VIDÉO. Dans le Var, chasseurs et cyclistes se partagent la forêt et cohabitent

Alors que l'on rapporte souvent les problèmes de cohabitation des chasseurs avec les autres usagers de la forêt, le village situé dans le massif de la Sainte-Baume démontre qu'une entente est possible.

C'est comme ça tous les week-ends depuis l'ouverture de la chasse il y a un mois. A Seillons-Source-d'Argens (Var), une trentaine de chasseurs se retrouvent avant le lever du jour pour préparer la battue.

L'animal traqué aujourd'hui, ce sera le sanglier.

Tous écoutent attentivement le jeune chef de battue âgé de 27 ans :

Pas de tir hasardeux. Vous identifiez bien la bête, vous ne tirez que quand vous voyez les oreilles et la queue.

Sébastien Sorgia, chef de battue

La sécurité est une obsession au sein de cette société de chasse. T-shirts orange sur le dos, panneaux de signalisation "Chasse en cours" sous le bras, les chasseurs vont se positionner dans le massif, chacun à un poste de tir dont il ne s'éloignera pas pendant la battue.

Depuis deux ans les chasseurs informent la mairie sur les endroits où ils traquent le gibier. "Tous les habitants de la commune savent qu'on est de ce côté-là. Nous, on est plus sereins dans nos têtes", explique Sébastien Sorgia.

Et les chasseurs ont décidé d'aller encore plus loin.

Une forêt partagée en deux

A Seillons-Source-d'Argens, la forêt est littéralement divisée en deux. Lorsque les chasseurs investissent le secteur à l'ouest de la route d'Esparron, le côté est reste à disposition des cyclistes et des promeneurs. Le jour suivant, c'est l'inverse.

Cette organisation est le résultat d'un long travail de négociation avec le club de VTT de la commune. Club fondé par trois amis, eux-mêmes chasseurs.

"J'ai moi-même été chef de battue pendant 12 ans", explique Eric Michel, le vice-président du club de VTT. "Ca a été un travail de longue haleine. Compliqué avec les anciens chasseurs..." 

Avant , il se disait : "La forêt est à nous !" Maintenant ça a beaucoup changé.

Jean-Michel Florens, président de la société de chasse de Seillons

Cette entente était nécessaire : l'école de VTT de Seillons compte pas moins de 180 adhérents, dont une centaine d'enfants.

Désormais, chasseurs et cyclistes coopèrent même pour l'aménagement des sentiers forestiers.

C'est ça qui est fabuleux maintenant. Les chasseurs n'ouvrent pas les sentiers pour eux, on n'ouvre pas pour nous, on travaille ensemble.

Christian Burgio, président du club de VTT

Les randonneurs, nombreux dans le massif de la Sainte-Baume, bénéficient aussi de ce système, comme nous l'explique une mère de famille en promenade avec son mari, son fils et son chien : "Je les ai entendu tirer. Avant je me posais la question de savoir si c'était dangereux, mais avec cette organisation c'est très bien ! Ce serait bien que ça existe aussi dans d'autres départements, dans d'autres régions..."

Un modèle transposable ?

En France, si les accidents de chasse sont en diminution constante au fil des ans, ils continuent à causer des morts : lors de la saison passée, 78 accidents recensés par l'Office Français de la Biodiversité ont causé la mort de six personnes.

Le modèle de cohabitation entre les chasseurs et les autres usagers de la forêt de Seillons est-il transposable à d'autres territoires ?

Si les bonnes volontés se rencontrent certainement ailleurs, une particularité a contribué à rendre les choses possibles dans la commune varoise.

Les 2000 hectares de forêt appartiennent à la municipalité. Il n'y a aucune enclave privée, aucune propriété privée dans notre zone forestière, c'est une singularité.

Stéphane Arnaud, maire (SE) de Seillons-Source-d'Argens

Ailleurs, ces enclaves privées compliquent le dialogue entre chasseurs et promeneurs. C'est pourtant le seul moyen pour que la cohabitation progresse dans les forêts.

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