La Chambre Régionale des Comptes épingle la gestion d'Avignon Tourisme. Elle déplore entre autres que seul Cheval Passion génère un résultat positif entre 2010 et 2015.
Un rapport de la Chambre régionale des comptes a été rendu public le 3 avril dernier. Le dossier de 98 pages couvre cinq ans de gestion (2010 - 2015) entre la présidence alors UMP de Marie Josée Roig et celle de la maire socialiste Cécile Helle.
Pour rappel, Avignon Tourisme est une société mixe (SEM). C'est-à-dire qu'il s'agit d'une société publique dont le capital est partagé à 55,5% pour la ville d’Avignon, 33,6% pour le Grand Avignon et le reste est détenu par la caisse des dépôts. En somme, cette société a une délégation de service public et a un fonctionnement proche d'un service municipal. Elle gère plusieurs édifices: le Palais des Papes, l'Office du tourisme, le Parc des Expositions et le Pont Saint-Bénezet.
Les magistrats ont constaté d'abord un conflit d'intérêt. Car à la tête de la société se trouve...la maire socialiste de la ville, Cécile Helle. Cette dernière a d'ailleurs démissionné du poste de direction en novembre 2017 soit trois ans et demi après sa prise de fonction. Une date qui correspond au délibéré de la Chambre Régionale des Comptes.
Concernant le tourisme. La situation financière est "globalement bonne" écrivent les magistrats. Ils notent tout de même 2,5 millions d'euros de pertes pour la gestion et la réhabilitation du Parc des Expositions.
La location est en réalité déficitaire tous les ans jusqu'en 2015. Seul "Cheval Passion" permet de dégager du positif et de sortir les finances du marasme dans lesquelles elles se trouvent.
Du côté des ressources humaines, la Chambre note plusieurs irrégularités. D'abord la durée de travail prévue des salariés est en-dessous de la durée légale.
Ensuite, entre 2010 et 2015, l'effectif a diminué de 2% mais la masse salariale a augmenté. Car de nombreuses primes et indemnités ont été versées... Des primes plutôt opaques, même si "celles-ci ont été supprimées" affirme Arnaud Pignol le nouveau directeur général.
Enfin, autre singularité observée par la Chambre. L'ancien directeur s'était fait rembourser en 2014 ses congés non pris à hauteur d’environ 12 000 euros. Quant à son prédécesseur, ses propres conditions de départ à la retraite en 2012 étaient apparues aussi comme contestables: il avait touché 150 000 euros d'indemnités de départ après 18 mois au sein de la société.
Les magistrats ont donc émis 9 recommandations, notamment d'accomplir la durée légale du travail pour tous les services et tous les salariés.
Reportage de Jean-François Giorgetti, Jérémie Hessas, Maïa Boissonnet, Philippe Beauverger, Isabelle Vochelet