécialiste de l'Afrique et de géopolitique, estime qu'environ 100 000 hommes armés d'artillerie, de chars et d'avions de combat sont impliqués dans ce conflit qui pourrait durablement s'installer.
Le représentant de l'OMS - l'Organisation mondiale de la santé - Saeed Abid évoque un risque biologique dans une vidéo adressée aux médias, à Khartoum.
Un laboratoire public qui abrite des souches de maladies mortelles telles que le choléra ou la polio est tombé aux mains de l'une des factions.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est quant à lui inquiété dès lundi de la présence du groupe de mercenaires russes Wagner, très actif en Afrique, qui pourrait donner une tout autre dimension à ces combats.