La subériculture, c'est l'exploitation de chênes-liège. La production mondiale, 300 000 tonnes par an, est assurée pour moitié par le Portugal. La France produit 4 000 tonnes en Corse, dans les Pyrénées-Orientales et surtout dans le Var, où la filière est relancée avec de nouveaux enjeux.
Des chênes-liège, il y en a par milliers, essentiellement dans des forêts mixtes avec des châtaigners dans le département du Var. Il faut dire que le terrain siliceux est propice. D'ailleurs, l'écorce de cet arbre, utilisée pour faire des bouchons ou pour l'isolation des maisons a des propriétés bien connues depuis l'Antiquité. Le liège servait alors à fermer les amphores ou encore pour fabriquer des articles de pêche.
Le chêne-liège est un arbre étonnant : il résiste aux incendies ( le feu n'atteint pas l'aubier, la partie vivante ), et son écorce très épaisse se regénère dans les années qui suivent son extraction.
Un secteur économique longtemps florissant dans le Var
La production subéricole dans ce département a longtemps fait vivre de nombreuses familles. Au XIXe siècle, on dénombrait 2000 bouchonniers, et chaque village ou presque avait une bouchonnerie ( il y en avait plus de 150 dans les Maures et l'Estérel). Les forêts domaniales et privées représentent une superficie totale de 50 000 hectares et dans les années 50, 800 millions de bouchons étaient ainsi produits chaque année.
Mais le plastique et la concurrence portugaise sont passés par là, ce qui a sonné le glas de l'activité.
Il y a eu ensuite des années de séchesse à partir de 2003, quelques incendies de forêt, puis un ravageur, le platypus, qui a attaqué les arbres sans oublier de nombreux vols sur des parcelles privées. Les levées de liège ont été suspendues, et l'activité réduite au minimimLe chêne-liège (Quercus Suber) est un arbre unique en son genre car son écorce, le liège, se régénère une fois extraite. Ainsi on ne coupe pas les chênes pour récolter le liège, on en prélève l'écorce au plus tôt tous les 9 ans, comme ici au Portugal https://t.co/M9mdzD1RJY
— Bernadette Arnaud (@NarudaaArnaud) July 28, 2019
La relance de la subériculture
Richard Cappara est chef du projet subériculture à l'ONF depuis 2020 et il travaille sur la redynamisation de l'activité depuis plusieurs années.Les prélèvements de liège ont recommencé ces trois dernières années avec du personnel en provenance de l'étranger. L'épidémie de Covid-19 a tout compliqué pendant une récolte qui s'effectue traditionnellement au printemps et en été.
Les déplacements étaient difficiles, la main d'oeuvre a manqué.
Et relancer l'activité, c'est fédérer les différents partenaires : les propriétaires privés, les collectivités, les deux familles qui vivent encore du liège dans le Var, mais aussi une association d'intérêt public, l'ASL Suberaie varoise, et un groupe sarde qui a une antenne dans les Alpes-Maritimes, le Group Gavino Palitta. Cette année à la mi-août dans les Maures, 20 tonnes ont été produites sur 25 hectares pour faire des bouchons. Sur le territoire du Muy, 4 autres tonnes ont été prélevées et une demi-parcelle a été remise en production.Ma mission, c'est redonner ses lettres de noblesse au chêne-liège qui est l'arbre typique des sols cristallins du département du Var. Je veux faire renaître l'exploitation qui va avec, cet arbre est notre avenir avec le réchauffement climatique, il est adapté à la sécheresse, c'est l'arbre de demain !
Les différentes étapes de la récolte
La récolte, c'est l'écorçage et l'opération est délicate. L'arbre a entre 20 et 25 ans, il ne faut pas le blesser. Impossible donc d'utiliser un outil électrique, tout se fait à la hâche pour lever ce liège "mâle". Le liège pour les bouchons (liège femelle) ne sera produit que 18 ans plus tard, au troisième écorçage !L'ONF espère faire plus d'écorçage dans les prochaines années. En croisant les doigts pour que le liège retrouve sa place d'antan, dans le département du Var.