En pleine course aux parrainages pour la présidentielle, le maire d'un village du Var a décidé de laisser ses administrés choisir pour lui. Il organise deux consultations citoyennes pour permettre à chacun de désigner le candidat à la présidentielle que le village parrainera.
Il voulait s’éviter les foudres de ses administrés. Il a créé un buzz national. Depuis quelques jours, le téléphone d'Olivier Hoffmann n'arrête pas de sonner.
Les journalistes de la France entière, et même de Belgique, s’intéressent à Sainte-Anastasie-sur-Issole, un petit village de la Provence verte, et à l’idée de son maire : faire voter les électeurs pour choisir le candidat à l’élection présidentielle qu’il parrainera.
"C'est mon premier mandat, explique Olivier Hoffmann. J'ai été élu sans étiquette et je ne veux pas dévoiler mon opinion politique. Or le système de parrainage est un peu vicieux, parce que mon choix sera toujours interprété comme un soutien à un candidat.
Donc la seule solution, c'est de m'exprimer au nom de mes électeurs, pour que la commune ne soit pas absente du débat,
précise le maire du village.
Deux samedis pour voter
Pour voter, il faudra se présenter à la salle polyvalente du village, le samedi 29 janvier ou le samedi 5 février, entre 8h et 13h, muni d’une carte d’électeur ou de sa carte d’identité, et d’un stylo bille, pour écrire sur un bulletin vierge le nom de son candidat.
Attention, seuls les candidats officiellement déclarés ou en passe de l'être seront éligibles. Et finalement le nom d’Emmanuel Macron devrait bien figurer sur la liste... Au total, près de 45 candidats potentiels, que le maire va devoir recenser.
Et pour assurer à ce vote citoyen une légitimité incontestable, il ne sera pris en compte que si au moins 400 électeurs y participent, soit le quart des inscrits.
Même les plus indécis iront voter
Pour le maire, c’est déjà une petite victoire, car les villageois applaudissent (presque) comme un seul homme. "A part quelques personnes qui m'ont dit que c'était de ma responsabilité de choisir, je n'ai eu que des retours positifs". D'abord sur les réseaux sociaux :
J'irai voter. Pour une fois qu'on demande l'avis des habitants,
Audrey, salariée de l'épicerie du village
Parmi les commentaires positifs, celui de Rachel Maillot. Cette villageoise estime que le maire respecte ses engagements : "il a été élu avec la promesse de nous associer au maximum de décisions. C'est ce qu'il fait".
Comment choisira-t-elle "son" candidat parmi la quarantaine déclarée ?
"Plus de 40 ? Oh purée, c'est énorme. Je me pose encore la question : soit on fait barrage aux gros bonnets, genre Zemmour. Soit je choisirai un petit parti, Jean Lassalle par exemple, parce que c'est un homme du peuple, ou Jean-Luc Mélenchon, pour sa VIe République".
C’est une bonne initiative. J’irai voter. Pour une fois qu’on demande l’avis des habitants. Ensuite on verra bien ce que ça donne. Et si ça n’est pas mon candidat qui l’emporte, ça n’est pas grave, j’aurai quand même donné ma voix,
reconnait Audrey, qui travaille à l’épicerie du village.
Et même les plus indécis s’apprêtent à glisser un bulletin dans l’urne. Comme Vanessa Dolique, présidente de l’association des parents d’élève du village. « Je pense que c’est une bonne initiative, même si pour moi c’est le flou total. Je ne vois pas de candidat qui ressort réellement, qui me plait vraiment ».
Et de conclure : « J’irai voter pour le candidat à parrainer, mais je ne suis pas sûre d’aller voter au 1er tour de l’élection présidentielle ».
La course aux parrainages doit débuter officiellement le 30 janvier. Pour se présenter à l’élection présidentielle, chaque candidat doit justifier d’au moins 500 signatures d’élus, prêts à rendre leur engagement public, comme le prévoit la loi.